Considération basiliennes sur la Pierre de Feu


Saint Martin par Anton Van Dyck, 1618 .. de la toge pourpre du soufre se partageant en charité.

Il convient de distinguer l’or philosophique obtenu archimiquement par les voies sèches ou humides de la pierre philosophale. Le travail opéré n’a pas d’autre but que de le rendre pur ou le plus homogène possible, en éliminant les superfluités ou hétérogénéités adhérentes, les corps étrangers qui, par leur présence, sont responsables d’une Transmutation relativement médiocre, au­tant en quantité qu’en qualité. Lorsque cette Pierre de feu est donc obtenu selon les voies canoniques décrites ci-dessus elle procure une Pierre ou Teinture (dite Poudre de projection) qui transmute effectivement un métal commun, le plomb, l’étain ou le mercure , en Or à struc­ture dendritique ou dit de fusion qui, dès sa naissance, dans le meilleur des cas est proche, en Titre de pureté, de 24 carats. Effectivement cet or obtenu archimiquement diffère de l’or natif qui se rencontre rarement avec une structure cristalline. Le plus souvent, on trouve cet or natif  sous forme de pépites (plus ou moins massives, érodées en grains par le cours des rivières), en provenance de filons montagneux, de placer à graviers aurifères, d’anciens lits etc …

De fait il en résulte que  cette Pierre ou Teinture, fût-elle augmentée en qualité de nom­breuses fois, c’est-à-dire dissoute et fixée par la Coction philosophique, d’une manière ré­pétitive, pour la mener à perfection, ne sau­rait cependant jamais atteindre et restituer qu’un pouvoir multiplicateur très modeste en comparaison de la Pierre Philosophale mais son rôle n’est pas là. S’il est effectivement meilleur que « l’or des mines » son intérêt unique est de servir directe­ment d’Or de départ. Tel fut le premier message de notre moine alchimiste qui en fit la brève mais non moins exacte relation dans la Première clef de la Grande Pierre des Anciens Sages et un développement complémentaire, dans la Troisième Partie de son Dernier Testament.

 

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« Je dis en peu de mots que je trouve que toutes les choses qui sont engendrées dans les montagnes tirent leur origine des astres par un brouillard aqueux et une fumée ou vapeur humide, laquelle, ayant été longtemps nourrie par les astres et reçue des éléments, est enfin réduite dans une forme palpable ; d’où il arrive que cette vapeur est desséchée, afin que l’aquosité perde sa domination et que le feu domine après l’eau par le bénéfice de l’air, pour que de l’eau le feu se forme et que du feu et de l’air résulte la terre, lesquelles choses se trouvent conjointes dans toutes les choses corporelles du monde avant leur résolution. L’eau, donc, est la première matière de tous les corps, laquelle ayant été desséchée par l’air et le feu, a été convertie en terre. Ayant donc proposé que de l’Antimoine se peut préparer une Pierre de Feu, et ayant dit que cette Pierre guérit non seulement les hommes, mais aussi les métaux, de quelques maladies particulières, il est juste de vous avertir auparavant de ce que c’est que cette Pierre de Feu, quelle est sa minière, si cette Pierre se peut faire sans une matière de pierre ou si elle est de la dernière différence, genre et usage des pierres.

Je prie le Saint-Esprit de m’assister dans ce mien discours, afin que je ne parle qu’au­tant qu’il m’est permis, dont j’espère une éternelle absolution du Grand Confesseur qui est assis de toute éternité dans le trône de sa miséricorde. Il rendra témoignage de toute chose dans ce dernier arrêt et jugera tous les hommes sans qu’il puisse y avoir aucune protestation ni appel.

Apprends donc avant toutes choses que la véritable teinture de l’Antimoine, qui est la médecine des hommes et des métaux, ne se fait point de cet Antimoine commun cru et fondu tel que les droguistes ou apothicaires vendent. Mais il le faut avoir tel qu’il sort de la mine. Il faut premièrement en faire le verre ; mais il faut savoir comment cette extraction se fait, car c’est tout l’Art et l’artifice. Et celui qui la trouvera ne manquera ni de richesses ni de santé. Sachez de plus, ami lecteur; que la teinture de l’Antimoine, fixe et solide, ou, comme je l’appelle, la Pierre de Feu, est une certaine essence pure, pénétrante, spirituelle et ignée. réduite dans une matière coagulée, comparable à la salamandre qui ne peut être consumée par le feu.

