Hénoch le maitre de justice et révélateur de la Gnose


William Blake

Tradition primordiale et Tradition initiatique

Après la grande diaspora et l’effondrement des deux dernières grandes cultures (Gréco-romaine et égyptienne) la tradition primordiale trouva refuge dans différents cénacles comme les écoles de mystères (Alexandrie) et académies philosophiques .. l’hermétisme dernière école de sagesse se transforma ensuite en « hermésisme » qui n’est que le pâle reflet de la gloire passée.

Bien avant le christianisme et le judaïsme, bien avant les Druides, les Egyptiens et les Mayas, les « grands des mystères » vécurent, travaillè­rent et enseignèrent la grande tradition primordiale. Cette grande tradi­tion a toujours existé et existera toujours, et sa mission est de transmettre à l’humanité l’éternel message des siècles. De même, depuis des temps immémoriaux, cette grande sagesse est passée par des cycles d’obscur­cissements et d’occultations qui peuvent donner l’impression qu’elle meurt ou qu’elle disparaît… Il est dit alors qu’une partie d’elle-même voyage vers une destination de la Terre, alors que l’autre moitié est « cachée dans une cave » ; c’est-à-dire qu’elle devient souterraine. Il est dit alors que « les Dieux sont morts ». Ce qui se passe en réalité, c’est que la pratique des vieux mystères meurt au fur et à mesure que les nouveaux viennent à la vie, comme toujours, pour renouveler ce qui, en vérité ne meurt jamais, parce qu’elle persiste à renaître comme le phénix de ses propres cendres… Le Kathopanishad dit : « Dans la caverne de l’homme mortel, demeure un immortel plus grand que la vie et plus subtil qu’un atome ».

A chaque nouvel âge, il y a une adaptation de la grande tradition primitive. Une transposition d’archétypes qui établit une nouvelle syn­thèse circonscrite dans l’interminable cercle de l’éternité qui nous dit : « Dans ma fin réside mon début ». Nous lisons dans le Nouveau Testament : « Personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; sinon le vin nouveau fait éclater les outres, et le vin se répandra et les outres seront perdues. Mais il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves. Quiconque boit du vin vieux n’en désire pas du nouveau, car il dit : Le vieux est meilleur ».

Plus la corruption se répand dans le monde ; plus il tombe dans les griffes du matérialisme le plus grossier, qui resserrent leur étreinte sur ce grand corps qu’est l’Humanité, plus la vérité se fait évidente, bien que l’obscurité ne la comprenne pas…

Il n’y a pas de nouvelle vérité, car, bien que les hommes passent comme les ombres, la vérité comme la lumière resplendit dans les ténè­bres. La doctrine de l’esprit reste ainsi inébranlable. « Ce qui est toujours nouveau, c’est la vérité, l’éternellement vieux ».

Dans la Bhagavad-Gîtà, Krishna déclare : « Chaque fois qu’il y a une détérioration de la rectitude et une exaltation de la perversité, j’apparais alors moi-même pour la protection du bien, pour la destruction du mal et dans le but d’établir fermement la rectitude d’âge en âge ».

 

Tradition primordiale

La possession du Graal représente la conservation intégrale de la tradition primordiale dans un centre spirituel, afin d’en assurer sa conser­vation et sa transmission d’âge en âge. Dans son livre LeRoi du Monde, René Guénon dit : « La perte du Graal, ou de quelqu’un de ses équivalents symboliques, c’est en somme, la perte de la tradition avec tout ce que celle-ci comporte ; à vrai dire, d’ailleurs, cette tradition est plus cachée que perdue, ou du moins elle ne peut être perdue que par certains centres secondaires, lorsque ceux-ci cessent d’être en relation directe avec le centre suprême. Quant à ce dernier, il garde toujours intact le dépôt de la tradi­tion, et n’est pas affecté par les changements qui surviennent dans le monde extérieur ; c’est ainsi que suivant divers pères de l’Eglise, et notam­ment saint Augustin, « le déluge n’a pu atteindre le paradis terrestre » qui est « l’habitation d’Hénoch » et « la terre des saints » et dont le sommet « touche la sphère lunaire », c’est-à-dire, se trouve au-delà du domaine du changement (identifié au « Monde sub-lunaire »), au point de communi­cation de la Terre et des Cieux. De même que le paradis terrestre a fini par être inaccessible, le centre suprême, qui est au fond la même chose, peut, au cours d’une certaine période, n’être pas manifesté extérieurement et alors on peut dire que la tradition est perdue pour l’ensemble de l’huma­nité, car elle n’est conservée que dans certains centres rigoureusement fermés, et la messe des hommes n’y participe plus d’une façon consciente et effective, contrairement à ce qui avait lieu dans « l’état originel ».

