Åsgard et la Tradition polaire


La grande ourse et le sanglier

La Syrie boréale

Les enseignements traditionnel des  Védas comme des legs kurdes, druzes ou soufis, nous disent tous que la langue « adamique » était la « langue syriaque », loghah sûryâniyah, qui n’a d’ailleurs rien à voir avec le pays désigné actuellement sous le nom de Syrie, non plus qu’avec aucune des langues plus ou moins anciennes dont les hommes ont conservé le souvenir jusqu’à nos jours. Cette loghah sûryâniyah est proprement, suivant l’interprétation qui est donnée de son nom, la langue de l’« illumination solaire », shems-ishrâqyah ; en fait, Sûryâ est le nom sanscrit du Soleil, et ceci semblerait indiquer que sa racine sur, une de celles qui désignent la lumière, appartenait elle-même à cette langue originelle. Il s’agit donc de cette Syrie primitive dont Homère parle comme d’une île située « au-delà d’Ogygie », ce qui l’identifie à la Tula hyperboréenne, et « où sont les révolutions du Soleil ».

« En une autre occasion, nous avons mentionné, en connexion avec la désignation de la langue « adamique » comme la « langue syriaque », la Syrie primitive dont le nom signifie proprement la « terre solaire », et dont Homère parle comme d’une île située « au-delà d’Ogygie », ce qui ne permet de l’identifier qu’à la Thulé ou Tula hyperboréenne… » René Guénon

À travers la mention d’une lointaine origine nordique et polaire, Guénon identifiait la Syrie primordiale à la mythique Thulé boréale de l’âge d’or. On trouve encore la mention d’une Syrie boréale primitive dans la tradition soufie où l’on dit que c’est de cette contrée primordiale que proviendrait la véritable « langue syriaque », Loghah Sûryâniyah,  la langue solaire des anges, prototype céleste de tout langage humain dont l’Imam Ali, cousin et gendre du prophète Mahomet, aurait possédé les arcanes. Cette langue ésotérique n’est autre que le Langage des Oiseaux, la Parole perdue des francs-maçons ou la langue énochienne de John Dee. Comme le soutient Pierre Gordon, « le sacerdoce institué par le premier homme à la suite de son recul mental conduisit à l’établissement de la première théocratie, qui eut son foyer dans une île, au nord-ouest de l’Europe. Cette terre pure au milieu des eaux reçut, au cours des millénaires, différents noms, dont les principaux sont ceux de Tula (« Thulé » dans les mythes grecs), de Ogygie (ogh iagh signifie littéralement « île sacrée »), et d’« île des Quatre Maîtres ». Cette dernière appellation se réfère à la division cruciforme de l’étendue, division qui reposait elle-même sur une vue religieuse de l’espace dans ses rapports avec l’énergie radiante : le point où se coupaient les deux bras perpendiculaires de la croix était le lieu ultraphysique, d’où rayonnait vers les quatre points cardinaux le mana de la surnature, principe et support des mécanismes physiques ».

La légende raconte qu’à l’âge d’or, la vie était encore possible dans ces latitudes élevées, le climat n’y étant pas le même que de nos jours, la mer polaire étant libre de glaces. Hérodote rapportait sans trop y croire la présence de peuples qui dormaient six mois, qui semaient le matin, moissonnaient à midi, cueillaient les fruits le soir puis les enfermaient la nuit dans leurs cavernes. Dans cette île, on conservait des tables d’airain où étaient gravées en caractères d’or les œuvres des anciens Patriarches. Il y régnait un printemps perpétuel ; l’air ambiant était d’une douceur extraordinaire et parfumé par l’ambroisie. L’Hyperborée était aussi nommée « île des Sères », une des nombreuses dénominations qui désignait la « Syrie au-delà d’Ortygie » dont parle Homère.

Bal Gangâdhar Tilak avait compris que les Védas étaient l’un des dépôts de la Tradition primordiale, nous développerons cet aspect dans notre ouvrage.

