Rosslyn Chapel et le mystère des cubes


Rosslyn Chapel : l’endroit se situe à quelques dizaines de kilomètres d’Édimbourg, la capitale culturelle de l’Écosse, dans un village sans intérêt particulier. Des inscriptions sacrées celtes ont été trouvées à proximité, et Rosslyn fait partie d’un complexe druidique dédié à Saturne, l’étape ultime de l’initiation celte.

Évoqué dans le Da Vinci Code – d’une façon erronée – cet édifice surgit à notre époque comme un phare qui balaie un horizon si vaste qu’il s’étend des Celtes aux mystiques orientaux, mêlant l’Égypte au christianisme. Son histoire sanglante relate un meurtre commis sur ces lieux…  ajoutant au mystère du site.

La personnalité fascinante et complexe du comte William Saint Clair, son bâtisseur, exerce une forte influence sur l’analyse de la signification du contenu spirituel et artistique des sculptures à l’intérieur de la chapelle. Considérées de manière isolée, elles demeurent mystérieuses et sujettes à mauvaise interprétation car elles célèbrent presque chaque influence spirituelle prédominante au cours des siècles précédant l’édification de Rosslyn : par exemple, la tête sculptée d’Hermès Trismégiste, réputé l’auteur des textes hermétiques, base de nombre d’anciennes écoles grecques d’initiation. Les Grecs identifièrent Hermès comme une figure composite associant les attributs de la divinité égyptienne Thot, le dieu de la Connaissance, à ceux de la divinité grecque Mercure, à la fois dieu de la sagesse et messager des dieux. Une telle effigie, considérée telle qu’elle, peut s’avérer trompeuse, mais il en existe d’autres se référant directement ou indirectement aux cultes des mystères des époques chrétienne et pré-chrétienne. A l’intérieur de cette église supposée chrétienne se trouvent des références artistiques, non seulement aux religions de Ishtar et Tammuz de Babylonie mais aussi aux croyances norroises, aux écoles de mystère grecques et égyptiennes et au mysticisme hébraïque ainsi qu’aux courants gnostiques issus de la tradition chrétienne, tels que les Templiers.

Les sculptures du Green Man – Homme Vert- abondent. Évidemment, sa représentation figure sur d’autres édifices religieux médiévaux, comme la cathédrale de Chartres, mais plus de cent apparaissent dans la chapelle de Rosslyn. Même les influences celtiques auxquelles l’on pourrait s’attendre, semblent une explication inappropriée de cette profusion de ce que maintes personnes décrivent comme un symbole païen de fertilité dans un lieu de culte chrétien. Constitue-t-elle une série de références codées à Cybèle, Déméter ou Gaïa, mais sous une apparence celtique ? Ou bien existe-t-il un lien direct avec l’impulsion donnée par le Graal avec ses origines celtiques dans les exploits légendaires de Cuchulain ?

Les cathédrales médiévales seraient une célébration de la croyance chrétienne, système que nous pouvons étudier directement aujourd’hui ? Comme nous allions l’apprendre, rien ne pouvait être plus éloigné de la vérité !

Derrière les édifices il pouvait y avoir d’autres considérations dépassant de loin les objectifs d’une simple propagation de la foi. Il s’agit de la chapelle de Rosslyn, des cathédrales de Chartres, Amiens, Notre-Dame de Paris et Orléans, l’église de Toulouse et la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle. Toutes, dans une certaine mesure, provenaient de croyances et structures hérétiques dissimulées derrière la façade apparemment sans couture de l’église chrétienne orthodoxe.