La restauration d’Hénoch

La restauration d’Hénoch implique la restauration de la gloire et de l’éclat de la tradition initiatique, dont l’avait privée l’occultation du cycle des ténè­bres et des temps nouveaux … C’est le retour à la prise de possession des états supérieurs de l’être ; l’être qui réalise en lui l’homme universel, comme point de départ pour rendre possible l’ascension au-delà des états conditionnés.

« A la fin des temps, dit Hervé Masson, Hénoch et Elie abandonne­ront leur exil, revenant pour témoigner du règne de Jésus-Christ. Le « germe initiatique » qui a été conservé au sein de quelques ordres initiatiques, servira d’appui pour préparer la restauration final du règne des justes ».

La résurrection de la tradition est symboliquement décrite dans la Genèse 1-7 : « Dieu fit le firmament et il sépara les eaux inférieures au firmament d’avec les eaux supérieures. Il en fut ainsi. 8) Dieu appela le firmament « ciel ». Il y eut un soir, il y eut un matin : deuxième jour ».

Le mot firmament désigne « ce qui est fermé ». Le firmament sym­bolise « une nouvelle fermeté » qui vient à se manifester ; son « établis­sement » signifie « la résurrection de la tradition ».

Dans l’état de chaos (Olam ha-Tohu, selon la tradition hébraïque ; monde de Samsara, selon la tradition hindoue), les eaux d’en haut et celles d’en bas étaient ensemble ; elles n’avaient pas été séparées. Dans le Coran, les « eaux d’en haut » sont appelées « mer Douce », et les « eaux d’en bas », la « mer Salée ».

Dans son ouvrage Les Symboles fondamentaux de la science sacrée, René Guénon écrit : « Le verbe, le logos, est à la fois pensée et parole. Pensée dans l’intérieur et parole dans l’extérieur, et si le monde est un effet de la parole divine proférée « à l’origine des temps », la nature entière peut être prise comme un symbole de la réalité « surnaturelle ». L’intellect divin est « le lieu de tous les possibles ». La révélation primor­diale, œuvre du verbe comme la création, s’incorpore aussi, pour ainsi dire, dans ses symboles qui se sont transmis d’âge en âge, depuis les origines de l’humanité ; et ce processus est en plus analogue dans son ordre, à la Création elle-même. La Création est l’œuvre du verbe et sa manifestation, son affirmation extérieure » ; et c’est pourquoi le monde est comme un langage divin pour ceux qui savent le comprendre. Caeli enarrant gloriam dei (Psaumes XIX,1). « Les Cieux racontent la gloire de Dieu, le firmament proclame l’œuvre de ses mains ».

« Par sa parole, le Seigneur a fait des Cieux, et toute leur armée par le souffle de sa bouche ».

« Vingt-deux sont les lettres de la Voie éternelle dans la voûte du Ciel, et le Tout-Puissant les a liées en toute chose.

Yahvé fixa 22 lettres sur sa langue et lui révéla son fondement ; il les imprégna avec de l’eau, les alluma comme un feu avec des turbulences d’ouragan ; il les éclaira avec 7 et les orienta ».

le livre d’Henoch

Le Livre d’Hénoch se réfère aux « Gardiens du ciel » : « Pourquoi avez-vous abandonné les saintes hauteurs du ciel, votre demeure éter­nelle, pour aller vous souiller avec des femmes et pourquoi avez-vous œuvré comme les fils de la terre, engendrant comme fils, des géants ? ».

Ces « Géants » sont les Nephilim (Titanoi) de la Genèse 6, 4 : « En ces jours, les géants étaient sur la terre, et ils y étaient encore lorsque les fils de Dieu vinrent trouver des filles d’hommes et eurent d’elles des enfants. Ce sont les héros d’autrefois ces hommes de renom ».

En hébreu, Hénoch (Chanvk) signifie : instructeur, initiateur, dédié, consacré, maître, et la tradition initiatique insiste qu’il fut le premier à donner un caractère décisif au rite d’initiation, et à ajouter à la pratique du culte divin, l’étude et l’application de science humaine. Il se différen­cie des six autres patriarches seulement par le fait qu’illuminé par la connaissance divine qui lui avait été accordée, il instruisit ses contempo­rains à la pratique de ces rites et à l’étude de ces sciences dans lesquelles il avait été formé. Les Babyloniens lui attribuent l’invention de l’astrolo­gie. Le livre cabalistique de Raziel dit qu’Hénoch reçut les divins mystères d’Adam… à travers la lignée directe des patriarches précédents. Les Grecs l’assimilent à Hermès et lui attribuent la construction des Pyramides.

Dans la tradition islamique, nous dit René Guénon, Seydna Idris est identifié à la fois à Hermès et à Hénoch : cette double assimilation paraît indiquer une continuité de tradition qui remonterait au-delà du sacerdoce égyptien ; celui-ci ayant dû seulement recueillir l’héritage de ce que repré­sente Hénoch, qui se rapporte manifestement à une époque antérieures.

