La roue de fortune (Clef 10 – Kaph)


Le Tarot zodiacal des Avenières

Introduction :

Le premier chapitre du livre d’Ézéchiel décrit une vision sur laquelle ont disserté à perte de vue d’innombrables kabba­listes. Les cieux s’étant ouverts, le prophète y vit des animaux étranges groupés par quatre et près d’eux un quaternaire de roues de feu, dont chacune était double. La 10 ème clef du Tarot, dont le symbolisme a été fixé par Éliphas Lévi, s’ins­pire du texte sacré lorsqu’elle nous montre une roue à deux jantes concentriques, image du double tourbillon générateur de la vie individuelle.

Cette vie s’engendre à la façon d’un courant électrique, dès qu’un tourbillonnement restreint s’établit en sens contraire du mouvement giratoire enveloppant. L’individu résulte d’une opposition au tout dont il fait partie. Il ne se fait centre qu’en s’insurgeant contre l’universalité. Sa vie procède d’une vie plus vaste qu’il s’efforce d’accaparer. Il n’y parvient que dans une mesure limitée, d’où la brièveté de l’existence indi­viduelle, à laquelle fait allusion la Roue de Fortune qui est aussi celle du Devenir ou de la Destinée.

Une manivelle donne le branle à cette roue fatidique, dont le mouvement est rapide au début, mais va en se ralentissant: jusqu’à l’arrêt qui marque la mort. A la précipitation du rythme vital de la jeunesse succède ainsi la calme régularité de l’âge mûr, puis viennent les langueurs de la vieillesse qui aboutissent à la stagnation définitive et fatale.

La Roue du Devenir flotte sur le sombre océan de la vie chaotique, supportée par les mâts de deux barques accolées. dont l’une est rouge et l’autre verte. Leur forme rappelle le croissant d’Isis, la grande formatrice, mère de tous les êtres.

De chaque barque s’élance un serpent, dont l’un est mâle et l’autre femelle. Ils correspondent aux deux ordres de cou­rants vitaux, qui sont positif ou négatif et se traduisent e: motricité (rouge) et en sensibilité (vert).

Le mouvement de la Roue de Fortune entraîne en montant un Hermanubis qui tient le caducée de Mercure, et en descen­dant un monstre typhonien armé d’un trident. Ainsi sont symbolisés d’une part toutes les énergies bienfaisantes et constructives qui favorisent la croissance de l’individu et stimulent son rayonnement vital, et de l’autre l’ensemble des agents de destruction auxquels doit résister l’être vivant.

Examinons à présent cette lame à partir du Tarot Bota, une aitre approche ésotérique tout aussi pertinente puisqu’elle se fait à partir de l’hypercube (voir Voies initiatiques du Tarot)

Dans l’hypercube la roue de la fortune est au centre de la facade Ouest de celui-ci

Le Tarot « B.O.T.A. » est l’œuvre du docteur Paul Foster Case. Quelques mots sur cet homme singulier qui fut après Oswald Xirth et Papus l’un des plus grands herméneutes du Tarot. Paul Foster Case est né à Fairport, New York en 1884. Ses parents étaient membres de l’Église Congrégationaliste et son père était le bibliothécaire de la ville. Le Dr. Case était un musicien accompli et un universitaire ayant un sens de l’humour très prononcé. Il fut membre de l’église libérale Catholique et en 1926 il devint Maître Maçon.

Dr. Paul Foster Case

Il commença a étudier le Tarot suite à sa rencontre avec Claude Bragdon qui dit au jeune homme de 16 ans : « Case, d’où pensez-vous que viennent les cartes à jouer ? « . (Pour notre part nous avons répondu à cette question dans notre livre XXI pas dans l’Au-delà..  Le Dr. Case commença à investiguer, et tout ce qu’il put trouver, concerna le Tarot. Ses recherches le menèrent à être le premier à publier les attributions correctes des lettres hébraïques et des nombres liés aux vingt-deux arcanes majeurs du Tarot.

KAPH (prononcer K, ou C, comme dans cabas ; valeur : 20 ou, en lettre finale — 7 —, 500) signifie à l’origine « une courbe », idée à relier au fait que, dans le Tarot, une roue est associée à cette lettre. KAPH représente la main humaine en train de saisir. Saisir, c’est tenir, comprendre, maîtriser. Ce qui peut être saisi mentalement est intelligible, clair, explicite, positif, défini, précis. Ces idées sont en contraste évident avec l’ineffable et l’abstraction exprimés par YOD et l’Ermite.

Richesse et pauvreté est la paire d’opposés attribuée à la lettre double KAPH. Ces notions représentent les deux positions extrêmes vis-à-vis de la possession matérielle, les signes extérieurs des biens matériels que l’on a pu saisir à travers les circonstances.