Nombre de routes en Europe et en Orient furent empruntées pour conduire à ce lieu particulier, point focal qui ne doit rien au hasard, comme en témoigne le nom même de la famille qui fit édifier l’église : les Saint Clair. Un nom normand, lié à des ancêtres scandinaves. Nous verrons que cette origine explique certains symboles de Rosslyn dont a première pierre fut posée le jour de la Saint-Matthieu en 1446. . Mentionnons que l’un des Saint Clair fut présent lors de la chute de Jérusalem en 1099, et que le lien de cette famille avec les Templiers est avéré. On trouve d’ailleurs dans la chapelle une sculpture où deux cavaliers chevauchent le même cheval, une image bien connue des Templiers. Il est encore plus étrange de voir que l’un d’entre eux est une femme, celle que le chevalier Saint Clair escorta afin qu’elle épouse le roi d’Écosse : en récompense, il devint le porteur de la Coupe de la Reine… une fonction qui le relie directement à la Quête du Graal ! Rosslyn Chapel fut fondée par William de St Clair au milieu du XVe siècle ; son titre de noblesse est révélateur : «Chevalier de la Coquille et de la Toison d’Or». La coquille pour St Jacques de Compostelle – certains pélerins déposaient à Rosslyn leur coquille après leur voyage -, et la Toison d’Or pour l’Ordre ésotérique créé par les ducs de Bourgogne alors alliés de l’Angleterre. William est décrit comme le protecteur des ouvrages d’art et Grand Maître Héréditaire des Maçons. Le blason de la famille traduit encore ce caractère initiatique : un phénix sur son bûcher, avec le message : «René plus glorieux encore», un aigle portant les mots : «Apprécie le soleil sous une lumière pure.» La construction dura 38 ans. Sir William dirigea personnellement l’ouvrage puis son fils suivit ses instructions ; des maçons affluèrent de toute l’Europe. L’édifice de Rosslyn est une collégiale, la collégiale de St Matthieu, c’est-à-dire un lieu habituellement consacré pour honorer par des prières la mémoire de son constructeur. Or ce ne fut jamais le cas, William n’ayant jamais ordonné pareil culte. La collégiale demeura cependant inachevée sans qu’on sache vraiment pourquoi.  En raison d’un film et de présupposées liaisons avec la Franc-maçonnerie (qui n’existait pas à l’époque où la chapelle fut construite) elle attire depuis de nombreux visiteurs à qui l’on faisait croire qu’il s’agissait d’un grimoire de symboles maçonniques. Ce qui n’était pas le cas, mais grimoire oui, mais pas dans le sens où l’on s’y attendait.

exemple de cube (il y en a plusieurs centaines repartis dans la chapelle). Chacun possède un « pattern » différent mais ayant son répondant dans l’une des figures de Chladni

La musique des cubes et la découverte d’une discipline

Il n’est de mystère qui ne finisse par livrer ses secrets, ainsi des hiéroglyphes, ainsi de Rosslyn et aujourd’hui du Tarot par votre serviteur. Il suffit d’avoir sa pierre de Rosette !

Pour la chapelle Rosslyn le secret est bien loin du Da Vinci code et des illuminati mais musical et c’est un musicien écossais Stuart Mitchell qui l’a découvert.
Les architectes aussi ont glissé des messages cachés dans leurs édifices et Rosslyn n’échappe pas à la règle.  Elle foisonne de références cachées et codées qui fascinent les visiteurs depuis des siècles. L’une des principales curiosités de cette chapelle est le pilier de l’Apprenti, qui forme une magnifique hélice sculptée.
D’aucuns pensent que ce pilier et son pendant, le pilier du Maître, représentent Boaz et Jachin, les piliers qui ornaient l’entrée du premier temple de Jérusalem. Sur l’architrave qui relie les deux piliers, on peut lire l’inscription latine Forte est vinum fortior est rex fortiores sunt mulieres super omnia vincit veritas, c’est-à-dire : « le vin est fort, le roi est plus fort, les femmes encore plus fortes, mais c’est la vérité qui domine tout. » Cette citation provient du troisième chapitre du livre d’Esdras, un livre apocryphe de la Bible.
Oubliez les histoire de Graal, de templiers etc.. car la découverte de Stuart Mitchell va bien plus loin : la vérité était ailleurs comme il se doit.
En 2005, le compositeur écossais Stuart Mitchell a réussi à élucider une série complexe de codes cachés dans 213 cubes du plafond de la chapelle. Après avoir réfléchi au problème pendant 20 ans, Mitchell a découvert que les motifs des cubes formaient une partition de musique écrite pour 13 musiciens du Moyen Âge. Ces sons inhabituels auraient eu une signification spirituelle pour les constructeurs de la chapelle.
La clé du déchiffrement est apparue lorsqu’il a découvert que des pierres situées au pied de chacun des 12 piliers de la chapelle formaient une cadence (les trois accords finaux d’un morceau de musique) dont il n’existait que trois variantes connues ou jouées au XVe siècle. En octobre 2005, il déclarait dans le journal The Scotsman : « c’est un morceau en trois temps qui ressemble à une chanson d’enfant. Il est écrit en plain-chant, une forme de composition courante à l’époque. Dans les années 1400, il n’y avait pas vraiment d’indications concernant le tempo, donc j’ai choisi de le jouer en six minutes et demie. Mais avec un tempo différent, on pourrait très bien le faire durer sur huit minutes. »
C’est la chapelle elle-même qui fournit les instructions concernant les musiciens qui doivent interpréter ce morceau : au sommet de chaque pilier est sculpté un musicien jouant d’un instrument médiéval différent – cornemuses, pipeaux, trompette, orgue à bouche médiévale, guitare – ou un chanteur. Mitchell a intitulé ce morceau The Rosslyn Motet.
213 cubes ornent les voutes et gèlent un code musical que l’on vient de déchiffrer. Mais si Rosslyn n’a rien à voir avec les illuminati ou autres délires maçonniques elle reste un haut lieu de savoir ésotérique. Pourqoi et comment cette science a pu nous échapper depuis des siècles à notre observation ?


