du cygne noir au collier de l’Annonciade


cygne-noir2Dans l’étal de formation de notre société du moyen-âge, la chevalerie, alliance étroite de l’esprit chrétien avec l’esprit féodal, a accompli une carrière généreuse et civilisatrice. Un chevalier se consacrait à la défense des opprimés; aux recherches excessives des occasions de gloire et de danger il unissait les pratiques d’une charité exemplaire pour les pèlerins et les lépreux, il professait un respect passionné pour la femme, que les législations barbares avaient jusqu’alors considérée comme une esclave. L’épée du chevalier, serviteur du Christ, fut constamment une protection pour la religion et la justice, malte la faiblesse humaine, qui, au moyen-âge, comme aujourd’hui, à sans doute bien souvent, à côté de l’élévation du but, laissé surgir la défaillance du fait.


L’application de ces idées a fait naître les compagnies religieuses et militaires, des Templiers, des Hospitaliers, de Saint-Lazare, du Saint-Sépulcre, etc. Les princes, comprirent bientôt quelle force pouvait présenter la réunion de plusieurs chevaliers dirigés et excités vers, un but commun et national; ils multiplièrent ces compagnies en leur donnant des statuts et des marques de distinction.
Amédée VI, la personnification de la chevalerie de son époque, avait, dès l’an 1350, fondé l’ordre du Cygne noir, dont but était de s’opposer aux guerres des particuliers). Douze ans après il fonda, l’an 1362 en l’honneur des quinze mystères joyeux de la Vierge, l’ordre du Collier de Savoie, dont les comtes et ducs de Savoie furent successivement les grands-maîtres., composé de 15 membres, lui-même étant « chiefs quinzesme des chivaliers pourtant ledit Ordre ». Il ya beaucoup d’incertitude sur la forme primitive du Collier porté cette époque. On sait seulement qu’il était d’argent doré supportant un nœud composé de trois lacs d’amour. Les statuts de l’ordre, probablement égarés, furent de nouveau mis en écrit le 30 mai 1409 par Amédée VIII, petit-fils du fondateur.

cahier_annonciadeLe même duc fit des additions à ces statuts le13 janvier 1434. Charles III onzième grand-maître, ajouta, an 1518, dans le vide formé par les trois lacs du nœud, de l’Annonciation de la Vierge et les quinze roses sur le grand Collier, depuis cette époque, l’Ordre a pris le nom de l’Annonciade. Ce même prince, en l’honneur des cinq plaies de N-S. Jésus-Christ, augmenta de cinq le nombre des chevaliers qui fut ainsi porté à vingt. Emmanuel-Philibert, le glorieux restaurateur de la monarchie de Savoie, restaura aussi son Ordre suprême; fit encore des modifications aux statuts de l’Ordre en 1570 et 1577, tels qu’ils étaient encore en vigueur dernièrement.
La Chapelle de l’Ordre était établie à la chartreuse de Pierre-Châtel. Après la cession de la Bresse et du Bugey à la Franco, elle fut transportée en 1607, par Charles-Emmanuel II, l’église des Hermites, dits Camaldules, sur la colline de Turin, et en 1340 dans l’église de la chartreuse de Collegno, près Turin. Sous Charles II, le costume des chevaliers se composait d’une tunique de damas blanc et d’un manteau de velours cramoisi fourré de menu vair, frangé et brodé de lacs d’amour et des lettres F. E. R. T. Pour les cérémonies de deuil, le manteau — primitivement une robe blanche que chaque chevalier devait donner aux Chartreux — était de drap noir pendant jusqu’à terre. Emmanuel-Philibert voulut que le manteau de cérémonie fut de velours bleu d’azur doublé de taffetas blanc, brodé comme il et dit plus haut, et la tunique également de taffetas blanc. Sous Charles-Emmanuel I le manteau d’amaranthe fut doublé de toile d’argent, et au lieu de la robe ou tunique blanche, les chevaliers portèrent l’habit de satin blanc avec les chausses troussées de l’époque. Sous Charles-Emmanuel II, le costume était de velours plein amaranthe semé de roses et flammes en broderies d’or et d’argent, bordé de lacs d’amour de l’Ordre, frangé d’or et doublé d’une toile d’argent bleue l’habit de satin blanc brodé de soie. Plus tard, la couleur du manteau fut de nouveau en cramoisi, comme elle l’était encore du temps de Charles-Albert.

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