Schwaller de Lubicz, Fulcanelli et l’usine de Sarcelles : de Sarcelles à Suhalia


schwaller de lubicz
Schwaller de Lubicz à Suhalia

 

La question se pose : les deux hommes se sont-ils rencontrés et sinon ont-ils eu des liens autre les fantasmagoriques attributions de paternité sur l’oeuvre de l’Adepte. Nous avons démêlé les fils de ce qui est un réel canevas et pouvons aujourd’hui affirmer avec certitude que des liens indirects ont bien existé avec un point commun : l’usine dite « à gaz » de Sarcelles, en fait une unité chimique sous contrôle militaire pour les besoins de l’armée.

En 1914, à vingt-sept ans, alors que la France vient d’entrer en guerre, René Schwaller est mobilisé comme simple brancardier; il trouve ensuite, sur recommandation de son père et de quelques théosophes influents, un poste à l’usine à gaz de Sarcelles — service chimique de l’armée — pour y faire les analyses systématiques de tout le ravitaillement des troupes (en particulier celles des colorants des tissus d’uniformes et celles des denrées acheminées sur le front). Ce qu’il ne sait pas c’est que cette unité est en réalité sous le contrôle direct de l’Adepte alors président de la commission pour les inventions nouvelles contribuant à l’effort de guerre, notamment la supervision des unités chimiques dont celle où il travaille !…

Le jeune Schwaller y restera quelques années et y fera sa formation de chimiste qu’il revendiquera par la suite. Des relations vont se nouer notamment avec un jeune capitaine qui rejoindra ensuite en 1922 le groupe des « Veilleurs », groupe lui même issu du premier groupe crée sous le nom de « Centre apostolique » à Paris et qui réunissait le gotha ésotérique de l’époque.

Bien des années plus tard une partie de ces acteurs vont de nouveau se retrouver à ladite usine pour y procéder à la fameuse expérience  de la transmutation de Sarcelles. Mais Schwaller est déjà loin grâce à son mécène Allainguillaume et s’investit dans l’édification d’une nouvelle communauté en Suisse sur les hauteurs de Saint Moritz : la station « scientifique de Suhalia ». (prochain article)

Ecoutons un « sarcellois » de souche, Eugène Canseliet narrer cet épisode rentré dans la légende alchimique, nous commenterons ensuite mais les explications ne seront fournies que dans notre ouvrage à paraitre « à l’Ombre des chênes » avec des révélations inédites scellées depuis plus de 70 ans  :

La « transmutation » de 1922 à Sarcelles :

R. A.
Comment Fulcanelli vous a-t-il accueilli?

E. C.
Très bien, très chaleureusement.

R. A.
Il vous a pris tout de suite comme élève?

E. C.
Non. Il y eut une période d’accommodation, si je puis dire. A partir de 1916 seulement, je l’ai côtoyé de très près, jusqu’en 1922. Six ans tout de même! Et à peu près dans son intimité. Et c’est là, à Marseille, que j’ai rencontré auprès de Fulcanelli, Jean-Julien Champagne.

R. A.
Fulcanelli vous donnait des conseils. Mais travailliez-vous avec lui au laboratoire?

E. C.
Non, on ne peut pas dire que j’ai travaillé avec lui, ce ne serait pas vrai. Mais j’étais un enfant dans…

R. A.
Il dirigeait vos lectures ?

E. C.
Ah oui! Il m’a prêté des livres d’alchimie, et il a commencé en me prêtant de Louis Figuier, L’Alchimie et les alchimistes.

R. A.
Quand avez-vous commencé à oeuvrer?

E. C.
Lorsque je suis entré à l’usine à gaz de Sarcelles — où s’effectua cette transmutation dont a parlé Jacques Bergier, dans le Matin des magiciens, et elle eut lieu en présence de Champagne et d’un certain Gaston Sauvage.

R. A.
En quelle année était-ce?

E. C.
La transmutation ? En 1922.

R. A.
En 1922, c’est-à-dire que vous étiez encore avec Fulcanelli.
E. C.
Ah oui! Et là, il est parti.

R. A.
Champagne et Sauvage étaient donc aussi ses disciples ?

E. C.
Non, pas ses disciples. Champagne travaillait chez les Lesseps. Fulcanelli était ami intime de Pierre Curie et de combien d’autres personnalités du temps, parmi lesquelles celui qui perça le canal de Suez, Ferdinand de Lesseps.
Je n’ai pas connu Pierre Curie, mais il s’occupait d’alchimie. Les conversations que j’entendais dans l’entourage de Fulcanelli ne laissaient aucun doute à cet égard. Dans la petite exposition dont j’ai fourni le matériel à la Librairie du Merveilleux, rue Condorcet, en 1975, ont figuré des ustensiles qui avaient appartenu à Pierre Curie, qui passèrent à Fulcanelli et que celui-ci m’a offerts.
Ferdinand de Lesseps, lui, avait trois fils. Je les ai connus tous les trois. L’aîné, Bertrand, a été tué, je crois bien, un jour avant l’Armistice, le 10 novembre 1918. Ç’a été une perte pour Champagne.

R. A.
Cette projection, projection de pierre, qui entraîna une transmutation, se fit donc suivant les directives de Fulcanelli ?

E. C.
Oh oui ! C’est lui qui me l’a fait exécuter. C’est moi qui l’ai exécutée, mais d’après ses indications.

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Le fameux Kermes de Fulcanelli, sulfure d’Antimoine (JD archives) Le nom de kermès a été imposé par les alchimistes à ce composé à cause de sa couleur qui se rapproche beaucoup de celle que donne à la laine la cochenille du chêne vert nommée par les Arabes kermès, c’est-à-dire petit ver. Pasteur fut le Maitre et l’initiateur de Fulcanelli

En 1922 Canseliet avait 25 ans et possédait un logement de fonction dans l’usine qu’il met à disposition pour procéder à la fameuse expérience en présence de Gaston Sauvage. En fait ce n’était en rien le Grand Oeuvre mais un simple « particulier ». Eugène Canseliet avouera la supercherie lui même à André Savoret bien plus tard ! La même année Schwaller de Lubicz quitta Paris et rompit avec les milieux ésotériques et c’est en Suisse dans l’Engadine qu’il apprit la parution le 15 Juin 1926 chez Jean Schémit à Paris du « Mystère des Cathédrales ».

On a voulu faire de Schwaller de Lubicz l’auteur de ce livre mythique mais cette paternité ne tient pas devant les nombreuses contradictions qu’elle suscite : que ce soit par le style, les sujets traités, les indications relatives à la vie personnelle et aux amis de l’Adepte ne peuvent faire de Schwaller l’auteur de ce livre. Son oeuvre est d’ailleurs suffisamment immense et se suffit à elle même sans vouloir lui adjoindre des éléments hétérogènes qui ruineraient son unité et sa cohérence. Plus vraisemblable est l’hypothèse du libraire érudit Pierre Dujols. Celle-ci non plus ne résiste pas à l’évidence des faits exposés dans ces deux ouvrages ainsi que les nombreuses références tant au milieu scientifique qu’aux voyages effectués par la Maître et que le malheureux Dujols alité le plus souvent était bien incapable d’accomplir !… Laissons donc au Maître lui même l’apanage de son Oeuvre. JD

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à suivre ici


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