L’acacia m’est connu : Hiram maâkherou


Dans le rituel maçonnique, l’accession au grade de Maitre (appelé aussi exaltation) se fait par l’identification à la légende d’Hiram assassiné par trois mauvais compagnons.  Constatons sans aller plus loin que la tombe d’Hiram n’est que l’analogon du tumulus sacré d’Osiris arboré selon l’antique tradition maintenue dans les mystères d’Éleusis. Les larmes entourant le cercueil ne sont en rien des larmes de douleur (dolorosa) mais les larmes d’Horus. Soulignons simplement que le tertre du Golgotha figurant sur les anciens tableaux de loge est exact car il fait référence à un autre tertre au centre des antiques initiations. Quand le grade de Maitre fut crée il a fallu faire vite et répondre aux exigences de Sir Isaac Newton qui souhaitait rétablir un rite de type déméterien d’où l’absence d’une solide explication de ce rituel qui fut en partie largement improvisé.

Le plus étonnant est que ce qui était accessoire – la branche d’acacia – un simple repère planté pour se rappeler du lieu du meurtre devint progressivement le symbole essentiel pour désigner le Maître. On peut s’interroger sur l’étonnant parallélisme entre le drame hiramique et le drame osirien ainsi que sur d’autres critères : le mythe de l’architecte assassiné bien connu des égyptiens, le tertre arboré surmonté de rameaux, élément constitutif du rituel, et comme il sera démontré dans la seconde partie les 5 points de la maitrise que l’on retrouve à la fois dans les arcanes majeurs et dans les rituels d’Abydos. La question est : comment ont-ils pu se transmettre jusque dans cette Angleterre du XVIème siècle lorsqu’elle inventa ce troisième grade ?

Tombeau d’Osiris surmonté des branches d’acacia

Le retour à la terre :  du trépas initiatique et son rôle dans le rituel d’Abydos

Le prêtre d’Amon « entre dans la Terre ». Il parcourt un long et ténébreux corridor qui le conduira dans le Hall central du temple.

Or tous les grands mythes de l’Orient ancien et du monde méditerranéen enseignent que la descente d’un vivant dans les profondeurs de la Terre Mère, et l’acceptation des épreuves que comporte un tel retour aux sources de la vie, dispensent l’immortalité;  et la conquérir durant cette existence, c’est être initié.

Toutefois, avant d’obtenir le privilège de l’éternité, il faut passer par la mort. Si un vivant ordinaire n’éprouve qu’une mort ordinaire, l’initié, au contraire, anticipe sa mort pour devenir un dieu sur terre. Or le trépas initiatique, mimé dans la plupart des grandes civilisations, paraît nettement évoqué dans le papyrus de Leiden. De son vivant un certain Horsiésis nous en a laissé un témoignage : Papyrus T32 de Leiden.

L’initié égyptien tenant un rameau d’acacia : Anubis lui dit « passe »

On le voit accueilli par le dieu Anubis, c’est-à-dire par un prêtre portant un masque de chacal qui est, par excellence, le guide des âmes dans l’Au-delà? C’est lui qui révéla aux hommes l’art de l’embaumement ; c’est lui qui leur livra l’accès à la vie éternelle. D’ailleurs les textes, à l’envi, nomment Anubis « Maître des Mystères» et, à ce titre, il est l’initiateur par excellence.

Dans le papyrus de Leiden, c’est précisément ce dieu des morts qui guide les pas d’Horsiésis. En outre, s’il fallait encore une preuve d’un « trépas par avance » du prêtre d’Amon, il suffirait de prêter l’oreille à ce qui lui est dit dans le Hall souterrain du temple d’Abydos :

« On t’accorde le titre : Justifié = triomphant ! »

Cette dénomination — si banale quand il s’agit de désigner un défunt « justifié » devant la Balance d’Osiris — acquiert, dans le papyrus de Leiden, une singulière résonance. En effet, c’est au moment où Horsiésis, en pèlerinage à Abydos, voit Osiris, le « Juste » par excellence, qu’il reçoit  de la bouche d’un groupe d’officiants , le titre «funéraire » de « justifié ». Ainsi le prêtre d’Amon, (l’initié) en son vivant, paraît déjà « jugé » — comme le sera tout défunt — devant le dieu suprême.

Il semble bien que certains privilégiés soient soumis, de leur vivant, à un jugement osirien. S’ils en sortent victorieux, ils reçoivent le titre de maâkherou ( justifié). Ce terme qui, pour les trépassés ordinaires, signifie simplement « défunt », paraît aussi réservé à des élus vivants, et il acquiert alors le sens de « trépassé vivant », c’est-à-dire d’ « initié » peut-être à tel « degré » précis dans la hiérarchie des connaissances secrètes. D’ailleurs d’autres documents vont confirmer ce jugement osirien rendu sur terre. « Ma bonne réputation a permis ma réussite, déclare Paheri d’El Kab, dans le récit de sa vie je fus appelé… et placé sur la Balance. Je sortis de la Salle du Jugement examiné, impeccable, sauvé. »

Comment douter encore d’une authentique épreuve, subie par un certain personnage historique, Paheri de son vivant, puisque son évocation du Jugement, dans un récit biographique, confirme une réussite sociale, acquise dans le cours ultérieur de son existence ?

On peut même présumer que toutes les villes où se célébrait le rituel osirien (Busiris, Memphis, Abydos), réservaient dans le programme de leurs fêtes, une solennelle mise en scène du « Jugement osirien ». Peut-être les élus comparaissaient-ils par groupes, devant une Balance, pour entendre leur « justification » et recevoir la certitude de l’immortalité. Ces maâkherou vivants étaient, par définition, des initiés, et leur promotion spirituelle se trouvait accueillie avec enthousiasme par tous leurs proches :

« Tu diras, lit-on sur la stèle C 10 du Louvre, que je me suis réjoui de sa justification (littéralement : de son titre de maâkherou) »

Hiram est bien un maâkherou !

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