si Fulcanelli m’était raconté …


Johan Dreue Fulcanelli Canseliet
Si Fulcanelli m’était raconté …

Que n’ai-je été raillé ! et parfois vilipendé par ce cénacle, digne d’une petite cour des miracles, qui s’est arrogé un droit de propriété intellectuelle sur  l’Adepte en oubliant que je fus le seul à avoir rendu au niveau national l’hommage qu’il méritait à son disciple déclaré, j’ai nommé Eugène Canseliet … Dans le second volume de ma biographie j’attire l’attention sur un point qu’il conviendra de résoudre prochainement : le silence du disciple faisant écho à la discrétion de son vivant du Maître.

« Immortel de son vivant et jouissant d’une confortable notoriété, Fulcanelli était reçu au plus haut niveau du pouvoir, il était l’ami de tous, protecteur à son tour des grands espoirs de la Science comme Pierre et Marie Curie. A ce niveau de notoriété il aurait dû à son tour bénéficier de cette gloire dont la plupart sont friands mais il n’en fut rien et au regard de ses nombreuses inventions on peut même s’interroger sur cette occultation qui survint assez rapidement après sa mort. Il ne connu ni le Panthéon ni les fastes que la république habituellement décerne à ses grands hommes. Pourtant il les méritait bien plus que quiconque. Alors pourquoi ? sinon qu’une convention tacite régnait sur sa personne et qu’elle était voulue car une autre vie devait commencer. Celle de son œuvre et de sa transmission et filiation. Eugène Canseliet, maillon indispensable a sans doute également accepté cette même loi tout au long de sa vie tout en semant ici et là suffisamment de révélations pour que le fil un instant interrompu soit rétabli.  Malgré son récit  il subsiste bien des zones d’ombre !  L’ouvrage remis en mains propres dans les années 1925-26 à Jean Schemit, l’éditeur, est accompagné de 48 illustrations de l’artiste Julien Champagne. Mais voilà, lorsque l’on connait la personnalité du rapin Julien Champagne, on imagine mal que ce travail ait pu être accompli sans quelque gratification d’autant que l’artiste devait honorer en plus d’Hermès, la Dive Bouteille fort onéreuse… donc qui a payé pour ce travail ? » Johan Dreue in « L’Alchimiste de la République »

Canseliet quand sel y est
Blason d’Eugène Canseliet « Quand sel y est »

Silentio  : On le sait Eugène Canseliet aimait attirer l’attention sur son nom sous forme de rebus, langue des oiseaux « Quand Scel y est » mais aussi l’origine de son nom en latin cancellarius (« huissier impérial »), dérivé de cancelli qui a donné chancel en français et cancel en anglais, soit la figure éponyme du Chancelier, celui encore qui appose le sceau sur les passeports et sur les pièces diplomatiques. Peut-on dire que le sceau est rompu à ce jour et les scellés des documents levés : sans aucun doute, mais ceci s’est fait également avec l’aval d’une haute autorité dont les membres de la famille de l’illustre Savant et Adepte font partie. Canseliet avait aussi fait le rapprochement (qui lui fut très troublant) entre son nom et celui de Francesco Cancellieri qui consigna le récit  de la transmutation faite par le spagyriste ambulant connu sous le nom de Giuseppe Francesco Borri : épisode de la porte de Palombara dont Eugène Canseliet nous fait un large compte rendu dans « Deux logis alchimiques ». Ce silence s’accordait à sa façon avec le sacerdoce hermétique auquel il avait consacré sa vie. Enfin pour conclure cet aperçu n’oublions pas que plus secrètement Cancellare signifie tout simplement effacer, de là à en conclure il n’y a qu’un pas qu’il reste à analyser.