De son côté Eliphas Levi rapporte que « La tradition attribue l’in­vention des lettres à Hénoch. C’est donc à lui que remontent les traditions consignées dans le Sepher Yetzirah, dont la rédaction, selon les rabbins, doit être attribuée au patriarche Abraham, héritier des secrets d’Hénoch et père de l’initiation en Israël. Hénoch paraît donc être le même person­nage que le Hermès Trismégiste des Égyptiens, et le célèbre Livre de Thot, entièrement couvert de hiéroglyphes et de chiffres, doit être la « Bible occulte », pleine de mystères, antérieure aux livres de Moïse, celle que Guillaume Postel désignait du nom de « genèse d’Hénoch ».

« Les légendes ne s’enracinent pas si elles ne sont pas basées sur des faits ». Selon ces légendes, il existerait deux ensembles de documents que nous pourrions appeler « livres » : un d’entre eux serait hiéroglyphique et comprendrait les « clés hiératiques » (Tawil) et l’Initiation, l’autre serait allégorique et conterait l’histoire d’une grande profanation qui a engen­dré la destruction du monde et le chaos, après le règne des géants…

Hénoch aurait passé les années de sa vie pacifique, pieuse et utile, à étudier les sciences du culte divin, à les enseigner à ses contemporains, et à instituer les rites de l’initiation, jusqu’à ce que le comportement de l’humanité atteigne un degré de décomposition et de développement tel que « toute imagination des pensées du cœur de l’homme n’était que méchanceté continuelle ». C’est alors que, en accord avec la tradition maçonnique, dégoûté par la perversité qui l’entourait, effrayé à l’idée des inévitables conséquences prévisibles, Hénoch s’est enfui jusque dans la solitude et le secret du Mont Moriah, et s’est adonné à la méditation et à la contemplation. C’est dans ce lieu, alors consacré par sa condition d’er­mite (et qui allait être plus tard de plus en plus sacralisé par les sacrifices d’Abraham, de David et de Salomon), que la Shekina ou présence sacrée est apparue devant lui (Théophanie) et lui a inspiré les instructions qui allaient préserver la sagesse des antédiluviens (la tradition primordiale) pour la postérité, quand le monde, à l’exception d’une famille, allait être détruit par le déluge imminent. Les circonstances de ce qui est arrivé à cette époque sont rassemblées dans une tradition qui forme ce qu’on a appelé « La grande légende d’Hénoch » et qui rapporte les faits suivants :

Le temple souterrain et l’arche royale

Hénoch ayant été inspiré par Le Très-Haut, et en commémoration d’une vision merveilleuse, construisit un temple souterrain dédié à Dieu. Son fils, Mathousalem, construisit l’édifice sans avoir été préalablement informé des motifs de son père. Ce temple se constituait de neuf caves en briques, situées perpendiculairement les unes en dessous des autres, et communiquant entre elles par des ouvertures disposées dans chaque voûte. Dans la langue grecque, le mot Enoch peut se décomposer en deux : ENN, qui signifie neuf (9) et OXOS, qui signifie : « qui contient ». C’est-à-dire, qui contient le neuf, chiffre sacré. Nous entrons ici sur le terrain de l’enneagramme et de ses relations avec l’homme pré-adamique ainsi qu’avec l’homme adamique, sujet qui sort du contexte présent (de même, le Dieu des Atlantes s’appelait ENN).

Hénoch fit fabriquer une plaque d’or, triangulaire, chaque côté me­surant une coudée ; il la décora avec les plus jolies pierres et incrusta la plaque dans une pierre d’agathe de même forme. Sur la plaque, il grava en caractère ineffaçable, le vrai nom de la divinité, et, la plaçant sur un piédes­tal cubique de marbre blanc, il déposa le tout dans la voûte la plus profonde. Quand cet édifice souterrain fut achevé, il fit une porte de pierre et l’attachant à un anneau de fer grâce auquel elle aurait pu être éventuel­lement hissée, il la déposa sur l’ouverture la plus élevée des arcs, et la couvrit de manière à ce que l’ouverture ne puisse jamais être découverte.

Même Hénoch n’était autorisé à pénétrer dans la crypte qu’une fois par an, et à sa mort, seuls Mathousalem et Lamed pouvaient le faire. Mais après la destruction du monde par le déluge, toute connaissance de ce temple et des trésors sacrés qu’il contenait, furent perdus ; jusqu’à ce que, bien plus tard, il fut découvert accidentellement par un autre notable de la même branche traditionnelle, qui comme Hénoch, était engagé dans la construction d’un temple à cet endroit…

à suivre prochainement dans ce livre :

à paraitre en septembre

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