La teinture de cette Pierre de Feu n’est pas universelle comme celle des Philosophes. laquelle se prépare de l’essence du soleil, et moins encore que toutes les autres pierres. Car la Nature ne lui a pas donné tant de vertu pour cet effet. Mais elle teint seulement en particulier, savoir l’étain, le plomb et la lune, en soleil. Je ne parle point du fer ou du cuivre, si ce n’est en tant qu’on peut tirer d’eux la Pierre d’Antimoine par séparation, et qu’une partie de celle-ci n’en saurait transmuer plus de cinq parties, à cause qu’elle de­meure fixe dans la coupelle et dans l’Antimoine même, dans l’inquart et dans toutes les autres épreuves, là où, au contraire, cette véritable et très ancienne Pierre des Philosophes peut produire des effets infinis. Semblablement, dans son augmentation et multiplication,- la Pierre de Feu ne peut pas s’exalter plus outre ; mais toutefois l’or est de soi pur et fixe. Au reste, le lecteur doit encore remarquer qu’on trouve des pierres de différentes espèces, lesquelles teignent en particulier. Carj’appelle pierres toutes les poudres fixes et tingeantes. Mais il y en a cependant toujours quelqu’une qui teint plus efficacement et en plus haut degré que l’autre. La Pierre des Philosophes tient le premier rang entre toutes les autres. Secondement vient la teinture du soleil et de la lune au rouge et au blanc.Après cela, la teinture du vitriol et de Vénus, et la teinture de Mars, chacune desquelles contient aussi en soi la teinture du soleil, pourvu qu’elle soit auparavant amenée jusqu’à une fixa­tion persévérante. Ensuite, la teinture de Jupiter et de Saturne, qui servent à coaguler le mercure. Et enfin la teinture de Mercure même.

Voilà donc la différence et les diverses sortes de pierres et de teintures. Elles sont néanmoins toutes engendrées d’une même mère, d’une même semence et d’une même source, d’où a été aussi produit le véritable Œuvre universel, hors lequel on ne peut jamais trouver d’autre teinture métallique ;je dis même en toutes choses que l’on puisse nommer Pour les autres pierres, quelles qu’elles soient, tant les nobles que les non nobles et viles, elles ne me touchent point. Et je ne prétends pas même en parler ni en écrire, parce qu’elles n’ont point d’autres vertus que pour la médecine. Je ne ferai pas non plus men­tion des pierres animales et végétales, parce qu’elles ne servent seulement que pour la préparation des médicaments et qu’elles ne sauraient faire aucun œuvre métallique ; non pas même produire de soi la moindre qualité. De toutes lesquelles pierres, tant minérales, végétales qu’animales, la vertu et la puissance se trouvent accumulées ensemble dans la Pierre des Philosophes.

Les sels de toutes les choses n’ont aucune vertu de teindre ; mais ce sont seulement les clefs qui servent à la préparation des pierres, ne pouvant d’ailleurs rien d’eux-mêmes ; cela étant réservé et n’appartenant qu’aux seuls sels des métaux et des minéraux. Je dis maintenant quelque chose, et si tu voulais bien m’entendre, je te donnerais à connaître la différence qu’il y a entre les sels des métaux, lesquels ne doivent pas être omis ni rejetés pour ce qui regarde les teintures. Car dans la composition, nous ne saurions nous en pas­ser, parce que dans eux se trouve ce trésor d’où toute fixation et permanence tire son origine et son véritable et unique fondement.

Si quelqu’un demande donc si une telle pierre se peut faire sans matière, je dis que non. Car toutes choses ont nécessairement leur matière, mais diversement : les animaux, une ; les végétaux, une autre, et les minéraux, la leur. Remarque toutefois qu’aucun corps ne peut être utile à la confection d’aucune pierre sans la fermentation — de laquelle je parlerai à la fin de cet ouvrage —, quoique du commencement on se serve d’une forme corporelle et d’un être corporel visible et palpable. Néanmoins de ce corps formel l’on doit tirer une céleste et spirituelle essence, laquelle a été premièrement infuse à ce corps par les astres et qui, après, a été parfaite et cuite par les éléments. Laquelle essence  spirituelle doit être derechef par le régime d’un petit feu journellement et palpablement changée en une matière fixe, constante et incombustible. Mes paroles ne sont pas imaginaires. je parle dans un champ libre et, si je ne disais pas vrai, je ne mettrais pas la main à la plume. Toutes les teintures des métaux doivent être préparées de cette manière, afin qu’elles aiment singulièrement les métaux et qu’elles souhaitent uniquement de se joindre et unir à eux et de les parfaire, comme deux amis qui ne peuvent se reposer de l’ardeur qu’ils ont de s’unir et de satisfaire leurs désirs. Et pour lors ils sont en repos et, par la vo­lonté de Dieu, sont multipliés.