La configuration du continent hyperboréen 

Selon la perspective traditionnelle c’était le « berceau originel d’une civilisation de haute culture qui fut traditionnellement localisé à l’emplacement de l’actuelle zone polaire dans des temps très anciens, s’est ainsi trouvé modifiée au cours des millénaires, tout comme l’ensemble de la planète. Suite à la disparition de leur territoire arctique « édénique » primitif passé dans une dimension « intermédiaire », les Hyperboréens survivants qui occupaient les régions polaires furent donc contraints, sous la pression de conditions géographiques et climatiques cataclysmiques, de se disperser par vagues successives à la manière de certains de leurs aïeux qui avaient rejoint les côtes du Labrador et la côte Atlantique de la Bretagne jusqu’au Maroc quelques millénaires plus tôt. Ces exodes de populations hyperboréennes désignant des Ligures selon l’ethnologue et anthropologue Joseph Karst, ont pu s’effectuer progressivement sur des périodes très souvent espacées de plusieurs siècles. L’archéologie montre en effet que les changements climatiques survenus entre – 12 000 et – 10 000 ans suite à la fonte des glaces déclenchèrent de nombreuses migrations. La plupart des rescapés erraient à la surface de la terre, survivant comme ils pouvaient dans des conditions rudes. Ils furent réduits à une existence nomade, pêchant et chassant. Les Gardiens du dépôt édénique et ouranien du paléolithique furent donc contraints de s’exiler par voie terrestre et parfois aussi fluviale en direction des terres alors émergées d’Europe et d’Asie tandis qu’une partie d’entre eux, dont l’histoire se souviendra bien plus tard sous le nom d’Haunebu ou de Pélasges, ces « peuples de la mer » qui déferlèrent en Méditerranée à l’époque carthaginoise, s’établiront primitivement sur les côtes septentrionales de l’Archipel atlante situé plus au sud avant d’essaimer ensuite vers la Méditerranée qui deviendra leur domaine central.

Pélasges

Selon Lokamanya Bâl Gangâdhar Tilak, les Indoeuropéens avaient pour berceau commun « une zone s’étendant à l’intérieur du cercle arctique avant la dernière glaciation qui dut avoir lieu entre le XIIe et le IXe millénaire avant notre ère ». Il s’agit d’un nationaliste hindou qui bien avant le Mahatma Gandhi, a consacré toute sa vie à la tradition culturelle de son pays et ouvert une voie qui n’a fait que se renforcer en Inde, la confrontation des théories traditionnelles aux données de la science moderne.

Guénon tenait Tilak en haute estime et prenait pour argent comptant ses théories sur l’origine arctique des Aryens qui civiliseront l’Inde. De nombreuses preuves montrent que les régions arctiques d’Asie et d’Europe furent caractérisées lors de certaines périodes par des étés frais et des hivers doux, ce que l’astronome Herschel dans Outlines of Astronomy, appelait un « perpétuel printemps » et des endroits comme le Spitzberg, où le soleil est au-dessous de l’horizon de novembre à mars, étaient alors couverts d’une végétation luxuriante qui ne pousse, à présent, que dans les climats tempérés ou tropicaux. La glaciation détruisit ce climat propice et rendit la région hostile à cette flore et à cette faune. Lorsqu’il s’évertue à localiser le pays d’origine des Aryens, Tilak constate que « si les traditions des peuples européens indiquent, selon le Professeur Rhys, la Finlande ou les rivages de la mer Blanche, les traditions védiques, elles, font remonter le pays d’origine des Aryens encore plus au nord, car une aube continue de trente jours n’est possible qu’à quelques degrés au sud du Pôle Nord. Mais bien que la latitude puisse être déterminée avec une certaine précision, la longitude reste dans le flou le plus absolu. On ne peut donc pas déterminer si l’origine des Aryens se trouvait au nord de l’Europe ou au nord de l’Asie ». Tilak précise ensuite que :

« les descendants de ceux qui durent émigrer vers ces pays à partir des régions polaires, ne connaissant qu’une vie de sauvages et de nomades […] pouvaient au mieux n’avoir conservé que des réminiscences fragmentaires de la culture et de la civilisation antédiluviennes de leurs ancêtres qui vivaient jadis heureux dans leur pays arctique ».

Pour René Guénon, l’inclinaison de notre axe terrestre en cette époque reculée n’aurait toutefois « pas existé dès l’origine » et serait une conséquence de ce qui est désigné en langage occidental comme la « chute de l’homme », à ne pas confondre avec la « chute des anges » puisque nous parlons ici de la sortie d’Éden qui ne serait qu’une image, sous le vernis mythique biblique, du long exode des Hyperboréens qui se déplacèrent par étapes successives, en plusieurs vagues migratoires, sur différentes zones du globe, au paléolithique supérieur. Lorsque Guénon écrivait, ni l’histoire de la Terre ni celle des peuples sans écriture n’était connue et ce type de considérations alimentait les réflexions de la plupart des ésotéristes. On a commencé de voir clair dans notre passé profond après sa mort. Chose étrange, ce que nous apprennent la géologie et la paléontologie résonne encore plus fortement avec les légendes de l’Asie centrale et du Moyen-Orient.

