La beauté de Loulan ou les derniers hyperboréens en Chine



 

C’était il y a 4 000 ans, au Xinjiang, vaste territoire situé au nord-ouest de l’actuelle Chine. A cette époque où la civilisation chinoise en était à ses balbutiements, vivait là une population aux cheveux blonds, roux ou châtains. Les hommes portaient des capes, des bottes en cuir et des chapeaux en feutre, ornés d’une plume, d’où tombaient souvent jusqu’aux épaules leurs cheveux tressés en nattes. Ils arboraient parfois des pantalons en tissu à carreaux, tandis que les femmes optaient pour des robes descendant au genou ou au mollet, taillées dans des lainages teints en rouge et bleu striés de jaune. Ils élevaient des vaches, fabriquaient des chariots à roues et cultivaient une céréale méditerranéenne alors inconnue en Asie centrale : le blé.


Depuis 1979, sur tout le pourtour du Taklamakan – immense désert de sable cerné par des chaînes de montagnes -, de très nombreuses traces de cette peuplade ont été découvertes. Des outils et objets de culte, et surtout des centaines de corps momifiés, parfaitement conservés. «Jusqu’à la découverte de ces momies, nombre d’experts chinois pensaient que les anciens habitants du Xinjiang étaient des aborigènes», souligne Han Kangxin, un anthropologue âgé de 79 ans, qui a passé trois décennies à étudier ces mystérieuses dépouilles. Or, ces éleveurs offrent des traits physiques de type «europoïde» ou «caucasien», deux termes qui désignent un ensemble de caractéristiques morphologiques communes à un vaste bassin de populations allant de l’Europe à la Corne de l’Afrique en passant par la Méditerranée et le Moyen-Orient. Qu’un peuple non asiatique ait vécu pendant des siècles sur le territoire de la Chine, à l’époque des Xia, dynastie chinoise «originelle» dont l’existence n’a jamais été prouvée, voilà qui n’a cessé de gêner Pékin, plus encore aujourd’hui qu’il y a trente ans.

aux avant postes du désert de Gobi

«Le Xinjiang fait partie de la Chine depuis les temps reculés», lit-on sur une plaque en marbre placée à l’entrée du musée archéologique d’Urumqi, la capitale du Xinjiang, où sont exposés quelques spécimens sous des sarcophages en verre. La plus remarquable des dépouilles est celle de «l’homme de Cherchen», du nom du site antique d’où on l’a exhumée. Ce barbu au nez busqué et aux cheveux gris-roux tressés, portant pantalons «écossais» et tunique bordeaux a vécu il y a 2 800 ans. «La beauté de Loulan», morte à 45 ans, a un millénaire de plus, mais une peau parcheminée brune et un profil tout aussi «europoïde». Ils sont présentés au côté de momies «mongoloïdes» (de type chinois), mais de période beaucoup plus tardive, leur juxtaposition laissant penser qu’elles ont vécu à la même époque. Vieille de 3 800 ans, la beauté de Loulan a été découverte en 1979 par l’archéologue chinois Wang Binghua, 80 ans aujourd’hui. Avec l’anthropologue Han Kangxin, ils ont passé leur vie à rechercher et étudier ces cadavres sortis du désert, avec quasiment aucun subside de Pékin : «Au début, je n’avais pas même un appareil photo», se souvient Han Kanxin.

Les difficultés étaient nombreuses, et pas seulement en raison de l’aridité de ce désert où, aujourd’hui encore, meurent des touristes imprudents qui s’y égarent. Le site de Loulan faisant partie du périmètre où l’armée a effectué ses essais de bombes atomiques de 1959 à 1996, les deux chercheurs ont dû obtenir, pour s’y rendre, la signature de Deng Xiaoping, alors numéro 1 chinois. «Sans ce laissez-passer, la beauté de Loulan nous serait restée inaccessible», s’amuse Wang Binghua. Sans le financement de la chaîne de télévision japonaise NHK, sur les lieux dans le cadre d’un docu sur la route de la soie, ils n’auraient pas pu, non plus, monter leur expédition. Celle-ci a permis à Wang Binghua de découvrir «tout à fait par hasard», la nécropole de Qäwrighul où quarante-deux sépultures du même type datant de 4 100 à 3 500 ans seront mises au jour.

La beauté de Loulan

Les deux chercheurs chinois ne sont toutefois pas les premiers à avoir fouillé les pourtours du désert du Taklamakan, plus vaste que la France. Une douzaine de ces cimetières y ont été découverts depuis le début du siècle dernier. «Et il y en a vraisemblablement d’autres, dit l’archéologue, car le Xinjiang est rempli de momies», le climat sec et la salinité du sol étant favorable à la conservation des corps. Les premières momies «europoïdes» ont été signalées par un habitant de la région en 1910. Puis dans les années 30, deux expéditions, l’une britannique et l’autre allemande, en livrent les premières descriptions – sans y accorder trop d’importance, car personne n’a les moyens de connaître l’âge de ces corps. Il faudra attendre près d’un demi-siècle avant qu’elles soient redécouvertes et les années 2000 pour que des tests ADN soient effectués, et confirment l’origine caucasienne de bon nombre de ces momies. Des sujets masculins, testés en 2009, possèdent le marqueur R1a1a, qui se retrouve fréquemment chez des populations issues de régions allant de la Sibérie à la Scandinavie, en passant par le Caucase et l’Asie du Sud. Une autre étude génétique de plusieurs spécimens par des chercheurs diligentés de l’université du Jilin, ville de l’autre bout de la Chine, dont les conclusions seront publiées en 2010 par l’Agence Chine nouvelle, suggère que ces tribus venues de l’ouest se sont métissées peu après leur arrivée au Xinjiang avec des populations mongoloïdes. Mais les particularismes occidentaux des momies ont persisté pendant au moins 500 ans, selon Wang Binghua.