L’homme est sujet à d’étranges maladies auxquelles on ne peut obvier et donner secours que par des antidotes, afin qu’il recouvre sa première santé. Mais l’amour sur­passe tout le reste des maladies. Car on ne lui peut donner secours que par un amour, réciproque. Et comme il est le mutuel désir de l’un et de l’autre sexe, il s’éteint aussi par la seule satisfaction de l’accomplissement du désir et de l’union des deux. Plusieurs peuvent donner un fidèle témoignage de la puissance de l’amour qui n’attaque pas seulement les jeunes gens, mais encore les personnes avancées en âge, qui se trouvent quelquefois assez ardentes sous les cendres de la vieillesse ; laquelle ardeur, dans la dernière période de : l’âge, est néanmoins plutôt fièvre que délire d’amour. Plusieurs autres maladies naturelles imitent la complexion des hommes ; et selon les différentes constitutions naissent les ma­ladies. Mais l’amour attaque indifféremment les uns et les autres : riches, pauvres, jeunes, vieillards, et se moque des obstacles que l’on peut opposer à son progrès. Dans les autres maladies, la douleur n’occupe que certains membres et laisse les autres en repos. Mais l’amour saisit tout le corps, l’esprit, la substance, la forme et la matière, sans rien excepter. Car le cœur se remplit d’une si forte ardeur qu’il la communique à toutes les artères et la disperse par toutes les veines.

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On pourra dire que c’est une chose indécente, à moi qui suis ecclésiastique, de parler de cette passion. Mais que personne ne s’en scandalise, car je puis assurer que cette ardeur m’a quitté ; et je prierai même Dieu qu’il me conserve tout entier à l’Église chrétienne à laquelle je suis voué par serment. Mais je parle de cette passion par exemple seulement, pour faire voir que toutes les teintures doivent avoir de l’amour pour les mé­taux, et qu’étant ainsi unis par amitié, ils puissent parvenir à une plus haute perfection, cet amour pénétrant leurs corps. Descendons à présent à la préparation de cette Pierre, réservant l’usage à la fin. Et comme elle est d’une nature ignée et très pénétrante, il la faut faire cuire et mûrir au feu, comme toutes les choses du monde, avec différence selon; la diversité des natures des choses ; aussi les feux doivent être divers. Le premier feu est céleste, institué de Dieu, par lequel la foi et la charité envers Dieu est allumée sur les mystères de la Très Sainte Trinité et de notre miséricordieux Rédempteur Jésus-Christ. Laquelle foi ne nous trompera jamais et ne nous laissera point dans la nécessité, mais tirera nos âmes du dernier péril. Le second feu est le soleil ou feu élémentaire, produit par le Soleil véritable, père de la maturité des choses sublunaires ou du macrocosme.

Le troisième feu est corporel, par lequel toutes les viandes et médecines sont cuites et préparées. Duquel feu les hommes ne peuvent se passer, tant pour la santé que pour les aliments nécessaires à la vie. Le quatrième feu se rencontre dans la Sainte Écriture, qui porte expressément que Dieu consumera le monde par le feu avant le jour du jugement. Pour savoir maintenant quel sera ce feu, il faut s’en rapporter au jugement du Très-Haut.

L’on fait encore mention dans la parole de Dieu d’un feu éternel qui doit être employé au supplice des damnés. Lequel aussi, par la permission de Dieu, affligera les diables, et duquel j’espère que Dieu nous préservera. C’est pourquoi j’avertis tout le monde fidèlement qu’il prie sans cesse selon sa vocation et toute sa vie, et qu’il fasse en sorte que Dieu le tire et délivre du supplice infini. Que tous sachent donc que notre Pierre de Feu doit être cuite et mûrie par le feu corporel du microcosme, comme les autres médecines. Car lorsque le feu du macrocosme cesse d’opérer, le feu du micro­cosme commence à produire une nouvelle génération. Que personne ne s’étonne donc de cette coction. Le froment est parvenu à sa maturité par le feu élémentaire du macrocosme, et le feu corporel du microcosme en fait une autre coction et maturité, afin que l’homme s’en puisse servir pour sa conservation.

La véritable huile d’Antimoine de laquelle la Pierre de Feu se prépare a une pro­priété très douce ; et aussi est-elle bien purgée et séparée de la terre. Si on l’expose au soleil dans un verre qui en soit plein, elle répand des rayons admirables, rouges comme des rubis, éclatants comme le feu, avec plusieurs merveilleuses couleurs, de même que ces miroirs taillés qui, étant exposés au soleil, représentent plusieurs images.

Écoutez donc maintenant mes chers disciples, amateurs de l’Art, si vous désirez de pousser plus avant votre expérience. »

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