Les analyses génétiques des populations montrent la réalité de plusieurs exodes, dont les premiers ont pu avoir eu lieu dès l’apparition de l’homme dit « moderne » ou Homo sapiens sapiens, en d’autres termes nous-mêmes ! L’homme de Néandertal, qui nous a précédés, était apparu environ 300 000 ans avant notre ère, au paléolithique moyen. Nous sommes alors à la fin de la glaciation de Mindel et l’expansion de Néandertal en Europe et en Asie profite d’un réchauffement peu accentué et qui ne dure pas plus d’une centaine de milliers d’années. À peine 100 000 ans plus tard, nos premiers parents génétiques sont présents. L’homme « moderne » apparut vers – 200 000, juste avant la glaciation de Riss, une des plus sévères, va rester aux alentours de l’équateur jusqu’au réchauffement suivant qui commence vers 130 000. Le printemps éternel de Herschel pourrait y correspondre dans les régions circumpolaires. En effet, la température moyenne de la Terre atteint alors 4° au dessus de la moyenne actuelle, les eaux montent d’environ 3 mètres alors qu’elles étaient plus basses de 100 mètres – ce qui n’est pas rien – au plus fort de la glaciation de Riss. Vers – 80 000, le climat se refroidit de nouveau et, semble-t-il, très rapidement, en quelques années. Au plus fort de cette phase qui correspond dans les Alpes à la première période de la glaciation de Würm les températures sont inférieures de 6° à la moyenne actuelle et le niveau des mers baisse de 120 mètres.

Nous avons alors deux humanités sur notre planète, Néandertal et l’homme moderne. Où sont-ils ? Quels sont leurs territoires respectifs ?

Pour Néandertal, nous savons désormais qu’il n’a pas côtoyé l’homme moderne en Afrique. En revanche, il l’a rencontré en Europe et en Asie. On pensait jusqu’à ces dernières années qu’il s’agissait de deux espèces distinctes, incapables d’avoir une descendance commune, mais les études génétiques ont montré qu’il y avait eu des croisements et que les peuples de toute l’Eurasie portent encore aujourd’hui des gènes légués par les néandertaliens, des gènes importants puisqu’ils conditionnent en partie notre système immunitaire, notre réponse aux maladies. Néandertal disparaît assez brutalement vers – 28 000, sans que l’on sache très bien expliquer ce remplacement drastique. Certains chercheurs sont d’avis que Néandertal aurait pu correspondre à l’Abel biblique tandis que les hommes actuels, selon les lois de succession cycliques, s’identifiaient à Caïn et à sa descendance. Toutefois, dans la Bible, Abel s’assimile à une tradition pastorale de bergers nomades tandis que Caïn désigne les premiers agriculteurs et constructeurs de complexes urbains, ce que n’a pas manqué de développer René Guénon dans l’article qu’il leur a consacré ; il les qualifie respectivement de « contemplatifs » et de « guerriers ». Cette distinction pasteurs/cultivateurs n’a pas de sens avant le néolithique, donc avant la sortie de l’âge glaciaire. Toutefois, les preuves génétiques d’un croisement entre Néandertal, déjà présent sur le continent eurasiatique, et homme moderne pourraient avoir laissé des traces dans la mémoire collective — faut-il y voir l’origine du mythe de la chute des anges attirés par la beauté des filles des Hommes ?

Certains ésotéristes pensent aujourd’hui que Néandertal désignait peut-être les anciens Hyperboréens. Cette thèse ne manque pas d’intérêt car il a traversé deux glaciations et sa morphologie semble avoir été particulièrement adaptée au froid. Il aurait donc pu se réfugier dans les zones péri-arctiques lors de l’intervalle chaud de l’interglaciaire Riss-Würm. L’idée a été reprise par différents chercheurs en anthropologie pour rattacher l’homme de Néandertal à une tradition ouranienne et polaire qu’il relie au mythe de Thulé et au royaume mythique de l’Amenti, patrie boréale originelle des premiers rois égyptiens, descendants d’Osiris.

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