Les enfants de Noé et l’Apocalypse selon Dunant


Henry Dunant nous a laissé son catéchisme au travers de l’Esquisse Hermétique du Tout Universel que nous publions avec une importante introduction avant de le placer dans son réel contexte. Dans le second volume nous abordons l’autre partie, à savoir les planches prophétiques qu’il a laissé et qui ont longtemps embarrassé les services officiels de la Croix Rouge lors de leur découverte. Pourtant l’un ne va pas sans l’autre, c’est ce que nous expliquons dans notre travail en deux volumes. Les planches commencent par le récit de Noé si ce n’est par Rama ou Krishna. Noé est le Patriarche par excellence qui sauva l’humanité , il incarne à cet égard un thème qui prévaut chez notre philanthrope : l’alliance renouvelée avec Dieu. Cabalistiquement Noé est identifié à Jérusalem et à Sion, son sens profond et son étymologie équivaut  à « Fondement » « Trône » ou encore « Centre du Monde » et c’est bien de Noé que part le grand fleuve de l’Humanité. Guématriquement le nom de Noé a pour valeur 108 (50 + 58)


dans la « Littérature rabbinique » et le « Livre d’Hé­noch »il est dit :

Noé est le 9 ème descendant d’Adam et le premier né de Lamech. Il était âgé de cinq cent ans lorsque ses trois fils naquirent et était parvenu à la six centième année quand Dieu lui ordonna de fabriquer une arche.

Lorsque « naquit » Noé, sa chevelure et son corps avaient la blancheur immaculée de la neige ; et, dès qu’il eut ouvert ses yeux, les rayons émanant de ceux-ci illuminèrent la maison comme l’aurait fait la lumière du soleil à son midi. Puis, se dres­sant des bras de l’accoucheuse, l’enfant ouvrit sa bouche, pour adresser au Seigneur une prière. Son père, Lamech, fort effrayé à la vue de tout cela, alla consulter Mathusalem, son propre père, lui disant que son fils avait plus l’apparence d’un ange que celle d’un enfant, et que ceci lui faisait craindre que quelque catastro­phe ne survienne sur la terre dans le cours de la vie de son pre­mier-né. Lamech pria Mathusalem d’aller consulter Hénoch, qui, étant alors parmi les anges, n’ignorait par conséquent rien de tout ce qui devait advenir. Mathusalem se rendit donc aux extrémités de la terre où il trouva Hénoch qui lui annonça qu’un déluge anéantirait le monde, et que seul l’enfant qui venait de naître et les trois fils à venir de ce dernier seraient sauvés .

Bien que Noé, qui « naquit » circoncis, fût décrit comme « Un Homme Juste et Parfait parmi ses contemporains », la profondeur de son intégrité donna, néanmoins, lieu à maintes discussions de la part des Rabbins. C’est ainsi que, si, pour quel­ques uns de ces derniers, Noé fut bien un « Homme Juste », il ne le fut, toutefois, qu’en comparaison de la génération dépravée à laquelle il appartenait, son degré de probité n’ayant, par là même, jamais atteint celui de tous les autres « Hommes Justes » men­tionnés dans la « Bible ». Et ces mêmes Rabbins vont encore plus loin en soutenant que Noé avait été également condamné à périr dans le cataclysme diluvien, mais que, si Dieu l’épargna, ce fut uniquement par égard pour ses descendants à savoir Japhet, Sem et Cham.

