L’ordre des Frères mineurs (O.F.M.) (en latin : ordo fratrum minorum), dont les membres sont couramment appelés franciscains, est un ordre religieux catholique né en Italie sous l’impulsion de saint François d’Assise en 1210. À l’imitation du Christ, les membres tentent de vivre une vie de grande pauvreté et simplicité évangélique. Insistant sur l’aspect de fraternité dans leur vie les franciscains ont choisi de s’appeler « frères ».
Quatre penseurs ont marqué l’histoire des franciscains : saint Bonaventure de Bagnoregio, Roger Bacon, Jean Duns Scot et Guillaume d’Ockham et Raymond Lulle.
La définition de l’alchimie selon Roger Bacon :
Pour cet auteur, le soufre et le mercure étaient des esprits métalliques dont le nombre varia au cours de l’histoire. Il en reconnaissait quatre: outre les deux plus importants, l’orpiment et le sel. «C’est avec ces quatre esprits que se prépare la teinture, appelée en arabe élixir et en latin fermentum, employée à opérer la transubstantiation des métaux en argent ou en or».
Nous pouvons également appeler cette «teinture»: pierre philosophale ou poudre de projection.
Il en existait de deux sortes: rouge pour teindre les métaux en or et blanche pour les teindre en argent.
Cette pierre avait, comme le métal, une nature végétale. Elle possédait la puissance germinative optimale. L’alchimiste, qui la possédait, pouvait se substituer à la terre dans laquelle le métal croissait, mais lentement, et accélérer sa croissance en «projetant» cette pierre sur le métal imparfait. Cette conception qui est la base même de l’alchimie, fut bien résumée par Roger Bacon: «Vouloir transformer une espèce en une autre, faire de l’argent avec du plomb, ou de l’or avec du cuivre, c’est aussi absurde que de prétendre créer quelque chose avec rien. Jamais les vrais alchimistes n’ont eu cette prétention. De quoi s’agit-il au fond? Il s’agit de retirer d’abord, par le moyen de l’art, d’un minerai terreux et brut, un corps métallique brillant, comme le plomb, l’étain, le cuivre, etc. Mais ce n’est là qu’un premier degré de perfection, auquel le travail du chimiste ne doit pas s’arrêter; car il faut encore chercher quelque moyen d’amener les autres métaux, qui existent toujours altérés au sein de la terre, au type le plus parfait, l’or, qui se rencontre toujours à l’état natif. L’or est parfait, parce que la nature en a achevé le travail. Il faut donc imiter la nature. Mais ici se présente une grave difficulté: la nature ne compte pas les siècles qu’elle emploie à son travail, tandis qu’une heure peut être le terme de la vie d’un homme. Il est donc important de trouver un moyen qui permette de faire en peu de temps que la nature fait dans un intervalle beaucoup plus long. C’est le moyen que les alchimistes appellent indifféremment élixir, pierre philosophale, etc. ».
Cette pierre tenait son pouvoir de ce qu’elle contenait, en rapport parfait, les principes métalliques — dont le mercure en quantité supérieure — mais aussi les éléments de l’univers. Elle était eau, terre, feu, air et quintessence, le cinquième élément de synthèse. L’alchimiste la concevait donc comme un petit univers en soi, un «miroir» du macrocosme. Voici, à ce sujet, l’opinion de Petrus Bonus: «De même que le Grand Univers a été formé de quatre éléments périssables et d’un élément impérissable appelé Quintessence, de même par la divine puissance de notre art, les quatre éléments sont indissolublement unis par le lien impérissable de la Quintessence et forment la Pierre».
Si l’alchimie était donc organisée fondamentalement, selon la vision dualiste du soufre et du mercure, il n’est pas rare cependant de voir mentionné un troisième principe qui ne fut désigné comme étant le sel, de manière définitive, qu’à partir de Paracelse. La trilogie symbolique, correspondant à l’âme, au corps et à l’esprit, fut dès lors vulgarisée alors qu’elle était admise en Occident depuis plusieurs siècles.
Ce dualisme fit qualifier la pierre philosophale de «double chose» (Rebis de res bis). Symbolisée par l’androgyne, elle était la synthèse des entités qui correspondaient respectivement au soufre et au mercure, à l’argent et à l’or, et qui constituent deux groupes:
- Or/soufre: mâle, actif, chaud, feu, sec, ferment-levain, forme, symboles majeurs: soleil, roi.
- Argent/mercure: femelle, passif, froid, eau, liquide, pâte, matière, symboles majeurs: lune, reine.
Les fresques franciscaines du monastère de Cimiez : « Cum Luce Salutem »
Cimiez :
Quand les fils de saint François d’Assise arrivent à Cimiez, sur les hauteurs de Nice en 1546 pour y demeurer, il ne s’agit pas pour eux d’une fondation nouvelle, de même qu’il ne s’agit pas d’un lieu quelconque.
Les Ligures s’étaient retranchés sur ce site, les Romains y avaient créé une cité prospère, un évêché y avait été établi vers 430, puis les invasions barbares y avaient perturbé toute vie organisée.
