OCRVXAVE S APESVNICA
En cette inscription, seize lettres se répartissent en deux groupes égaux, de quatre consonnes et autant de voyelles, situés de chaque côté de l’S serpentueuse symbolisant la course du soleil et son retournement, phénomène que nous avons étudié tout au long de ce livre.
En conservant la place qu’elles occupent, ces lettres ont toutes, sauf deux, une analogie cabalistique en rapport direct avec leur situation respective de part et d’autre de l’S. Ce sont en premier toutes les voyelles que nous délaisserons pour ne nous occuper que du « squelette » des mots, généralement seul considéré en cabale de lettre.
Parmi les consonnes nous aurons donc les deux C, le X et le deuxième S, le V et le P, enfin le N et le R. Nous retrouvons là les âges de la Tradition, exprimés en un double cycle de quarante-huit siècles nécessaires à ce que les deux éléments atteignent le même hémisphère. Les deux C sont parfaitement homonymes, ce sont les deux âges d’or où la concorde, la concordance, est parfaite. Le X et le S sont des synonymes cabalistiques, ils sont d’un accord encore harmonieux et l’un diffère peu de l’autre si ce n’est en fixité ; ce sont les deux âges d’argent. Le V et le P sont de lointains parents qui ont en commun le phi des Grecs, grâce à ce scel ils sont encore d’un bel accord, quoique imparfaitement et tributaires du phi ; ce sont les âges de bronze. Quant au N et au R, ceux-ci sont en complète disharmonie en étant parfaitement étrangers l’un à l’autre. Leur particularité frappe, et nous y reviendrons ; c’est l’âge de fer où règne la discorde.
Ces deux fois quatre âges sont séparés par le retournement hélicoidal du soleil que symbolise l’S, image de l’astre parvenu au zénith de sa course. Par ailleurs les deux C, l’X et le S sont de la même famille cabalistique et représentent l’ensemble des âges du règne de Dieu, les autres lettres forment le règne de l’Homme ou du Fils de l’homme, le huit hélicoïdal de l’ensemble (8) étant celui de l’infini…
Ce qui précède est ce que tout au plus nous aurions pu envisager de publier. Ce qui va suivre est ce que nous avons rédigé pour les Enfants de Nature, en obéissance au regretté Eugène Canseliet ; que nul ne nous en blâme, donc.
Le N et le R des âges de fer, peuvent aussi se réclamer d’une autre interprétation. Seules cabalistiquement irréductibles de part et d’autre de l’S centrale, ces deux lettres piquent la curiosité ; pareillement intrigante est la croix de Saint-André, le khi, qui domine l’inscription tout en haut de la branche verticale de la croix. N’y aurait-il pas un rapport entre ces trois lettres à forte personnalité ?
Ce khi insolite situe l’endroit où, d’ordinaire, se peut voir l’inscription Igne Natura Renovatur Integra, la nature se renouvelle entièrement dans le feu. En abrégé, comme toujours, ces mots s’inscrivant à la place du khi doivent se lire IXRI Ce N et ce R irréductibles et de surcroît de nature de fer, ne sont-ils pas les consonnes de ces initiales dont on veut, exotériquement, qu’elles soient ironiques en signifiant : « Jésus de Nazareth, roi des juifs » ? Dans l’affirmative, ces deux consonnes isolées auraient pour but de nous instruire sur le sens de ce khi en nous le faisant considérer à la clarté de l’affirmation révélant que la nature se renouvelle entièrement dans le feu. Mais que cela peut-il nous apprendre ? C’est Fulcanelli qui nous apportera la lumière dont il disserta si abondamment au chapitre de Louis d’Estissac :
« Les bohémiens utilisent la croix ou X comme signe de reconnaissance. Guidés par ce graphique tracé sur un arbre ou sur quelque mur, ils campent toujours exactement à la place qu’occupaient leurs prédécesseurs, auprès du symbole sacré qu’ils nomment Patria. On pourrait croire ce mot d’origine latine et appliquer aux nomades cette maxime que les chats -vivants objets d’art -s’efforcent de pratiquer : Patria est ubicumque est bene, partout où l’on est bien là est la patrie ; mais c’est d’un mot grec, Patria, que se réclame leur emblème, avec le sens de famille, race, tribu. La croix des romanichels ou gipsies indique donc nettement le lieu de refuge affecté à la tribu. »
Cela, qui en douterait, doit se passer de plus amples commentaires. Signalerons-nous seulement qu’il est regrettable que le monument ne soit plus au lieu qu’il occupait à son origine car, transporté à la place qu’il tient aujourd’hui, il a perdu l’orientation qui était la sienne et donc l’indication précise de son khi.
En déclarant que l’inscription, latine, 0 crux ave spes unica, devait se lire : « il est écrit que la vie se réfugie en un seul espace », Fulcanelli ne justifia pas, comme à son habitude, l’origine de sa traduction ; simplement renvoya-t-il à Grasset d’Orcet. Nous ferons de même après avoir ainsi élagué le chemin :
CRXV S PSNC
La traduction donne :
« Latin écri khe vi se refuge es pase unic. » Le mot refuge étant pris du khi supérieur et le S central usité deux fois selon que sa situation le permet.