Noé eut une révélation dans laquelle il vit que la terre avait chancelé et que sa destruction était proche ; et, comme son grand père, Mathusalem, il dirigea alors prises, d’une voix triste, de l’écouter. Puis Noé dit à Hénoch : « Raconte-moi ce qui se passe sur la terre pour qu’elle peine et vacille de la sorte. Ne vais-je pas moi aussi périr avec elle ? » Aussitôt qu’il eut proféré ces paroles, une grande agitation de la terre se manifesta, une voix se fit entendre du haut du ciel, et Noé tomba face contre terre. Hénoch vint alors se tenir près de lui et lui dit que, si la destruction des habitants de l’aride était proche, c’est parce que ces derniers avaient percé non seulement tous les secrets des anges, mais aussi la violence et la toute puis­sance des satans, non seulement le mystère des mystères et la toute puissance des sorciers, mais parce qu’ils avaient également percé la puissance des sortilèges et la toute puissance de ceux qui fondent les métaux de la terre. Mais, comme Noé était pur de cet opprobre engendré par la connaissance de tous ces mystères, Hénoch lui révéla qu’il serait préservé du déluge, et que de sa descendance sortirait une source de Justes et de Saints in­nombrables, pour l’éternité (Hénoch » LXV, 1 à 12).

Sem, Cham et Japhet les trois enfants de Noé. C’est à partir de Noé que les planches apocalyptiques de Dunant commencent leur récit.

L’époque de Noé et le Néphilim

L’époque où Noé vit le jour fut celle d’un abaissement de tout ce qui avait été précédemment élevé. L’humanité connu une inversion des valeurs sans précédent.

Le livre de la Genèse retrace comme suit ce que furent ces temps abominables : « Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre et que des filles leur furent nées, les fils d’Elohim virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent (…) Les Nephilim étaient alors sur la terre, après que les fils d’Elohim furent venus vers les filles des hommes et qu’elles leur eurent donné des enfants : ce sont ces hommes forts qui furent en renom dans l’antiquité. »

Cet accouplement contre-nature d’êtres célestes avec des filles terrestres aussitôt fit école et les disciples renchérirent sur la perversion des maîtres, de sorte que bientôt « le monde entier fut corrompu ». Ainsi, les humains prirent-ils le pli de forniquer avec des bêtes.

Or, parce que l’homme est le centre d’attraction de toute la Création et son moteur, lorsqu’il s’élève, tout s’élève avec lui ; et s’il déchoit, tout dérive à sa suite. Alors, l’auguste sanglier se choisit la truie pour compagne, le loup des forêts la chienne servile pour prostituée. En tous lieux, « on accoupla la bête sauvage à la domestique ». La terre elle-même s’infecta : l’air se mêla à la poussière et les eaux à la tourbe des bas-fonds, unions aussi igno­minieuses que celle de l’ange et de la femme, de l’homme et de la bête, de l’or et du plomb vil. Le Volume de la Loi sacrée dit aussi que de l’union abominable entre anges et femmes naquirent des êtres monstrueux, les Nephilim. Le terme signifie les Tombés, car c’est en effet comme si leur engendrement était né d’une chute de la semence créatrice du Ciel vers la Terre.

Par la faute de ces Nephilim, – appelés aussi « les géants » la violence couvrit la terre : « Ils dévoraient tout le fruit du travail que les hommes pouvaient produire. Puis il devint impossible de les nourrir. Alors ils se liguèrent contre les hommes eux-mêmes, afin de les tuer et de les dévorer. » Ainsi, ce fut bientôt toute la terre, avec toutes les espèces qu’elle contenait, qui fut en proie aux violences de la lutte pour la vie.

La planète ne fut plus qu’un lieu de désolation et de désastres sans fin.   à suivre dans notre ouvrage

La vigne de Noé

Noé  ancêtre de la légende d’Hiram, le tombeau

La légende de la mort de Maitre Hiram a un antécédent rarement évoqué en la personne de Noé. Elle est précédée par l’épisode la « vigne de Noé »  où celui-ci est vu nu assoupi par ses fils. notamment par Cham. Or le sens de cette nudité recouvre celui d’un secret normalement scellé et dévoilé par effraction.   La suite de cette visite des trois frères dans la tente où dormait le patriarche est relatée dans le manuscrit Graham. Selon celui-ci, la visite se reproduisit, non plus sous la tente, mais au tombeau de Noé. Et cette fois, l’objet de l’incursion est indiqué sans détour ni parabole : il s’agit d’un secret.

