Jehan Lallemant, chevalier de la Table ronde


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Les trois Jean Lallemant sont chevaliers de l’ordre de Notre-Dame de la Table-Ronde de Bourges

L’occupant de l’Hôtel qui porte son nom à Bourges était également membre de la célèbre confrérie. Pour Fulcanelli, dans son ouvrage  « le Mystère des Cathédrales », cet hôtel est « le témoignage  d’une science immense dont Jean Lallemant, alchimiste et chevalier de la Table ronde, possédait tous les secrets » .

hubertrobertIntroduction : commentant le pseudonyme du Maître, Eugène Canseliet évoque une forme italianisée de Vulcain avec Hélios. Mais pourquoi italianisé et non pas hispanisé ? Si l’on excepte le Mystère des Cathédrales avec ses deux cathédrales, il n’a jamais été perçu à ce jour que l’auteur de cette oeuvre énigmatique ne porte son attention que sur des demeures à résonance italienne, que ce soit pas ses occupants ou ses artisans ou encore son histoire : le tombeau de Nantes, la galerie de Dampierre sur Boutonne, Louis d’Estissac, l’Hôtel Lallemant etc … L’Adepte se plait à chaque fois de rappeler combien ces demeures philosophales doivent au génie des artistes italiens, pas étonnant donc que son pseudonyme soit italianisé ! Une autre explication tient au jeune homme avant qu’il ne devienne Fulcanelli et qui pouvait admirer près de chez lui des collections d’art italien à loisir dans un célèbre musée !

A cet égard l’escapade sevillanne apparait pour ce qu’elle est : une galéjade propre à égarer les esprits !

Les Lallemant : à Bourges l’opulente cité marchande devient un centre intellectuel grâce à la fondation d’une université par le frère de Louis XI en 1463. Les Lallemant sont des drapiers et fournisseur de la cour vers 1455-1460. Elle est anoblie en 1482. Cette époque marque l’apogée de la cité berrichonne. La famille Lallemant est un des quatre grands mécènes de Bourges.
En 1487 un terrible incendie ravage les deux-tiers de la ville. Il faut reconstruire et c’est l’actuel hôtel Lallemant car l’ancienne demeure a été intégralement détruite par le feu.
Jean Lallemant, receveur général de Normandie à la suite de son père Guillaume en 1481, « entreprend la reconstitution de sa demeure privée, en rachetant l’emplacement des maisons brûlées à côté de la sienne, sur le mur d’enceinte gallo-romaine … et en fit une demeure à l’usage d’habitation et de fonction plus digne de sa fortune et de son rang. La construction entreprise aux alentours de 1490 était loin d’être terminée à sa mort en 1494. Ses deux fils prénommés l’un et l’autre Jean parachèvent l’édifice vers 1515-1518. »

Chronologie : Jean Lallemant, père, est receveur général de Normandie. Marié à Marie Petit, ils ont deux garçons, nommés chacun Jean. Pour les distinguer l’un est appellé Jean l’aîné, l’autre Jean le jeune. Le père décède le 28 juin 1494.

Jean l’aîné fut à son tour receveur général de Normandie de 1494 à 1517 et Jean le jeune receveur général de Languedoc jusqu’en 1535, puis de nouveau en 1545. Tous deux furent maires de Bourges, respectivement en 1500 et 1510. Ces deux Jean eurent deux frères, Guillaume et Etienne, qui entrèrent dans les ordres, et une soeur qui épousa un marchand florentin de la famille Rucellai. Proches de l’entourage royal sous Charles VIII et Louis XII, les frères Lallemant Jean l’aîné et Jean le jeune étaient au contact de la civilisation italienne et des premières manifestations artistiques de la Renaissance en France. Autour d’un premier terrain proche de la place Gordaine, propriété de Guillaume Lallemant dès 1445-1446,
son fils Jean et ses petits-fils Jean l’aîné et Jean le jeune réunirent progressivement un vaste espace, que la présence du mur d’enceinte romain rendait pentu. Ils y édifièrent entre 1495 et 1500 un hôtel particulier, dont l’entrée se faisait depuis l’actuelle rue de l’Hôtel Lallemant, dans une cour bordée de bâtiment, tandis que des jardins s’étendaient à l’emplacement des fossés, vers la rue Bourbonnoux, d’où l’on accède aujourd’hui à la demeure.

A la suite de l’entrée de Louis XII à Bourges en 1506 et sans doute avant 1513, le décor de l’Hôtel fut remanié, à l’intérieur comme à l’extérieur. L’hypothèse d’une participation du sculpteur italien Antoine Juste a été avancée.

