Le secret du poêle de Winterthur


DEBOUT, UN PECHEUR A LA LIGNE SE DELASSE AVEC PLAISIR EN FERRANT UN POISSON

C’est ainsi que Fulcanelli introduit à l’attention du lecteur éclairé l’existence du poêle (rebaptisé four pour l’occasion) de Winterthur. S’ensuit une récréative et distractive lecture des médaillons qui le composent dont le but est d’y discerner les phases du Grand Œuvre. Si l’Adepte connait l’existence de ce « four » c’est qu’il a eut entre les mains un petit ouvrage paru en 1902 et préface par Papus « Esquisse hermétique du Tout universel » dans lequel on trouve très opportunément la description des médaillons. L’ouvrage est attribué à un certain JACOB, en réalité Jean-Jacques Bourcart, riche industriel drapier de Mulhouse.

Fort de cette auguste référence le très estimable Jean Laplace, animateur d’une revue célèbre dans les années 80 (La Tourbe des Philosophes) a commis un livre où avec de moult efforts stylistiques il se donne pour tâche d’amplifier et corroborer cette première lecture :

« Au plan de l’exacte symbolique, le noble personnage sur la berge représente le vitriol, car c’est lui qui, dans l’œuvre, retient la substance sublimée.

Cette scène contraste avec la difficulté réputée de l’opération alchimique qu’elle illustre, et le sommeil légendaire du pêcheur à la ligne ne correspond guère au travail que demandent les nombreuses manipulations des sublimations. Lors de la réalisation, les réitérations fastidieuses, jointes aux incertitudes de la tech­nique non encore acquise, alourdissent souvent la peine de cette phase, quoique pour qui est parvenu à ouvrir l’ huis de Nature il soit acquis que le pouvoir subsi­dent du feu organisant la matière simplifie le problème du grand oeuvre, tandis que les écueils de la science briseront toujours les vaisseaux mal chargés qui s’en approchent, à moins qu’ils ne déroutent les pilotes trop peu expérimentés qui se sont embarqués sans connaître le cap à suivre dans l’aventure mythique de la préparation du dissolvant philosophique.

Après la septième aigle la rémore sera précipitée, afin d’obtenir la fusion de ses parties pêchées une à une.

La confortation, qui termine le second œuvre, donnera au soufre philoso­phique la dureté toute spéciale du silex. Cette comparaison entre la pierre à feu et le grain isolé, est permise par l’expérience qui montre que l’un et l’autre écla­tent si on les chauffe à feu fort et nu. C’est pourquoi, sur le plan cyclique de l’Histoire, nous aimons à établir un rapprochement entre la rémore des Philoso­phes, source de Connaissance, et la civilisation de la pierre, dite à tort préhistori­que. Nous sommes ainsi convaincus pour notre part que l’âge de la pierre taillée était celui d’une haute humanité en comparaison de laquelle notre monde con­temporain, suroutillé ad absurdum, est parvenu à l’ultime étape de décadence.

Tout autant, si ce n’est plus qu’au premier œuvre, le praticien des sublima­tions se trouve toujours bien inspiré de suivre la recommandation qu’Eugène Can­seliet donna, sans explication, à l’occasion de son exposé détaillé de la première séparation : «Là, comme en toute circonstance, au cours des manipulations, il faut prendre bien garde de ne rien brusquer.»

Au second œuvre, enseignent les Philosophes, si le sec est abreuvé plus qu’il ne faut, il sera noyé et son feu n’aura plus d’action sur l’humide. C’est pourquoi les Sages, veillant à ne pas exiger de la nature un saut qui lui est impossible, n’imbi­bent que progressivement et tiennent pour bon présage qu’un voile noir et tenace recouvre le visage de Saturne le dieu vert. Lors des sublimations, donc, l’artiste prudent appose avec soin l’eau féconde de l’art, arrose la terre par l’eau de nature, imbibant doucement le composé qui aura été auparavant tassé au fond du creu­set. Un œil exercé, observant l’état du bain pâteux et plus ou moins fumant ou bien si l’on préfère de cette huile qui surnage, du vitriol en somme, sera en outre la meilleure balance qui puisse être trouvée pour ce travail. On comprendra ici que les poids de l’art doivent toujours être appliqués dans l’intention que la nature établisse sa propre pesée, sans qu’elle ne suffoque ni ne languisse.

Alors que la mer philosophique sera en ébullition et comme agitée par des lames de fond, l’artiste non expérimenté devra aussi se demander quand il sera expédient de veiller à l’aspect du vitriol et quand il sera nécessaire d’utiliser les yeux de l’esprit. Quoiqu’il en sera, il faudra suivre l’Etoile du Nord, dont par­lent Philalèthe et Limojon de Saint-Disdier, c’est-à-dire celle qui apparaît au zénith du pôle tandis qu’une force obscure appuie sur les eaux et les rend comme plus pesantes. » in Le Four alchimique de Winterthur

 

Néanmoins nous sommes au regret de le dire : les médaillons de ce poêle n’ont strictement aucune connotation alchimique à priori mais cela ne les empêche pas d’avoir une autre connotation ésotérique tout aussi importante sinon plus …  Ce que nous avons perdu d’une main nous le regagnons de l’autre !

Quant aux interprétations qui ont fait flores  nous les prenons pour ce qu’elles sont : des gammes ou exercices de style dans lesquels ces herméneutes s’adonnent à leur passion favorite, la glose narrative et échevelée autour de quelques images support. Ainsi, pour avoir bien fréquenté Richard Khaitzine (notamment à Warluis en compagnie de R. de France) nous nous souvenons comment celui-ci avait un don sinon le génie de trouver entre tout et son n’importe quoi des rapports en nombre infini, l’exercice de l’esquisse hermétique du Tout universel était bien son lot quotidien dans lequel il excellait. L’hermétisme est jeu de miroir où tout se reflète dans tout. Loin de ces spéculations érudites mais stériles, nous apportons dans notre ouvrage à paraitre (qui sera suivi d’un second ouvrage en rapport avec ce sujet à plusieurs étages) de nouvelles lumières à l’herméneutique du calorifère zurichois : après l’allégorie morale et le sens chimique/alchimique nous délivrons pour la première fois la véritable clé cabalistique de ces médaillons, clé qu’était venu chercher précisément son « inventeur » célèbre bienfaiteur de l’humanité et premier prix Nobel, l’ermite de l’Appenzell.

à suivre …

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