L’Ouest, direction attribuée à KAPH, est représenté dans le diagramme du Cube de l’espace par la face la plus proche de l’observateur, celle lui faisant face. Lieu du coucher du soleil, l’ouest symbolise l’achèvement d’une journée ou d’un cycle de manifestation, un cercle qui se ferme, une expression qui se termine. Ces idées s’accordent avec le symbole de la main fermée. La fin d’une journée de travail, au coucher du soleil, peut être associée aux idées d’achèvement, d’accomplissement, de maîtrise, de succès, etc. Chez les Francs-maçons, l’officier assis à l’ouest est chargé de payer les salaires des ouvriers.

De même, il est écrit : « C’est vers l’Ouest que le cours des empires suit sa marche », car les faits de l’histoire humaine illustrent les principes de la loi cosmique. Ainsi, le monde occidental est celui où la possession des pouvoirs matériels est la marque caractéristique du succès, contrairement à l’Orient, où la richesse d’un homme sera plutôt évaluée selon la compréhension qu’il aura des lois de créativité mentale, caractérisées dans le Tarot par la clef 3, l’Impératrice, à laquelle la direction Est est attribuée.

Jupiter, la planète associée à KAPH, gouverne les signes zodiacaux du Sagittaire (clef 14, la Tempérance) et des Poissons (clef 18, la Lune). Jupiter est également exalté en Cancer (clef 7, le Chariot), où l’influence de la planète est symbolisée par les roues). Jupiter est appelé le « Seigneur de la fortune », ou « Fortune majeure », en contraste avec Vénus (l’Impératrice), que les astrologues appellent « Fortune mineure ». En astrologie, Jupiter représente les banquiers, les juges, les théologiens ou les dignitaires religieux, c’est-à-dire les hommes qui contrôlent fermement l’expression claire et complète des idées, et savent comment les appliquer à la résolution des problèmes pratiques. On dit que Jupiter gouverne la circulation du sang, et tout mouvement circulaire en général. Dans notre gamme de couleurs, le violet est attribué à cette planète, et la note de musique qui lui correspond est le la dièse ou si bémol.

L’Intelligence de conciliation ou Intelligence de rétribution de ceux qui cherchent, est le nom cabalistique du mode de conscience attribué à la lettre KAPH. La conciliation est l’ajustement des différences, l’établissement de l’harmonie et de l’ordre ; elle est donc clairement de nature jupitérienne. C’est le mode de conscience qui conduit à la compréhension de la loi selon la promesse : « Cherche, et tu trouveras ». La conciliation suppose l’entente, l’accord, la sympathie, la paix, de bonnes relations, le calme, etc. La loi ici en jeu réconcilie les apparentes différences, nous permet de mettre les éléments de notre existence en harmonie, nous aide à vaincre les forces apparemment adverses, et conduit à la paix et à la prospérité.

Le titre de la clef 10, la Roue de Fortune, allie les idées de rotation, de cycle, de séquence, de tourbillons, de montée et descente simultanées (évolution et involution), etc., à celles de chance, de sort, de hasard, de destin, de force irrésistible des événements, de probabilité… L’enseignement occulte affirme catégoriquement que ce qui paraît être dû au hasard — sans but et sans intention — est en réalité l’œuvre de la loi immuable. Les changements de condition paraissent être accidentels mais, en réalité, ils ne le sont pas. Tout effet est la conséquence de causes antérieures, et mieux nous saisissons cette loi des séries et des cycles, meilleure est notre maîtrise des événements qui s’ensuivent ; la périodicité existe en toutes choses.

Les affaires des hommes, comme celles des nations, ont un rythme, une régularité, une pulsation cadencée, permettant aux sages de comprendre la signification du présent dans la lecture du passé et rendant possible la prévision des événements futurs par un examen minutieux des tendances actuelles. De plus, la roue est un symbole de progrès, d’avancement, d’amélioration, représentant aussi la progression de la culture et de la civilisation, et le perfectionnement qui, en occultisme, est appelé le Grand Œuvre.

Le graphisme de la dixième clef majeure dans cette version du Tarot et dans celle de Rider provient du diagramme de la Roue d’Ezéchiel, figurant dans le Rituel du Sanctum Regnum d’Eliphas Lévi. Placés aux quatre coins de la clef, sur fond de nuages, se trouvent les créatures mentionnées dans Ezéchiel 1:10 et dans Apocalypse 4:7. Elles correspondent aux signes fixes du zodiaque : le taureau au signe du Taureau, le lion au signe du Lion, l’aigle au signe du Scorpion, et l’homme au signe du Verseau. Dans la série zodiacale, ces signes ont les positions correspondant aux chiffres 2, 5, 8 et 11, dont l’addition donne 26, valeur de IHVH. Dans ce nom, I est représenté par le lion, le premier H par l’aigle, le V par l’homme, et le H final par le taureau. Ainsi, « les créatures vivantes » représentent les modèles fixes, éternels, de la Réalité-Une, qui demeurent pour ainsi dire permanents, en contraste avec le flux et le reflux symbolisés par la roue qui tourne. Ce qui fut, est, et sera demeure toujours identique à soi-même, et tout le déroulement et le cycle des événements a lieu « en Lui-même ».

La roue est le symbole du cycle total de l’expression cosmique et est aussi la représentation de chaque série particulière d’événements. Son centre, ou pivot, est le monde des Archétypes ; le cercle intérieur le monde de la Création ; le cercle médian celui de la Formation, et le cercle extérieur le monde Matériel. Les huit rayons sont semblables à l’étoile à huit branches de la clef 17 et représentent l’énergie rayonnante.

Dans le cercle représentant le monde de la Formation, et sur les rayons de la roue, se trouvent les symboles alchimiques du Mercure (en haut), du Soufre (à droite) et du Sel (à gauche), correspondant aux trois gunas de la philosophie yogi : sauva (Mercure), rajas (Soufre) et tamas (Sel). Au bas du cercle, se trouve l’un des symboles alchimiques de la dissolution, identique au symbole astrologique du Verseau. Le Mercure correspond à la conscience, le Soufre à la passion et à l’activité, le Sel à l’ignorance et à l’inertie ; la dissolution est, dit-on, le processus fondamental du Grand Œuvre.

Un serpent jaune descend sur le côté gauche de la roue ; son mouvement ondulatoire suggère l’idée de vibration, sa couleur est celle attribuée à la lumière, de la planète Mercure (clef 1, le Magicien), et au signe du Lion (clef 8, la Force) dans l’une des anciennes gammes occultes de couleurs. Son mouvement descendant représente l’involution de l’énergie rayonnante cosmique jusqu’au stade du nom et de la forme ; c’est le pouvoir-serpent représenté par la lettre TETH, ce qui le relie au signe du Lion et à la clef 8. C’est aussi la force qui descend par le Magicien jusqu’à son jardin, portant le message ou l’impulsion du vouloir cosmique.

Hermanubis (Hermès-Anubis), le dieu égyptien à tête de chacal, s’élève sur le côté droit de la roue, pour représenter l’évolution de la conscience, des formes les plus basses vers les formes les plus élevées ; sa tête de chacal représente l’intellectualité, et sa couleur rouge est caractéristique du désir et de l’activité. Il symbolise le niveau moyen de l’actuel développement de conscience humaine. Au-delà et au-dessus de lui, se trouve un segment de la roue que seuls quelques humains ont parcouru jusqu’ici.

Le sphinx représente le Soi réel de l’homme derrière le voile de la personnalité. On « le » découvre par l’ouverture progressive des sens intérieurs correspondant étroitement aux sens extérieurs. Lorsque cet épanouissement se produit, nous devenons conscients de la Chose-Une qui transcende la personnalité. Cette Chose-Une est ce qui pose les énigmes de l’existence : elle est immobile, tandis que la roue tourne. La couleur bleue du sphinx l’associe à la mémoire, fonction de base de la subconscience, pour souligner l’idée que la connaissance la plus élevée de soi est en réalité le souvenir de soi.

Sur la roue, dans le cercle représentant le monde Matériel, se trouvent les lettres T A R O, alternant avec les lettres hébraïques YÔD-HEH-VAV-HEH. En valeur hébraïque, les lettres de « TARO » valent 671 ; ce nombre est important en Qabale, car il est celui de certains titres de Malkuth, le Royaume. La valeur de IHVH étant 26, la somme totale des huit lettres figurant sur la roue est 697, dont les chiffres additionnés donnent 22, nombre associé au cercle ou à la roue depuis des temps immémoriaux et qui correspond au nombre des lettres de l’alphabet hébreu, représentées par les clefs majeures du Tarot.

Par combinaison, les lettres T A R O peuvent être réarrangées et donner les cinq mots suivants : ROTA TARO ORAT TORA ATOR. Ator est une ancienne forme latine du nom de la déesse égyptienne Hathor. Cette phrase d’un latin plutôt barbare peut être traduite ainsi : « La Roue du Tarot énonce la Loi d’Hathor » (la Loi de la Nature).

Psychologiquement, cette clef fait allusion à la loi de périodicité de l’activité mentale, d’après laquelle les états mentaux ont tendance à se répéter selon des rythmes bien précis. C’est aussi la loi de l’involution de l’énergie consciente indifférenciée, et de son évolution

 
 

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