Assan Farid Dina ou le sphinx des Avenières


Curieux destin que celui de ce Pakistano-Indien, mauricien de naissance et arrière petit fils du célèbre « Tigre du Bengale » venu créer son zigurrat au cœur de la Savoie sur les flancs du Salève en un lieu concentrant bien des éléments liés à la géographie sacrée : la colline voisine s’appelle Sion (ce n’est ps un hasard) et le site est connu pour avoir été un ancien sanctuaire celtique.


 

 à paraitre en Novembre 2017, commander le livre en souscription ici

Cet édifice qui trône depuis 1913 sur les pentes du Salève aurait pu, aurait du disparaitre depuis longtemps à l’instar de ces nombreux palaces aujourd’hui non rentables voués à la démolition, pourtant il a survécu au naufrage du temps comme pour témoigner une dernière fois de son incroyable histoire. L’histoire de ce château de contes des mille et une nuits  commence en 1904, quand Mary Shillito découvre sur les hauteurs de Cruseilles le panorama somptueux s’offrant à ses yeux depuis ce coin du massif. En un instant, cette riche héritière américaine décide que c’est ici qu’elle fera bâtir le sanctuaire qu’elle veut dédier à Violet, sa chère sœur cadette décédée en 1901 à Cannes.

L’édification du bâtiment démarre en 1907 et durera six ans. Quand elle n’est pas sur place pour superviser les travaux, Mary hante les boutiques des antiquaires parisiens et rassemble une impressionnante collection de meubles rares destinés à son futur château. Elle profite aussi de ses séjours dans la capitale pour fréquenter des cercles dédiés aux sciences occultes.

C’est dans ce milieu qu’elle rencontre Assan Dina, un étrange personnage tout à la fois ingénieur, égyptologue et passionné d’astronomie et d’astrologie, qu’elle épousera en 1913. Le couple file le parfait amour dans ce château qui, malgré son architecture passéiste, est à la pointe du progrès avec son éclairage à l’électricité, son téléphone, son poste de TSF, ses automobiles et même son avion avec lequel Dina survole les Alpes pour ravitailler l’observatoire VALLOT. Pour obtenir de l’électricité, ce dernier a conçu et fait construire sur les Usses une petite centrale électrique près du pont de la Caille.

de gauche à droite : Thoret, Farman et Dina

Après avoir transformé la chapelle du château en un espace ouvert sur les spiritualités du monde, Assan Dina décide bientôt de faire construire un observatoire avec un télescope géant sur le Salève. Le projet suscite l’intérêt des milieux scientifiques français, impressionnés par les moyens financiers mis en œuvre. Après moult péripéties, le projet échoue, précipitant la disgrâce de Dina qui décédera  en 1928 lors d’un voyage avec son épouse sur un paquebot au large de Suez.

Remariée avec un pianiste qui ne tardera pas à dilapider son héritage, Mary Shillito vend le château des Avenières en 1936. Dès lors l’édifice va errer de propriétaire en propriétaire. Le château est revendu en 1981  à un architecte suisse qui sera le premier à lui redonner sa place et sa vocation : Pascal Hausermann.

journée du centenaire de la chapelle (1917-2017)


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *