La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes : histoire du rite du Mot de maçon – avant propos par Jacob de Kilwinning


à suivre dans notre Manuel de théosophie maçonnique

Avant toutes choses il convient de signaler le sémantème dans lequel s’insère la légende d’Hiram et Hiram lui même : H-R-M (comme Hermès). Ce sémantème avec d’autres comme K-R-L / G-R-L (Graal ou Gargan), A-T-L (Atlantide, Atlas) ou K-B-R (cabire) appartient à la langue de la Tradition primordiale et engendre une sorte de tourbillon sémantique ou champ gravitationnel nécessitant la plus grande prudence avant de se confronter à lui. Normalement Hiram n’appartient pas à l’histoire du Rite du mot de maçon puisqu’il n’apparait dans les rites qu’à partir de 1725 (qui ne connait qu’un rite en deux mots J et B puis éventuellement G mais pas en M.B . Alors pourquoi l’avoir introduit au risque de déstabiliser le rite pratiqué en deux grades jusque là ? Qu’est ce qui a pu pousser ses théoriciens à l’introduire ainsi dans la nouvelle maçonnerie qui se met en place et sur quelle base puisque dans la bible Hiram, le roi phénicien de Byblos n’a jamais été tué !  Nous allons tâcher « d’y voir plus clair« .


La triade Hiram, Nemrod, Tubal-Caïn.

Baalbeck et ses pierres colossales

Tubal-Caïn figure en outre le « Grand Ancêtre » des Cabires et des Phéniciens, il existe ici une filiation secrète, spirituelle, qui relie Tubal-Caïn, Nemrod et Hiram. Hiram ne fut peut-être pas originellement le roi Hiram de Tyr ni même l’architecte en chef du Temple de Salomon. Ce nom peut très bien désigner un titre désignant les descendants des Himyarites, des Colosses « rouges » proto-phéniciens, marins et bâtisseurs de cités cyclopéennes venus du royaume subarabique oublié d’Hadramaoût, considéré comme étant en possession d’un « dépôt » civilisateur qu’ils auraient pu transmettre aux Cabires des volcans anatoliens avant que ne survienne le Déluge chaldéen. Hiram ne désignerait pas une personne en particulier mais une fonction, celle des contremaîtres descendants de Tubal-Caïn et dispensateurs d’une tradition caïnïte (voir séthienne) secrète transmise de générations en générations depuis que fut fondée, sur la terre de Nod où s’étaient exilés les enfants de Caïn, la toute première cité que la Bible nommait Hénokia. Le Coran désigne par ailleurs Hiram comme le chef de la tribu de « Colonnes qui touchent le Ciel » dans la sourate 89 intitulée « l’Aube ». Cette tribu avait fondé la cite mythique d’Iram au Yemen d’où viennent en partie les phéniciens surnommés « les rouges ».

Hiram tenant une fleur de lotus.

Parmi les batisseurs du temple on va trouver les « giblim » (mot de passe dans les hauts grades) descendant des géants légendaires. Ce sont sous un autre nom les les Giborim, les « hommes puissants » mentionnés dans l’Ancien Testament, ils sont à mettre en relation avec les Giblim, habitants de la ville de Gebal, nom que les Phéniciens donnèrent à Byblos, l’une des forteresses cananéennes dans laquelle Guénon avait relevé des caractéristiques lumineuses et qui, chez les Anciens Égyptiens, était surnommée la « Terre des Dieux », la terre même où avait échoué l’arche d’Osiris. Les Giblim établis à Byblos étaient les gardiens d’un dépôt venu directement du Centre suprême. Il aurait donc pu s’agir des aïeux spirituels des com­munautés cananéennes harranites contemporaines de Nemrod. La terre de Canaan produisait du miel en abondance et les Hébreux qui la traversèrent du temps de Moïse décrivirent des villes immenses dont les remparts montaient jusqu’au ciel. On a exhumé sur le site de Baalbek, situé au nord de Beyrouth à près de 1 200 mètres d’altitude un temple qui fut dédié semble-t-il à Jupiter et qui fut construit à partir de pierres taillées aux dimensions colossales, des blocs de plus de 20 mètres de long et pesant jusqu’à 800 tonnes. Non loin de là se trouve la plus grande pierre taillée du monde érigée dans une carrière située à peine à 1 kilomètre de Baalbek et que les autochtones appellent Hajar el Gouble, ce qui signifie « la pierre du Sud ».

 Si l’on considère, en outre, que Nemrod fut le maître bâtisseur et architecte de la tour de Babel, cela indique bien qu’il (Hi-Ram) figure à de nombreux égards le chaînon manquant qui relie chronologiquement, selon l’enchaînement des cycles, Tubal-Caïn à Adoniram (Hiram-Habif), l’architecte épris de la reine de Saba.

Il y a bien plus à dire sur Hiram, le pourquoi de ce choix mais voyons à présent le rite et sa place dans le rite du Mot de maçon.

Hiram dans le rite

Le premier document datable exposant de manière détaillée la légende d’Hiram est la divulgation intitulée « Masonry dissected » de 1730. Auparavant, le manuscrit « Graham » de 1723 témoigne déjà de l’existence d’une légende présentant plusieurs points communs avec la légende d’Hiram, mais c’est alors Noé qui y tient la place centrale. Il y est notamment question d’une perte consécutive à son décès ainsi que de la tentative de ses trois fils de relever son corps.