Les gravures inscrites dans les cubes sont les clefs (au sens musical) pour interpréter le morceau de musique qui devait signifier plus qu’une chanson à boire car Rosslyn fait partie des lieux consacrés à l’Apocalypse (signifiant révélation). Et en effet nous avons affaire à une superbe révélation qu’il convient d’aborder avec des yeux neufs débarrassés du fatras des projections et surinterprétations qui ont été faites jusqu’à présent produisant l’effet inverse qui est d’occulter et non de voir !
Saturne faisant de la musique : on retrouve ce motifs sur plusieurs cubes décorant les voutes de la chapelle de Rosslyn.

La musique des sphères et la cimatique

Le son agit sur la matière physique et possède la propriété de générer des motifs géométriques. Quelle est la nature de l’onde sonore? Que sait-on vraiment de son pouvoir sur nous ? Au 18ème siècle. Ernst Chladni(1756-1827) , un mathématicien doué et discret va faire une importante découverte. L’homme est aussi musicien et sa passion pour le violon va le conduire à une découverte extraordinaire. Saupoudrant de sable un disque de cuivre, il en frotta le bord avec son archet. La plaque se mit à vibrer et le sable à se déplacer, dessinant d’authentiques formes géométriques. « Qu’on juge de mon étonnement voyant ce que personne n’avait encore vu », dira plus tard son ami et philosophe Lichtenberg, auteur de travaux sur l’électricité statique.

Dans les années soixante, le physicien Hans Jenny sera le premier à révéler ce phénomène oublié. Grâce à l’évolution de l’électronique, il prolonge les recherches et fait varier les supports. Il invente le tonoscope, petit appareil tubulaire assorti d’une membrane sur laquelle on aura versé de la poudre, qui permet de créer des formes étonnantes avec le son de sa voix. Plus d’un siècle après les premières expériences, Jenny livre des observations d’une grande précision sur la nature du son, et invente une nouvelle science : la cymatique. Du grec  »vague », la cymatique étudie l’interaction du son et de la matière. Les outils de mesure acoustique modernes ont permis d’étudier ces modulations spontanées : dans l’eau par exemple, un son grave produit un cercle entouré d’anneaux ; un son aïgu accroît le nombre d’anneaux concentriques. Soumise au rythme des oscillations, la variété de formes générées semble sans limite. Hans Jenny parlera de « modèle dynamique mais ordonné ». Quel pouvoir autonome renferme l’onde sonore ? et la connaissance de ce  pouvoir fut-il ainsi consigné à Rosslyn ?

Une simple comparaison avec les photos obtenues avec les dessins des cubes montre la corrélation des motifs et explique la découverte de Stuart Mitchell. Mais un autre phénomène plus récent et en apparence sans rapport va nous montrer l’importance de cette disciple qu’est la cimatique et ses implications, sans doute une découverte qui devait paraitre assez extraordinaire à l’époque de la conception de cette chapelle en 1446.


L’exemple de Saturne : le chant de Saturne produit un hexagone musical

Découvert dans les années 1980, l’hexagone de Saturne se présente sous la forme d’un immense motif nuageux hexagonal. Son centre est animé par un énorme tourbillon tournant en permanence au-dessus du pôle Nord de la planète. La formation nuageuse, unique en son genre, mesure près de 32.000 kilomètres de large, pour 100 kilomètres d’épaisseur. Nombreux sont les chercheurs à avoir tenté d’en comprendre l’origine et les dynamiques avec plus ou moins de succès. Jusqu’à présent, aucun modèle avancé ne s’est montré assez complet pour expliquer la forme hexagonale de ce nuage.