Au Ixe siècle, sur les ruines probables d’un temple romain, des moines bénédictins bâtissent une chapelle en dépendance de leur proche monastère et la dédie à Marie la mère de Dieu. En 1450, ils remplacent la première construction par un édifice à nef unique, voûté sur croisée d’ogives. Cent ans plus tard, cette église est abandonnée peu à peu, et les Bénédictins la cèdent à des Franciscains dont le propre couvent vient d’être détruit lors des affrontements entre les souverains Charles-Quint et François I.
Une belle vitalité anime dès lors ces Religieux entre l’étude, la liturgie et l’attention active aux malades et aux pauvres. Les pélerinages se développent considérablement.
Des constructions sont engagées qui se poursuivent jusqu’aux XVILe et XVIIIe siècle ; de nombreux novices sont accueillis, en quête de savoir religieux et profane et beaucoup se préparent à la mission lointaine. Le chant grégorien est au cœur des offices. Les Niçois leur sont fidèles. Ils avaient déjà manifesté leur attachement à leurs « frati » par les dons des trois rétables à Cimiez: la Crucifixion, la Déposition de la Croix, la Piétà, chefs-d’oeuvre du peintre niçois Louis Bréa. Nous comprenons alors l’intérêt que portent ces Religieux à l’art sacré. Ils firent recouvrir de peintures murales de larges parties du monastère, en particulier ces images singulières que le présent ouvrage nous décrit.
La suite des temps verra la Fraternité de Cimiez traverser les événements souvent douloureux de l’histoire de l’Occident. Toujours de retour après les interdits et les expulsions, et s’efforçant de garder vivant et de transmettre le message de paix et de fraternité de saint François.
La fresque représente deux églises et une tour. Dans le ciel brillent deux étoiles. Elles attestent de la canonicité des opérations métallurgiques.
La forme étoilée observable lors de certaines manipulations, pratiquées par exemple sur le sulfure d’antimoine, est-elle bien celle des Mages ? Si ce corps, utilisé par certains opératifs, entre dans la composition des matériaux du Grand Œuvre, il faut relever que la présence de l’étoile, après une purification du régule d’antimoine, ne doit pas s’amenuiser à la deuxième et à la troisième réitération, au point à la quatrième de s’effacer complètement. La logique en effet veut que plus la matière est pure, plus elle attire à elle l’esprit, et plus doit être forte la cristallisation étoilée. Eugène Canseliet le confirme d’ailleurs, à la page 200 de son Alchimie expliquée : «La purification ne doit pas être poursuivie au-delà du moment où l’image stellée apparaît fortement empreinte dans la face supérieure du brillant lingot, à la fois plane et circulaire ». Sur la fresque que nous examinons, l’étoile située à gauche étant passablement abimée, celle de droite permet toutefois de distinguer le fait qu’elle possède six branches.
Les deux étoiles de Cimiez sont donc, assurément, celles de Basile Valentin, et soulignent toutes deux l’importance du rayonnement nocturne et stellaire, dispensateur de la vertu salvatrice promise aux hommes et aux femmes de bonne volonté, répondant à l’appel de l’étoile des Mages.
Cimiez et son double : Saorge
Histoire de ce monastère, petit frère de Cimiez
Le Couvent des Franciscains Observantins Réformés ou « Récollets » a été fondé en 1633. En 1639, la commune de Saorge a mis à disposition des frères la chapelle Saint-Bernard à proximité du village pour célébrer les offices en attendant que le couvent soit construit. En 1648, pour leur permettre de construire le couvent, elle leur concéda un terrain attenant. En 1661, elle leur attribua une aide financière pour terminer l’église dédiée à Notre-Dame-des-Miracles. La construction du couvent s’acheva dans les années qui suivirent.
Les bâtiments furent restaurés entre 1760 et 1762 par le maître-maçon Calderari de Lugano qui apporta un complément de décoration à l’église et au cloître.
En , les Franciscains sont chassés par les soldats français entrés dans Saorge et qui occupent le couvent. Il fut ensuite affecté à l’Hospice communal puis rendu aux Franciscains en 1824. Ils y sont demeurés jusqu’en 1903, date de promulgation de la loi sur les congrégations. Ensuite le monument a périclité avec des affectations diverses : colonie de vacances, occupation par les soldats italiens et allemands durant la Seconde guerre mondiale. L’État a racheté le bâtiment en 1967 et l’a restauré. À la suite de ce programme, il est réoccupé entre 1969 et 1988 par des frères franciscains.
Un avant-bras tient un tamis d’où s’échappe une poussière ténue. À gauche s’élève une tour entourée d’arbres, alors qu’à droite poussent quelques arbrisseaux.
Le phylactère nous dit : SORDIDA PELLIT
Elle repousse les choses sales
Envisagée d’une façon exotérique, la phrase se révèle ambiguë. Tamis est masculin, et l’inscription latine sous le médaillon — castitas — la chasteté, féminine, de sorte que l’on a du mal à réunir l’image du tamis à celle de la chasteté!
Pour l’alchimiste, il faut prendre en considération l’avant-bras, qui se termine naturellement par la main, et qui agite le tamis afin d’éliminer les choses sales.
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