Les constitutions d’Anderson évoquent brièvement le personnage d’Hiram dans leur version de 1723. Elles lui accordent plus d’importance dans la seconde édition, en 1738. Entre temps, en 1727, on voit apparaître dans le manuscrit Wilkinson le dialogue suivant: « La forme de la loge est un carré long. Pourquoi ? De la forme de la tombe du maître Hiram ».

Les antécédents immédiats de la légende : le Ms Graham (1726)

Les diverses hypothèses proposées jusqu’à présent sont partielles car elles ne contiennent d’ordinaire qu’un des éléments de cette légende, pour l’essentiel le meurtre du bâtisseur. On pourrait aussi, en examinant l’histoire générale de l’Angleterre depuis le XVIIe siècle, trouver d’autres meurtres injustes, et divers auteurs n’ont pas manqué d’échafauder ainsi les théories les plus diverses, et souvent les plus fantaisistes.

Un document tranche nettement, cependant, sur toutes ces sources alléguées et approximatives. Il s’agit d’un manuscrit daté du 24 octobre 1726, le Ms Graham, longtemps méconnu, et qui fut présenté et étudié pour la première fois par le célèbre chercheur anglais H. Poole, en 1937. L’apport de ce texte à la recherche des sources de la légende d’Hiram apparaît capital.

Le document se présente d’abord comme un catéchisme, en beaucoup de points comparable à ceux connus pour les années 1724-1725. Certaines des questions et des réponses qui y figurent se retrouvent en effet, presque textuellement, dans quelques-uns de ces textes, notam­ment dans un manuscrit de 1724, The Whole Institution of Masonry, et un document imprimé de 1725, The Whole Institutions of Free-Masons Opened. Ces similitudes sont importantes à souligner, car elles établissent que le Ms Graham n’est nullement un texte isolé et atypique, mais qu’il s’insère incontestablement dans un courant d’instruc­tions maçonniques reconnues et diffusées en Angleterre à cette époque. On doit enfin particulièrement noter la tonalité chrétienne fortement affirmée des explications symboliques qui y sont proposées. À la fin du catéchisme proprement dit, on nous apprend que « par tradition et aussi par référence à l’Écriture »,

« Sem, Cham et Japhet eurent à se rendre sur la tombe de leur père Noé pour essayer d’y découvrir quelque chose à son sujet qui les guiderait vers le puissant secret que détenait ce fameux prédicateur. »

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Première légende (Légende Noé)

« Ces trois hommes étaient déjà convenus que s’ils ne découvraient pas le véritable secret lui-même, la première chose qu’ils découvriraient leur tiendrait lieu de secret. Ils ne doutaient pas, mais croyaient très fermement que Dieu pouvait et voudrait révéler sa volonté, par la grâce de leur foi, de leur prière et de leur soumission ; de sorte que ce qu’ils découvriraient se révélerait aussi utile pour eux que s’ils avaient reçu le secret dès le commencement, de Dieu en personne, à la source même.

Ils parvinrent à la tombe et ne trouvèrent rien, sauf le cadavre presque entièrement corrompu. Ils saisirent un doigt qui se détacha, et ainsi de jointure en jointure, jusqu’au poignet et au coude. Alors, ils relevèrent le corps et k soutinrent en se plaçant avec lui pied contre pied, genou contre genou, poitrine contre poitrine, joue contre joue et mains dans k dos, et s’écrièrent : « Aide-nous, O Père ». Comme s’ils avaient dit : « O Père du ciel aide-nous maintenant, car notre père terrestre ne k peut pas.

Ils reposèrent ensuite le cadavre, ne sachant qu’en faire. L’un d’eux dit alors : « Il y a de la moêlle dans cet os » marrow in this bone; le second dit : « Mais c’est un os sec » ; et le troisième dit : « il pue ».(stinck)

Ils s’accordèrent alors pour donner à cela un nom qui est encore connu de la Franc-maçonnerie de nos jours. »

Seconde légende : Betsaléel

« Pendant le règne du roi Alboin naquit Betsaléel, qui fut appelé ainsi par Dieu avant même d’être conçu. Et ce saint connut par inspiration que les titres secrets et les attributs essentiels de Dieu étaient protecteurs, et il édifia en s’appuyant dessus, de sorte qu’aucun esprit malin et destructeur n’osa s’essayer à renverser l’œuvre de ses mains.

Aussi ses ouvrages devinrent si fameux, que les deux plus jeunes frères du roi Alboin, déjà nommé, voulurent être instruits par lui de sa noble manière de bâtir. Il accepta à la condition qu’ils ne la révèlent pas sans que quelqu’un soit avec eux pour composer une triple voix. Ainsi ils en firent le serment et il leur enseigna les parties théoriques et pratique de la maçonnerie ; et ils travaillèrent.

Cependant Betsaléel, sentant venir la mort, désira qu’on l’enterre dans la vallée de Josaphat et que fut gravée une épitaphe selon son mérite. Cela fut accompli par ces deux princes, et il fia inscrit ce qui suit : « Ci-gît la fleur de la maçonnerie, supérieure à beaucoup d’autres, compagnon d’un roi, et frère de deux princes. Ci-gît le cœur qui sut garder tous les secrets, la langue qui ne les a jamais révélés. »

Troisième légende : voir ici


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