Ainsi et par l’épenthèse du L, il se lira la phrase, un peu différente, en son vocabulaire, de celle de l’adepte : Il est écrit que la vie se réfugie en l’espace unique.
Le « en » venant par métathèse du mot latin. Mais, de toute évidence, il se peut aussi lire :
Il est écrit que la vie, ce refuge, n’est pas unique.
Qu’est-ce à dire ? La vie se réfugie-t-elle en un seul espace ou bien est-elle un refuge qui n’est pas unique ? Nous répondrons : les deux ensemble. En effet, l’espace unique, la contrée sacrée, la zone, est l’arche géographique où se réfugieront les Elus que viendront extraire les Adeptes selon la promesse de Philalèthe :
.. mais je vois en esprit lorsque nous, les Adeptes, nous reviendrons des quatre angles de la terre.
Cependant ce qui crée l’arche n’est rien d’autre que la Force forte de toute force exaltée dans la Pierre Philosophale. C’est la Gemme des Sages qui, sous certaines conditions, provoque un espace vierge de toute atteinte des éléments. Si l’Ancien Testament nous apprend l’existence d’une Arche de Salut ; au livre d’Esaï :
« Tu as été un refuge pour faible Un refuge pour le malheureux dans la détresse Un abri contre la tempête Un ombrage contre la chaleur. »
Il nous enseigne aussi la nature de ce refuge :
« Voici, j’ai mis pour fondement, en Sion, une pierre Une pierre éprouvée, une pierre angulaire de prix solidement posée Celui qui la prendra pour appui n’aura point hâte de fuir. »
Voilà pourquoi la pierre philosophale, marquant la vie, il est dit qu’il n’y a pas qu’un seul refuge, car chaque Adepte est le centre d’une Arche ; mais ceux-ci se réunissant probablement au même endroit, il est aussi écrit que la vie se réfugie en un seul espace, en l’hémisphère Sud pour le présent cycle. « Là où argent repaît, nous apprennent les voyages en kaléidoscope, c’est le meilleur quartier de cette mandarine terrestre. » Où se trouve ce lieu où argent, les gens de l’art, repaissent ? Seul un Adepte pourrait répondre.
La fraternité d’Héliopolis se rapportant, selon Eugène Canseliet, à l’Apocalypse, n’est-il pas tentant d’y retrouver une résonance templière ? La croix de gueule est un symbole pascal et le badigeon sanguin, cruciforme, préservant les élus : elle servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang et je passerai par-dessus vous » (Exode XII, 11). C’est bien sûr là, pour l’Ancien Testament, l’équivalent du message apocalyptique de Jean : « Ne nuisez ni à la terre, ni à la mer ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons mis le sceau sur le front des serviteurs de notre Dieu. » Quel sera, au vrai, ce signe précédant le jour de colère qu’annonça à sa manière l’auteur des Voyages en kaléidoscope ? »
Extraits de quelques voyages pour la semaine de Pâques :
Nous conclurons cet exposé en revenant à l’avenue Montaigne, à ce troène aujourd’hui mort, comme en avertissement aux curieux et plus encore aux bavards. Quel fils de Science ne sera pas en accord avec nous si nous déclarons qu’il est indigne de chercher à découvrir l’identité du vieil homme qui vit dans le présent sous le nom de Fulcanelli : car c’est bien l’état civil en son insignifiante banalité que recherchent ceux qui nous harcèlent, obligeamment d’abord, puis dans la vulgarité ensuite, en réaction à notre ignorance de ce qu’ils recherchent et qu’ils prennent pour un refus. Par ailleurs chaque individu émet des ondes, que le philosophe sent, en conséquence de quoi tout dialogue dépend des intentions du quémandeur. A ce sujet, devant un manifeste mais discret refus de notre part, un quidam jugea malin de nous envoyer un sincère Fils de l’Art qui reçut, du triste sire, notre adresse à la condition qu’il répéta au généreux indicateur la teneur de notre discours… Mais dans l’intimité philosophique ce qui était caché fut crié sur les toits. Ce sont les mêmes qui nous demandent les références des archives où se trouvait cette photographie dont nous parlâmes et où se voyaient « les habitués » ; tant et si bien qu’à la fin nous l’avons donnée. Surprise ! Cette personne revint nous voir en nous apprenant qu’il n’existait pas de photographie semblable au lieu que nous avions indiqué. Comme pour notre part, nous sommes certains de l’y avoir trouvé, cette « disparition » est advenue fort à propos car plus que la photographie, c’étaient les noms inscrits des personnages y figurant qui intéressaient notre visiteur.
Comme ils étaient loin de cette mentalité de mouche, ces habitués de l’avenue Montaigne desquels était aussi, sur la photographie, Jules Simon, que cita Fulcanelli. Qu’on en juge par l’extrait de cette lettre de Ferdinand de Lesseps adressée à Mme Delamalle en 1855 :
« Je veux faire une grande chose, sans arrière-pensée, sans intérêt personnel d’argent. C’est ce qui fait que Dieu m’a permis jusqu’à présent de voir clair… » in Jean Laplace, la suite dans les cahiers Hors série Fulcanelli par JK
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