La découverte de Stuart Mitchell peut en effet s’appliquer à l’étrange hexagone paru il y a trente ans.

L’hexagone a été découvert à l’origine dans des images prises par le vaisseau spatial Voyager au début des années 1980. Depuis 2006, l’instrument VIMS (Cassini Visual and Infrared Mapping Spectrometer) a observé l’hexagone dans le spectre des  longueurs d’ondes infrarouges, mais à une résolution spatiale inférieure à celle de ces images lumineuses visibles. L’hexagone a une taille de 25.000 Kms de long. Et si l’étude des sons pouvait nous aider à comprendre certains phénomènes sidéraux ?

schéma explicatif de la formation de l’hexagone à la surface de la planète Saturne

Bill Kurth de l’Université de l’Iowa aux États-Unis a analysé les émissions de radio capturées par le vaisseau spatial Cassini de la NASA dans le cadre d’une recherche interdisciplinaire.

Déjà dans le passé, les musiciens ont utilisé des ondes de radio planétaire avec des degrés divers de succès. Les vaisseaux spatiaux Voyager ont été équipés d’antennes pour capter le bruit ambiant et la musique faite à partir de son système solaire. Ces vagues de sons font l’objet d’études en parallèle avec les recherches classiques, ainsi chaque planète selon l’intuition du génial Kepler possède sa note et les sons observés et enregistrés peuvent anticiper des phénomènes à venir.

Et la NASA elle-même a commandité un  travail « Sun Rings » en 2000 du quatuor à cordes américain, le Kronos Quartet. Il y eut un premier concert en  2002, l’ensemble  combine des instruments à cordes et des voix avec des sifflets et des rythmes graves  recueillis dans l’espace extra-atmosphérique au cours des 40 dernières années.

Le pattern observé sur Saturne et ayant son correspondant sur l’un des cubes de la Chapelle de Rosslyn correspond à une émission radio à 15 fréquences entre 375 et 2200 kHz précisément.

Il est intéressant de souligner  que si les figures géométriques dans la chapelle de Rosslyn sont produites par les mêmes principes que ce qui se passe sur Saturne, la vibration et le son, alors Saturne est littéralement en train de «chanter» une musique dans le cosmos. La NASA a publié des émissions radio enregistrées de Saturne qui ont un son étrange et envoutant  qui pourrait également être considéré comme ayant une structure assimilable à une  ligne mélodique intelligente et harmonique.

Explication des figures surnommées faute de mieux de « Lucifer », en réalité il s’agit d’une sirène en raison de sa musique qui vous ensorcèle.

Représentation ci-dessus ; en rapport avec l’épisode d’Ulysse, une sirène enchainée.  Proclus. philosophe néo-platonicien avait répertorié trois espèces de Sirènes, les célestes, les terrestres et les souterraines. Elles sont évoquées dans le mythe platonicien d’Er à l’occasion de la ronde des cercles que l’on voit représentées ici.

« de mouvoir les cercles des Âmes divines qui tournent avec mesure selon des mouvements bien rythmés » Platon, Timée. Les cercles représentent aussi la construction de la voute céleste. Platon les fait présider aux sphères célestes, dont le chant des Sirènes est la musique et le mouvement en cercle concentrique détermine le sort des hommes, dans un au-delà à deux plans, l’un céleste, l’autre infernal, dont le point de jonction est la prairie.

Les sirènes sont assimilées à des femmes oiseaux ou femme avec des ailes, elles s’accompagnent le plus souvent d’une harpe … Représentée encordée signifie une allusion à l’épisode d’Ulysse et à son étymologie, le nom des Sirènes vient du  mot grec seirênès “chaîne, corde, lasso”, d’où le sens de “celles qui attrapent, qui attachent”.

Cette étymologie  fait clairement allusion, au rôle qui leur est dévolu par la mythologie et que nous retrouvons sous ce chapiteau de façon évidente. C’est aussi la première fois que son rôle est dévoilé. Il confirme de fait que Rosslyn Chapel est d’abord et avant un haut lieu d’ésotérisme musical.

Johan Dreue auteur de nombreux ouvrages sur le symbolisme.

Voir la suite ici

La révélation du 3ème Temple


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