Hotel Lallemant ange acrobate
L’ange acrobate tenant le rosaire de l’ordre des chevaliers de la Table Ronde de Notre Dame. Il tient dans sa main une sorte de rosaire terminé par un curieux objet. Ce rosaire ou collier présente un agencement spécial de ses grains. Ils sont regroupés selon la suite arithmétique ascendante un, deux, trois, quatre, cinq, faisant penser à la tetraktis pythagoricienne. Dans son travail l’ange finit d’ordonner ses grains en amenant celui qui se trouve près de sa main droite à rejoindre les quatre autres pour en faire une série de cinq et finir ainsi son ordonnancement.

L’Ordre des chevaliers de la Table ronde de Notre Dame. Cet ordre, fondé en 1486 par un marchand lyonnais, Jean de Cucharmois, n’est apparemment pas un ordre ésotérique à la recherche de la Pierre Philosophale. Ce cercle de 15 membres, agrandi à 24, est réservé aux bourgeois de la ville qui s’y entraident et se soutiennent ; il s’agit d’une chevalerie roturière qui perdure de 1486 à 1533 selon le manuscrit Harley 5301 conservé à la British Library .
« Le 8 mai 1490 Jean Cucharmois part de Bourges visiter le Saint Sépulcre. Durant son absence Jean Lallemant l’aîné prend la tête de l’ordre. En 1492 Jean Lallemant le jeune est reçu chevalier. Il reçoit le chapelet composé de cinq dizaines dont les Pater étaient d’or et les Ave de corail, enfilés en lacs de soie verte » explique René Alleau dans un article intitulé « Commentaires sur le livre d’heures de Jehan Lallemant », publié dans la revue « La tour Saint Jacques » n°1 de décembre 1955.

Dans l’ange acrobate on peut distinguer à son extrémité un morceau de corail. Le corail rouge, le Corallium rubrum des joailliers, était jadis intensivement pêché en Méditerranée. On ne le trouve aujourd’hui qu’à une certaine profondeur et sa cueillette est très réglementée. La mythologie tient le corail pour du sang pétrifié de Gorgones. Mais en fait il fait référence à bien plus !

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Andrea Mantegna – La Vierge de la Victoire – 1496 Musée du Louvre

Le Livre de Cratès : Manuscrit arabe du VIIIe siècle. – bibliothèque de Leyde
« C’est avec cette substance que l’on fait le soufre sec, que les philosophes ont appelé rouille et ferment d’or, or à l’épreuve, et corail d’or (mot à mot : or de pourpre). »

 » Quant aux noms que les Anciens ont donnés, comme, par exemple, ceux de cuivre, d’argent, de chair, de molybdochalque, d’or, de fleur d’or, de corail d’or, ce sont là des dénominations qu’ils ont créées pour désigner l’élixir. Ils ont voulu ainsi indiquer chacune des couleurs que prend l’élixir, et ils ont suivi jusqu’au bout l’ordre dans lequel elles se produisent. Chaque fois qu’on augmentait la fluidité du mélange, une nouvelle couleur était déterminée ; à chaque changement de couleur, on donnait un nouveau nom au mélange, et sa puissance tinctoriale augmentait.
Aussi les livres secrets des philosophes l’ont-ils nommé d’abord plomb ; puis quand il a été cuit et que le noir en a été extrait, on l’a appelé argent ; ensuite, lorsqu’il a été transformé, cuivre. Quand on a versé sur ce produit de l’humidité, après la rouille ; lorsque l’on a éliminé la matière noire dans la partie rouillée et qu’on a vu apparaître le jaune, on lui a donné alors le nom d’or. A la suite de la quatrième opération, nous l’avons appelé ferment d’or ; à la suite de la cinquième, or à l’épreuve ; à la suite de la sixième, corail d’or (or de pourpre) ; enfin à la suite de la septième opération, c’est l’œuvre parfaite, la teinture pénétrante.
Tous ces noms ne s’acquièrent que sous l’influence du feu, et c’est grâce à lui que les opérations engendrent ces qualités, qu’aucune teinture ne développe à un si haut degré, ni avec une telle intensité et qu’on ne saurait, sans illusion, chercher à obtenir autrement. Si les gens connaissaient la puissance nécessaire pour former la meilleure qualité, ils sauraient qu’une seule matière peut donner naissance aux dix produits dénommés par les Anciens. »

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