«Ces tests n’ont peut-être pas été bien faits, et méritent d’être vérifiés», nous souffle un anthropologue qui veut rester anonyme. Ils contredisent aussi les conclusions de Han Kangxin, qui reposent sur la mesure des crânes et des os des momies. Ses travaux lui permettent par ailleurs de situer l’origine de ces momies «quelque part à l’est de la Méditerranée». Victor Mair, un sinologue américain de l’université de Pennsylvanie, qui se passionne pour ces antiques cadavres depuis les années 80, estime quant à lui que ces peuples étaient proches des Tokhariens, culture disparue qui parlait une langue indo-européenne…

Dans le contexte de ces polémiques, les fouilles se poursuivent, cahin-caha. Parmi les dernières en date, celles de l’extraordinaire cimetière de Xiaohe. Découvert en 1935 par le Suédois Folke Bergman, membre d’une expédition allemande, ce site a été redécouvert en 2000 par Wang Binghua grâce aux indications consignées par son prédécesseur scandinave. «J’ai utilisé un GPS, et j’ai beaucoup marché», dit-il. Grâce au financement apporté cette fois par la télévision chinoise nationale qui tournait un documentaire sur les lieux, il a pu explorer ce site proche d’un cours d’eau depuis longtemps tari, qui gît au milieu d’un océan de dunes. Il compte pas moins de 330 sépultures, dont la moitié ont été éventrées par des pilleurs.

Nourrisson enseveli avec des restes de tartan écossais. deux pierres d’agate sont déposées sur ses paupières pour prix de son passage.

Totems de vulves et de phallus

De nombreux corps momifiés, vieux d’environ 4 000 ans, occupaient cette nécropole hérissée d’une «forêt de 190 totems en forme de vulves et de phallus», marque d’un culte de la fertilité décrit en 2006 par Victor Mair dans une revue scientifique. Les hommes sont ensevelis au pied de hauts troncs en peuplier plantés en terre, dont la base est sculptée en forme de vulve, peinte en rouge et large parfois de 2 mètres. Les femmes, elles, reposent sous des totems phalliques. Les cercueils, en bois, construits en forme de barques, sont entièrement enveloppés dans des peaux de bovins sacrifiés qui, en se desséchant, forment une gangue propice à la conservation des corps. Des phallus en bois, des peignes, du jade, des paniers tressés remplis de blé et d’herbes, accompagnaient les femmes dans l’au-delà. Les hommes voyageaient avec des arcs et des flèches.

Un parcours typiquement boréal

Afanasievo culture

Venus des cercles circumpolaires suite à la dernière glaciation il y a plus de 16.000 ans ces peuples dont les descendants ne sont autres que les ouïghours, témoignent de leur longue marche avant d’aboutir  dans la région de l’Altaï, ils apportent les ferments de la révolution néolithique, le blé et des techniques avancées de tissage mais ce sont avant tout des europoïdes, autrement dit des « aryens ». En effet la blondeur associé à d’autres traits génétiques semblent attester comme pour les Kalash d’une race aryenne ayant occupé ces territoires avant même l’arrivée des chinois (les Hans). Les hyperboréens furent aussi une race, comme l’ont démontré des ethnos généticiens russes et américains gour qui la race est un groupe d’individus appartenant à la même espèce, ayant une origine commune (ce qui est le cas pour les IE authentiques) et des caractères physiques et psychiques semblables ou proches, transmissibles par la génération. Deux morphotypes indo-européens, issus d’une race-souche nordico-polaire, se dégagent: un dolichocéphale ou mésocéphale de taille haute ou moyenne et gracile (leptomorphe), et un brachycéphale massif (hypermorphe). La différenciation biologique, qui va de pair avec la différenciation linguistique, n’a pu se faire que sous l’effet du climat, comme le notent J. de Mahieu et L. Kilian, du mode vie différent adopté à la suite des migrations, à l’endogamie — comme le démontre le cas du Nord-Ouest de l’Inde, zone d’accueil des Aryens, où l’homogénéité génétique (32,4 % de variation) est plus grande que dans le reste du pays — et aux isolements géographique, écologique et/ou social. L’existence de diverses branches raciales IE n’autorise pas à conclure qu’il n’a pas existé de race IE d’autant plus que les bases génétiques et morphologiques étaient minces, et que toutes conservèrent une vision du monde et un psychisme identiques.

à suivre dans le livre : voir

 

L’Homme de Cherchen, 2,10 mètres avec des habits en tartans écossais. Exposé au musée d’Urümchi (Chine)

 
 


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