Si la révolution fit taire ou assécha les grandes voies de la Tradition, il n’en fut pas de même avec la troisième république car jamais les alchimiste n’eurent autant de protection que sous l’égide de Marianne au bonnet phrygien. Le premier d’entre eux fut aussi le premier à fréquenter les allées du pouvoir et se targuer d’être l’ami sincère de la plupart des présidents de conseil de son époque. D’autres aussi frayèrent avec la République comme Marcellin Berthelot que nous évoquons dans ces lignes car il représente la doxa officielle sur l’Alchimie, doxa qui ne fut pas partagée par son illustre collègue et ami Fulcanelli. Nous en expliquons les raisons dans notre ouvrage.
Héliopolis est aujourd’hui située dans la banlieue du Caire mais ce fut le centre spirituel de la la basse Egypte et la légende dit que les plus grands philosophes grecs comme Pythagore ou Platon s’y rendirent. Les grecs lui avait donné le nom d’« Œil du Soleil ». La cité fut édifiée XXVII siècles avant notre ère. Elle abrita l’enseignement sur la cosmogonie égyptienne liée à l’ennéade avec les trois émanations du Soleil où un temple lui est spécialement dédié :
- Khépri ou l’aurore
- Ré (ou Râ) et son zénith
- Atoum et le couchant
soit l’aube, le zénith et le crépuscule.
Enfin, c’est à Héliopolis qu’était vénérée la sainte ennéade, ou assemblée des neuf dieux issus de Rê qui symbolisaient la création du monde :
- Rê – le soleil – le feu divin,
- Shou – l’air – le souffle divin,
- Tefnout – l’humidité – la semence divine,
- Geb – la terre,
- Nout – la voûte céleste,
- Osiris,
- Isis
- Seth,
- Nephtys.
Le culte de Rê entra probablement en concurrence avec celui du dieu Ptah adoré dans la ville voisine de Memphis et dont le culte est attesté dès la période thinite. En effet les premières dynasties royales qui suivaient selon le mythe les ancêtres divins sur le trône d’Horus, choisirent pour nécropole le site de Saqqarah voisin de la cité du dieu Ptah et ce jusqu’à la IIIe dynastie, définissant du même coup l’emplacement de la résidence royale des premiers temps.
Pour autant les temples de la cité du dieu solaire ne sont pas négligés. On y a retrouvé les restes de reliefs datant du règne de Djéser, représentant des divinités de la grande ennéade, ainsi que le roi accompagné de son épouse Hétephernebty et de deux de ses filles dont Inetkaes. Ces reliefs devaient orner l’un des sanctuaires abrités dans l’enceinte primitive de la ville et sont l’un des rares témoignages de l’attention portée par pharaon aux cultes d’Héliopolis pour cette haute époque de l’histoire du pays.
De nombreuses mythologies découlèrent de cette cosmogonie dont celle d’Isis et Osiris, de Seth et Horus, de Sekhmet, l’Œil de Rê, etc.
Selon la Thèse officielle, l’Alchimie minérale égyptienne, source de l’Alchimie occidentale, que les érudits font remonter à plus de cinquante siècles en arrière, aurait encore été à la recherche d’elle-même mille années avant J.C. La Doctrine générale et secrète que légua son grand Inventeur, ne fut probablement pas remise en question mais certainement les pratiques métallurgiques, forgées de caractères foncièrement animistes, magiques et rituéliques ou théurgiques. La Quête alchimique serait ainsi restée longtemps confinée dans ses aspects métallurgiques entre les mains de la Caste religieuse, dirigeante, qui serait parvenue à l’apogée de sa puissance lors de la dernière grande Période égyptienne, au Xe siècle avant J.C. Soit cinq bons siècles avant les premières incursions et invasions grecques, auxquelles s’ensuivit l’hégémonie romaine.
On retrouve, à partir du IXe siècle après J.C, l’Alchimie entre les mains des pharaons, dieux vivants sur la Terre et Maîtres de la haute Prêtrise. Mais elle n’était plus, cependant, qu’un objet de convoitise, abimés qu’ils étaient par leur « culture de la filiation endogame » et corrompus par les abus qu’engendrent fatalement toute Autocratie.