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Miguel Mañara (1627-1679) est un gentilhomme sévillan à la jeunesse sans histoire qui s’est rendu célèbre par son œuvre caritative et sa réputation de sainteté. la légende lui attribue la vie du célèbre Don Juan. Miguel de Manara lisant les règles de la Santa Caridad. Tableau de Valdes Léal dont nous donnons une analyse dans notre prochain ouvrage à paraitre. Apostolat adeptal

 

La figure de Miguel de Manara est en rapport avec le titre du troisième ouvrage non paru « Finis Gloriae Mundi » mais c’est aussi   la pièce de théâtre Miguel Mañara d’Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz, un proche de l’Adepte (voir notre ouvrage) et c’est sans doute par son intermédiaire – Lubicz Milosz – que l’attention du Maître pu se porter sur cette grande figure de piété mystique qui n’était pas sans rappeler cette autre figure qu’est Saint Vincent de Paul.

canseliet feu du soleil johan dreue
Celui que l’on nommait à la fin de sa vie : « le Maître de Savignies » fut le passeur privilégié de Fulcanelli pour « Le Mystère des Cathédrales » et « Les Demeures Philosophales » mais aussi le préfacier reconnu de ces mêmes ouvrages. Canseliet a durant toute sa vie pratiqué l’Alchimie, selon la formule consacrée, comme une « Science de la Vie » et écrit outre ses ouvrages de référence des centaines d’articles sur cette pratique dans de très nombreuses revues, a également aidé et guidé de multiples adeptes tentant le Grand Œuvre, tous alchimistes, qui furent à bien des égards, sinon des disciples, tout au moins sa succession philosophique, car il ne pouvait en être autrement – La Tradition Hermétique qui est avant tout transmission se doit de laisser couler la source et l’énergie, partout en son mystère, Dieu le Feu, Dieu le peut !

Article sur la définition de l’Alchimie par Eugène Canseliet :

« L’Alchimie est, spirituellement, la volonté d’élévation, de progression constante et, physiquement, l’extraction du suc, de la saveur ; elle satisfait le besoin de la spéculation, de l’expérience, aux aspirations de l’esprit et de la matière. Le désir de la quête alchimique répond à un état de conscience, découlant, pour l’homme, du phénomène d’harmonie qui peut s’établir entre le rythme de son âme et celui de l’âme universelle. Ainsi la créature peut-elle échapper à la sphère limitée, ô combien décevante, de l’individu et de sa collectivité.

Tombée dans l’oubli, calomniée, ravalée au niveau de la sorcellerie, l’Alchimie pose à nouveau ses problèmes éternels et retrouve une audience sans cesse accrue. Elle apparaît comme un facteur d’apaisement à l’inquiétude générale, un acte de foi pour la pensée, une source de Science. L’alchimiste s’applique surtout à la réalisation du Grand-Œuvre, qui se développe sur les deux plans, spirituel et physique, et a pour but la découverte de la médecine universelle ou Pierre Philosophale. Appuyées par la discipline d’une très rigoureuse philosophie, les opérations du Grand-Œuvre se déroulent dans le laboratoire, où elles apparaissent très semblables à celles de la chimie.

Quelque chose les diffère néanmoins, qui peut être qualifié de magie naturelle et qui repose scientifiquement sur le respect de conditions extérieures et cosmiques. C’est ainsi que les matériaux qui servent aux opérations alchimiques, subissent préalablement une longue et minutieuse préparation. Il importe en effet que les substances se présentent aussi pures que possible pour le moment de leur mise en œuvre, et l’alchimiste s’applique à rester en contact avec elles, intervenant de toute la force de son être.