« Sem, Cham et Japhet eurent à se rendre sur la tombe de leur père Noé pour tenter d’y découvrir quelque chose (…) qui les guiderait jusqu’au puissant secret que détenait ce fameux prédicateur. Ici, j’espère que chacun admettra que toutes les choses nécessaires au nouveau monde se trouvaient dans l’arche avec Noé.

Ces trois hommes avaient déjà convenu que s’ils ne trouvaient pas le véritable secret lui-même, la première chose qu’ils découvriraient leur tiendrait lieu de secret. Ils n’avaient pas de doute, mais croyaient très fermement que Dieu pouvait et aussi voudrait révéler sa volonté, par la grâce de leur foi, de leur prière et de leur soumission ; de sorte que ce qu’ils découvriraient se montrerait aussi efficace pour eux que s’il avaient reçu le secret dès le commencement, de Dieu en personne, à la source même.

Ils arrivèrent donc à la tombe et ne trouvèrent rien, si ce n’est le cadavre déjà presque entièrement corrompu. Ils sai­sirent un doigt qui se détacha et ainsi de suite de jointure en jointure jusqu’au poignet et au coude. Alors, ils redressèrent le corps et le soutinrent en se plaçant avec lui pied contre pied, genou contre genou, poitrine contre poitrine, joue contre joue et main dans le dos, et s’écrièrent: « Aide-nous, O Père ! ». Comme s’ils avaient dit : « O Père du ciel aide-nous à présent, car notre père terrestre ne le peut pas ». Ils reposèrent ensuite le cadavre, ne sachant que faire. L’un d’eux dit alors : « Il y a encore de la moelle dans cet os »212, et le second dit : « mais c’est un os sec » ; et le troisième dit : « il pue ».

Ils s’accordèrent alors pour donner à cela un nom qui est encore connu de la Franc-Maçonnerie de nos jours.

Puis ils allèrent à leurs entreprises et par la suite leurs ouvrages tinrent bon. Cependant, il faut supposer et aussi comprendre que la vertu ne provenait pas de ce qu’ils avaient trouvé ou du nom que cela avait reçu, mais de la foi et de la prière. »

L’ivresse de Noé est une répétition avant l’heure de la légende d’Hiram. Un vieil homme dort nu. Une coupe et une grappe de raisin sont disposées au premier plan. Une vigne constitue l’arrière plan. Ces trois éléments évoquent le vin. Il semble donc que cet homme soit ivre. Trois jeunes hommes sont à ses côtés. Les deux personnages latéraux détournent leur regard tout en dissimulant la nudité du vieillard à l’aide d’un drap rouge. Par contre le personnage situé au centre rit tout en regardant le vieil homme. L’homme allongé est Noé. Il est entouré de ses trois fils, Cham au centre et Sem et Japhet sur les côtés. Sem et Japhet sont les bons fils, ils respectent leurs pères en dissimulant sa nudité tout en détournant les yeux.

Cette légende se donne à  lire comme une strate archéologique de celle d’Hiram. En cette dernière, dans la seconde il est question de trois mauvais compagnons qui mettent à mort l’Archi­tecte, faute de pouvoir lui arracher un secret auquel ils n’ont pas droit et, plus tard, d’un certain nombre de Maîtres maçons bien intentionnés désireux de retrouver la dépouille d’Hiram assassiné.

Ici, lors de cette visite au tombeau de Noé, Sem, Cham et Japhet sont à rapprocher, non pas des mauvais compagnons, mais des bons Maîtres. Depuis l’épisode de la tente où il découvre la nudité de son Père, Cham n’a pas corrompu ses frères, mais, bien au contraire, les a rejoints sur le bon chemin. En outre, le temps est révolu où Sem et Japhet étaient forcés d’entrer dans la Tente du Secret à reculons. Ce secret, ils ont désormais l’âge de le rechercher et de le garder.

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