Ces quelques propos étonneront. Il est vrai que la plupart des hommes aiment se gargariser des thèses officielles dont la fonction première est de les contenir dans une hypnose générale. C’est pratique lorsque l’on ne veut pas réfléchir, se poser de question et rester ainsi à la merci des broyeurs d’identité puis fondu dans leur moule réducteur.
Pour simplifier quant aux thèses apocryphes, l’Alchimie aurait donc été chronologiquement :
– une Mystique sacerdotale égyptienne accouplée à un Art de fusion primitif (de la nuit des temps à environ – 400/300 avant JC.
– une théurgie métallique grecque, une métaphysique météoritique (de – 300 à environ 650);
– un Art empirique arabe de la matière, influencée par l’aristotélisme (de 650 à environ 1200) ;
– un Art pré-rationnel occidental, implanté à l’époque médiévale où la scolastique régnait en maitre (de 1200 à 1600) ;
– un Art spéculatif et utopique de Transmutation métallique, puisque ne reposant, selon les nouveaux philosophes, sur aucun substrat connu (de 1600 à 1885);
– une chimie balbutiante, une science de la matière embryonnaire, selon l’avis autorisé du chimiste Marcellin Berthelot (de 1885 jusqu’en 1923) ;
– une métaphysique eschatologique d’une Élite, enfin révélée au Monde ignorant par la bienveillance d’un Adepte (de 1923 jusqu’à nos jours)
Avant tout c’est à Marcellin Berthelot que nous sommes redevables d’avoir orchestré le premier, quoique sur les seuls postulats rationnels, la réhabilitation de l’Alchimie et par voie de conséquence, actionné ainsi un intérêt nouveau qui fera flores jusqu’à aujourd’hui. Il convient de reconnaitre que la somme prodigieuse de données scientifiques a le mérite d’exister tel qu’elle est, en pensant au fastidieux travail de traduction et d’expérimentation d’un homme de génie, ami et collègue de Fulcanelli.
C’est en effet à Marcellin Berthelot que nous sommes redevables d’avoir orchestré le premier, quoique sur les seuls postulats rationnels, la réhabilitation de l’Alchimie et par voie de conséquence, actionné ainsi un intérêt nouveau qui fera flores jusqu’à aujourd’hui. Il convient de reconnaitre que la somme prodigieuse de données scientifiques a le mérite d’exister tel qu’elle est, en pensant au fastidieux travail de traduction et d’expérimentation d’un homme de génie, ami et collègue de Fulcanelli.
Dans la préface de son ouvrage, Les Origines de l’Alchimie Marcelin Berthelot précise : « Depuis bien des années, je réunissais des notes sur l’histoire de la chimie, lorsque je fis en Orient en 1869, à l’occasion de l’inauguration du Canal de Suez, la visite des ruines des villes et des temples de l’ancienne Égypte, depuis Alexandrie jusqu’à Thèbes et Philae, l’aspect enfin des débris de cette civilisation qui a duré si longtemps et s’est avancée si loin dans ses industries, reportèrent mon esprit vers les connaissances de chimie pratique que celles-ci supposent nécessairement.
Les alchimistes prétendaient précisément faire remonter leur science à l’Égypte. C’était la doctrine sacrée, révélée par Hermès à ses prêtres. Mais où retrouver les traces positives de cet ordre de connaissances ? Mariette (le célébre égyptologue français) que j’entretins souvent à se sujet, ne put rien m’apprendre. Un mémoire de Lepsius, sur les métaux Egyptiens, traduit en 1877 pour la Bibliothèque des Hautes Etudes, me fournit cependant de premières ouvertures. En le comparant avec ce que je savais déjà des premiers alchimistes, par l’Encyclopédie méthodique et par les histoires de Kopp et de Hoefer, je commençai à comprendre la suite des idées qui avaient guidé les premiers essais de transmutation et je pensai à m’en expliquer par écrit.
« J’entrepris de pénétrer leur doctrine, jusqu’ici si énigmatique. La Bibliothèque Nationale de Paris voulut bien me confier ses précieux manuscrits ; je surmontai les difficultés du déchiffrement et celles plus grandes encore, qui résultaient de ma connaissance un peu lointaine de la langue grecque, à l’étude de laquelle j’avais renoncé depuis quarante années. Elle se retrouva cependant dans nia mémoire, plus fraiche que je n’osais l’espérer. J’exposai mes premiers résultats dans deux articles publiés par la Nouvelle Revue, au commencement de l’année 1884 ; articles que les nombreux lecteurs de cette Revue ont bien voulu accueillir avec une faveur, dont j’ai conservé les sympathiques témoignages.