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le feu secret

L’athanor, qui étymologiquement signifie privé de mort, est le fourneau secret de l’alchimiste. Exactement l’athanor enveloppe et retient le feu caché qui doit être nourri par le feu élémentaire, c’est-à-dire celui qui alimente, à l’extérieur, le gaz ou le charbon. Ce feu secret ou sel nitre recueilli de la rosée, est très véritablement l’âme du monde, et l’agent de toutes les merveilleuses métamorphoses auxquelles donne lieu la surhumaine création du Grand-Œuvre. Il est le cœur de la création alchimique et il est retenu au centre du mercure dont la vertu végétative est exubérante. Il est aussi figuré tantôt par le serpent, tantôt par la coquille Saint-Jacques. C’est un point capital de la Science qui n’est transmis que de bouche à oreille. Le matras ou l’œuf des Philosophes est incubé progressivement, en une gradation pondérable, colorée et sonore qui a fait aussi désigner le Grand-Œuvre par l’expression d’Art de Musique. Au début de l’œuvre, l’œuf est également le symbole de la matière première qui est brutalement ouverte par l’épée. De même, les Anciens voulaient que fut une agriculture céleste leurs travaux sur la matière, qu’ils représentaient souvent par un chêne vieux et creux. Des cavernes de la montagne d’Hermès, est tiré le dragon à qui l’air ou le vent apportera les ailes de la volatilité. Ce langage, à la fois chimique et mythologique, est celui de l’antique Tour de Babel qui s’enfonce semblablement dans les cieux et la terre. Sous les hiéroglyphes du soleil et du lion, le soufre est sublimé par degrés, dans sa course sur le zodiaque des planètes. Le globe terrestre nourrit de son sein ce soufre que les vieux alchimistes appelaient l’enfant chimique, et dont un antique précepte nous révèle que « le vent l’a porté dans son ventre ».

Pavillon de la Porte Dorée.
Pavillon de la Porte Dorée.

La salamandre lui insuffle la vie, puisqu’elle demeure le symbole du feu secret qui illustre scientifiquement le fluide igné du centre de la terre. Le dragon qui se dresse entre le soleil et la lune, sous les yeux de l’homme et de la femme, n’éveille-t-il pas le danger que constitue l’exploitation du pouvoir illimité de la matière sans toute la sagesse requise ?

La mandragore, la Main de Gloire, le tour de main ou de force sans lequel ne peut-être maîtrisé le monstre figurant le minerai ; pour le fuir, notre matière mondée s’est mise sous la protection des alchimistes, avec le soleil et la lune philosophiques encore dans leur enfance. Au début, la rencontre des deux matières primordiales est violente, que figure le combat fameux du chevalier et du dragon et qui s’apaise ensuite quand s’affrontent les soufres symbolisés par les deux lions. Saturne dévore son enfant, avant que le roi-soleil et la reine-lune du Grand-Œuvre se préparent pour l’hyménée indissoluble. Avant même qu’ils entrent ensemble dans la couche nuptiale, la purification est nécessaire. La génération, en un premier temps, à lieu dans l’eau d’une caverne et s’achève sur la terre à la lumière du jour. De l’union sans tache des deux natures, naît l’hermaphrodite, c’est-à-dire l’homme nouveau, revenu à l’état de perfection et de félicité totale qui était celui dont il jouissait au premier âge du monde. L’hermaphroditisme n’est atteint que par l’épreuve infernale qui, en alchimie, est exclusivement celle du feu. C’est une impossibilité physiologique sur le plan ordinaire de l’humain, exprimant dans l’œuvre alchimique l’union inséparable qui est celle du soufre et du mercure philosophiques. Leur association intime et radicale, se poursuit dans les flammes les plus vives en un grillage qui conforte l’hermaphrodite, et que suivra une longue période de putréfaction, au sein du matras. C’est la phase obscure du Grand-Œuvre, celle des ombres cimmériennes, celle du noir plus noir que le noir, duquel sortira l’éclatante Lumière. La mort qui est toujours accompagnée de la putréfaction, de la dissolution physique, n’est que le prélude de la naissance à une vie nouvelle. Celui que personnifie le petit roi couronné, dans toute sa gloire, c’est lui le pur du pur, le pourpre, l’escarboucle des Adeptes et, sous son nom le plus connu :

La Pierre Philosophale ! …

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