Un livre supposé écrit par l’Adepte a suscité tous les fantasmes, il s’agit du fameux « Finis Gloriae Mundi » disparu car repris par le Maître selon Eugène Canseliet : en réalité il n’en est rien. En effet quelques chapitres ont survécu et ont été réintégrés dans les deux oeuvres connues ; il s’agit des chapitres sur la Croix Cyclique d’Hendaye, l’Atlantide, le Paradoxe du progrès illimité des sciences, l’Age d’Or et l’obélisque de Dammartin sur Tigeaux !…
Effectivement les thèmes de ces chapitres n’ont pas leur place dans le corpus principal et désorientent le lecteur. Néanmoins nous savons aujourd’hui qui en été la source principale et comment son concepteur – qui vivait dans son entourage – a pu transmettre ses idées à l’Adepte. Cette affaire fera l’objet d’une petite publication à part sous le titre de « Le secret de Saint Vincent Depaul et l’énigme des quatre A »…
En effet, avant même que naisse l’Adepte, un autre savant et hermétiste, probablement alchimiste basque parvint à déchiffrer la croix cyclique d’Hendaye et à traduire son message dans toutes son envergure. C’est d’ailleurs lui qui invita Fulcanelli à venir sur place contempler cette croix, la nouvelle ligne de chemin de fer inaugurée en cas de visite de l’empereur Napoléon III permettait le voyage. Par ses travaux scientifiques, il fut également à l’origine des méditations du Maitre sur le bouleversement possible des pôles : nous aurons à en expliquer les raisons dans notre ouvrage.
Millénarisme
« Près du transept méridional, écrit Fulcanelli, une humble croix de pierre, aussi simple que curieuse, se dissimule sous les masses vertes du parvis. Elle ornait autrefois le cimetière communal, et c’est seulement en 1842 qu’on la transporta près de l’église, à la place qu’elle occupe aujourd’hui. Quant à l’origine de cette croix, elle est inconnue et il nous fut impossible d’obtenir le moindre renseignement sur l’époque de son érection. Toutefois en prenant pour base de supputation la forme du soubassement et celle de la colonne, nous pensons qu’elle ne saurait être antérieure à la fin du XVIIe siècle ou au commencement du XVIIIe. » (p.217 édition 1970)
« La croix d’Hendaye, par la décoration de son piédestal, se montre bien le plus singulier monument du millénariste primitif, la plus rare traduction symbolique du chiliasme, que nous n’ayons jamais rencontré. On sait que cette doctrine, acceptée tout d’abord pui combattue par Origène, saint Denys d’Alexandrie et saint Jérôme, bien que l’Église ne l’eût point condamnée, faisait partie des traditions ésotériques de l’antique philosophie d’Hermès » (Mystère des cathédrales p. 217).
Le millénarisme ou chiliasme (du Grec Khilias, mille) prône des cycles de 1000 ans et de sept mille ans. Dans la chrétienté cette idée se répandit largement au cours des premiers siècles. Elle fut tantôt acceptée, tantôt refusée, mais comme le dit fort justement Fulcanelli, elle ne fut jamais condamnée par l’Église, ce qui exclue donc son appellation de secte comme on peut le lire trop souvent dans les dictionnaires et encyclopédies.
Le millénarisme spécifie qu’avant la fin du monde il y aurait une première résurrection des sages qui vivrons pendant 1000 ans dans le bonheur.
Aussi le rejet de cette doctrine est en réalité la conséquence du rejet de la réincarnation par saint Jérôme et saint Augustin. Quant ils décidèrent de supprimer la réincarnation de la chrétienté ils furent obligés de supprimer également le millénarisme même s’il reposait sur l’ancien testament (Apocalypse chapitre XX), d’où l’attitude de l’Église qui ne pouvait la condamner.
Les inscriptions sur les bras de la croix et la lettre « S »
Sur le bras horizontal de la croix on lit l’inscription latine suivante, en lettres majuscules, disposée sur deux lignes et encadrée :
OCRUXAVE S
PESUNIC A
Fulcanelli remarque qu’en première lecture il semblerait qu’il s’agisse de la phrase bien connue :
O crux ave spes unica
se traduisant par :
« Salut, oh Croix, unique espoir. »
Cependant c’est une inscription dont la disposition est volontairement erronée car elle isole, en bout de ligne, la lettre S qui aurait due être liée à « pes » (qui signifie « pied ») en tronquant le mot « spes » (qui signifie « espérance ») quant à la lettre A qui devrait être solidaire du mot « unica », elle est séparée d’un espace. Cela prouve que ce n’est pas par manque de place que le s de « spes » fut séparée du mot. Donc, ces anomalies sont voulues pour attirer l’attention sur le sens caché de cette inscription apparemment banale pour les catholiques. La phrase devient alors, avec ses anomalies :
O CRUX AVE S PES UNIC A
Les deux lettres isolées doivent donc être assemblées, et ne peuvent constituer que le mot l’AS, c’est-à-dire l’unité selon l’auteur latin Vitruve. C’est d’ailleurs là l’origine de l’as (figure seule) dans le jeu de carte. D’où l’as celui qui est unique, le meilleur, en une chose.