Marcellin Berthelot fut certes un grand chimiste honnête dans sa démarche et quelqu’un à qui l’on doit une reprise sérieuse des études de l’Alchimie qui avec lui – et depuis – plonge ses racines dans l’antique Égypte, il faisait d’ailleurs partie du cénacle des Chevaliers d’Héliopolis, mais son point de vue est partial sinon représentatif de son époque, oubliant ainsi les origines hyperboréennes de l’Alchimie et pensant à une quelconque évolution de l’Alchimie au cours des siècles, point de vue respectable mais totalement faux ! Bien qu’ayant été assimilée aux cours des siècles par plusieurs civilisations allant de l’Égypte (alchimie sacerdotale) aux romains en passant par les perses, les grecs et les arabes, il n’en demeure pas moins que la science adeptale de la transmutation a de tout temps résisté à sa façon à ces différentes tentatives d’assimilation en utilisant son propre véhicule de transmission et ses propres règles de filiation, c’est que Fulcanelli nous enseigne au travers de ses écrits en évoquant l’Esprit universel qui ne relève pas du temporel. De tout temps les gardiens de la Tradition ont veillé et rien n’a pu se faire sans leur aval. Ils se préoccupèrent aussi de l’occulter lorsque cela s’avéra nécessaire comme aujourd’hui. Autant le dire, sans vouloir citer les actuels souffleurs de verre aux stages opératifs contre rémunération, nous pouvons affirmer que l’Ars magna échappe et saura toujours échapper aux prédateurs ou à ses manipulateurs de foire ! à tous ceux qui veulent leurrer pour mieux fourvoyer l’étudiant imprudent. En bref, l’Alchimie restera toujours un formidable contre-pouvoir dérangeant, notamment par la pratique transmutatoire dont le Dépôt ancestral ne souffre d’aucune amélioration ni progrès étant resté tel que depuis ses origines.. Le Bômos ne tardera plus à réapparaitre pour nidifier. à suivre
« Mais ce n’était là qu’une entrée en matière. Depuis lors je n’ai cessé d’approfondir l’étude des manuscrits et de rechercher tous les textes des auteurs anciens se rapportant à la chimie, textes plus nombreux et plus explicites qu’on ne le croit communément. J’y ai récolté une multitude de renseignements, qui ont donné à mon œuvre plus de précision et de solidité.
C’est ainsi que mon premier travail s’est transformé en un livre, composé de première main et d’après des documents en grande partie inédits.
Les Papyrus grecs que nous a légués l’ancienne Egypte, et qui sont conservés dans les Musées de Leyde, de Berlin et du Louvre, à Paris, m’ont procuré pour cet objet les plus précieux renseignements. Ils confirment pleinement les résultats fournis par l’étude des Manuscrits des Bibliothèques, auxquels je me suis particulièrement attaché.
Non seulement j’ai fait une analyse complète des principaux Manuscrits parisiens ; mais j’ai pu, grâce à l’esprit libéral du gouvernement italien, comparer les textes que nous possédons avec ceux d’un Manuscrit de saint Marc à Venise, legs de Bessarion, le plus beau et le plus vieux de tous ; car les paléographes déclarent qu’il remonte à la fin du X° siècle, ou au commencement du XI° siècle de notre ère. Les ouvrages qu’il renferme sont d’ailleurs les mêmes que les nôtres. Les Manuscrits de Venise, aussi bien que ceux de Paris, sont formés par des traités dont les copies existent aussi dans les principales Bibliothèques d’Europe. Ces traités constituent une véritable collection, d’un caractère semblable dans les divers Manuscrits. J’ai traduit un grand nombre de fragments de ces traités ; traduction difficile à cause de l’obscurité des textes et des fautes même des copistes ; je réclame à cet égard toute l’indulgence du lecteur… » Marcellin Berthelot
à suivre dans « L’Alchimiste de la République » ..