Juxta Crucem Lacrimosa et la fausse énigme de Rennes le Château


La montagne fleurie. Église Marie Madeleine de Rennes le Château.

Autour de Rennes le Château, gravitent de nombreux ecclésiastiques dont l’abbé Antoine Gélis, curé de Coustaussa, village voisin de celui de Rennes le Château, qui aura une fin tragique alors qu’il était âgé de soixante-dix ans. Il fut trouvé assassiné dans son presbytère le let novembre 1897, frappé par son meurtrier de plusieurs blessures qui lui furent infligées avec un acharnement inouï. Aucun vol d’argent ne fut constaté, mais les papiers furent fouillés. Le seul indice est un paquet de papier à cigarette de la marque Le Tzar flottant dans une mare de sang. Sur l’une des feuilles est écrit d’une main malhabile : Viva Angélina ! Qui était cette Angélina ? Impossible de le savoir et le meurtrier ne fut jamais retrouvé.

Sur d’autres décès plane également un mystère, tel celui du successeur de l’Abbé Boudet, à la cure de Rennes-les-Bains, un autre village très proche de Rennes le Château. L’abbé Rescanière, c’était son nom, fut victime d’une agression dont il sortit indemne, mais on le retrouva mort quelques jours plus tard.

Il semblerait donc que dans l’ombre de l’abbé Saunière se soit ourdie une véritable rivalité, pour ne pas dire un combat, entre plusieurs abbés et curés.  Dans quel but ? Pourquoi ? Le mystère demeure entier et c’est dans ce contexte que nous ouvrons le dossier de l‘abbé « aux millions ».


Tableau ayant servi de modèle pour la Madeleine en dessous de l’autel. Il est de facture autrichienne.

En 1885, un jeune prêtre de trente-trois ans est nommé curé desservant de la paroisse de Rennes le Château proche de Montazel, son village natal. Il y retrouve les lieux bien connus de son enfance, mais le presbytère est inhabitable. Quant à l’église, ce n’est guère mieux, elle est pratiquement en ruine et les poules nichent dans le confessionnal. Les rares tableaux pieux disparaissent sous les moisissures et leurs cadres jadis dorés se disloquent sous la sape sournoise des insectes rongeurs. L’eau des gouttières coule sur des vermiculures jaunes qui fleurissent sur les boiseries.

 

Cet ancien vicaire d’Alet-les-Bains, précédemment Curé du doyenné du Clat, héritait donc d’un logement et d’un sanctuaire en triste état, coupé du monde et déserté par les fidèles. Il du même se faire héberger chez l’habitant, contractant ainsi sa premières dette.

Deux ans plus tard en 1887, il fait démolir l’autel soutenu par deux piliers très anciens et se servira de l’un d’eux, ouvragé comme socle d’une saumâtre statue de la vierge, qu’il placera dans le petit jardin, qui est en face la porte.

Lors de cette démolition, il aurait découvert un vase contenant des pièces d’or, ceci lui permettant de poursuivre les travaux. En plus du nouvel autel dont la facture sera réglée par une dame de Coursan, non loin de Narbonne — ce qui montre que ses activités narbonnaises, lorsqu’il y fut « exilé », furent fructueuses en relations — il peut faire installer des vitraux essentiellement consacrés à Marie-Madeleine, la patronne de l’église. Cela signifie que des reliques de la sainte, trouvées dans l’ancien autel, furent incorporés dans le nouveau.

C’est l’année suivante, en 1888, que naît une profonde amitié avec l’abbé Boudet, son voisin, curé depuis seize ans de la proche paroisse de Rennes-les-Bains. Il était de quinze ans son aîné et Béranger Saunière le connaissait depuis son adolescence, époque où il fréquentait encore le petit séminaire. Ce prêtre avait publié deux ans auparavant, en 1886, La vraie Langue Celtique et le Cromlech de Rennes-les-Bains. Béranger Saunière avait dû le lire avec beaucoup d’attention et cet ouvrage fut certainement le sujet de bien des discutions entre eux. C’est probablement grâce à cette amitié que le curé de Rennes le Château fut initié à la cabale. C’est probablement aussi à ce moment qu’il découvrit le symbolisme alchimique, ce qui devait orienter l’aménagement de son église.

L’année 1891 fut pour Bérenger Saunière une période cruciale, car c’est lors de ses travaux  dans son église de Rennes-le-Château qu’il fit des découvertes importantes.

L’énigme de la stèle  

La nuit, Bérangère s’enferme dans le cimetière avec Marie Dénamaud, éventrent les tombes et  s’activent autour d’une tombe particulière. (De nombreuses plaintes sont déposées par les riverains). Il s’agit apparemment de la sépulture de Marie de Nègre d’Ables, épouse de François d’Hautpoul Marquis de Blanchefort, seigneur de Rennes-le-Château. Cette noble dame aurait disparu le 17 janvier 1781 comme l’indique l’épitaphe de sa stèle. Ce jour de l’année, 17 janvier est d’ailleurs hautement symbolique puisqu’on le retrouve régulièrement autour de l’énigme … Le 17 janvier est la fête de Ste Roseline (La ligne rose que l’on peut voir à St Sulpice). La tombe de la Marquise de Blanchefort serait composée d’une dalle (pierre en grés) et d’une stèle verticale (pierre en grés)

La stèle

Or, pour des raisons inexpliquées, non seulement Saunière aurait transporté ces deux pierres à l’extrémité opposée du cimetière, mais il se serait acharné au burin et aurait mis une énergie débordante à effacer le texte en polissant patiemment les pierres. Heureusement, un relevé fut réalisé par un auteur local, Eugène Stublein, bien avant l’arrivée de Bérenger Saunière à Rennes-le-Château en juin 1885. Par la suite, plusieurs versions furent publiées selon les auteurs.

Les relevés :

Nous disposons aujourd’hui des relevés qu’auraient effectués Ernest Cros (archéologue amateur 1862-1946) et Eugène Stublein (auteur local né à Alet) et de le SESA (Société d’Etude Scientifique de l’Aude)

Ces pierres avant d’être dégradées par Bérenger Saunière, auraient retenu l’attention d’un membre de la Société d’Étude Scientifique de l’Aude (S.E.S.A.) : Eugène Stublein. Ce serait grâce à cet auteur local que nous connaissons la reproduction des pierres qu’il aurait recopiées par la technique du frottement de crayon sur une feuille de papier et présenté dans un ouvrage intitulé « Les Pierres Gravées du Languedoc ». Cet ouvrage paru en 1884 à Limoux, est curieusement resté introuvable.

La stèle mystérieuse, clé de l’énigme ?

Ce livre de Stublein étant inconnu, certains chercheurs conclurent imprudemment que les inscriptions tombales étaient des faux modernes sans valeur. Or, un autre fait devait être pris en compte : le relevé de la stèle fut également reproduit dans un Bulletin de la Société d’Études Scientifiques de l’Aude (S.E.S.A.) t.XVII, écrit par M. Elie Tisseyre et paru en 1906 sous le titre : « Excursion du 25 juin 1905 à Rennes-Le-Château ».

« L’Église (1740) se dresse bientôt devant nous : l’intérieur est superbe avec de jolies peintures fraîches et riantes : nous cherchons à découvrir dans ce lieu quelques traces du passé, mais inutilement. Cependant, dans un petit jardin contigu à l’église, un des nôtres a reconnu dans une dalle grossièrement sculptée ou plutôt gravée un ancien vestige qui daterait du Ve siècle ; il est regrettable que cette dalle serve de marche d’escalier et soit exposée dehors à toutes les intempéries. Sa place serait bien mieux à l’intérieur de l’église et remplacerait avantageusement quelque panneau verni. »

L’excursion du 25 juin 1905 à Rennes-le-Château faite par les membres de la S.E.S.A. prouverait donc que la dalle, si elle a réellement existé, ne disparut pas lors des travaux de rénovation du cimetière qui firent scandale dans le village en 1895. Elle aurait disparu plus tardivement alors que toutes les constructions du curé étaient terminées. De plus, on peut affirmer que Saunière commença certainement la dégradation de la stèle après ce fameux 25 juin 1905.

Article en cours, à suivre dans la seconde partie : Le secret dévoilé de la stèle, pataphysique des manuscrits. Quand les oulipiens se donnent rendez vous à Rennes le château ça devient intéressant ! (le retour d’Alfred Jarry) : MORTEPEE

La tentation de Saint Antoine par Teniers dit le jeune

« Bergère pas de tentation, que Poussin Téniers gardent la clef, pax CCLXXXI par la croix et ce cheval de Dieu j’achève ce daémon de gardien à midi pommes bleues … »

En fait, les récentes recherches montrent que la stèle a été publiée pour la première fois dans ce fameux bulletin de la S.E.S.A. de 1906

L’objectif était, au travers de cet additif intégré dans le bulletin, d’attirer l’attention de quelques intellectuels et chercheurs sur cette curieuse inscription. Les autres versions qui suivirent ne seraient que des copies ou des faux. Si nous n’avons à ce jour aucune trace physique de la stèle, il n’en serait pas de même pour la dalle. Mais il n’existe aucune preuve aujourd’hui qu’il s’agit bien de la dalle de Blanchefort ! En fait, nous n’avons aujourd’hui aucune preuve que ces pierres tombales eurent une existence réelle, leur histoire étant très confuse… Une légende raconte que la pierre horizontale de Blanchefort (la dalle) aurait été trouvée par l’abbé Bigou, curé de Rennes-Le-Château à partir de 1776, près des Pontils, sur un lieu aujourd’hui célèbre dans l’affaire : le tombeau des Pontils. Il faut rappeler que l’abbé Bigou était le confesseur de Marie de Nègre d’Ables, Marquise de Blanchefort.

Cette pierre ayant disparu, il ne reste que des relevés et des reconstitutions effectués selon différentes sources. Ceci donne bien sûr des versions différentes de l’aspect de la stèle.

à suivre ici : à l’école des Oulipiens, le secret de la dalle dressée, l’épée brisée,  etc ….


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