Saint Vincent Depaul et l’énigme de la croix cyclique d’Hendaye
Le Maître cite souvent Saint Vincent de Paul et s’insurge sur la façon d’orthographier son nom, en réalité Depaul.. Nous en verrons les raisons mais il convient de souligner que cette connaissance est tout à fait exceptionnelle et inédite, d’où vient-elle ? voilà la question ?… Il reste encore beaucoup à dire autour de cet étrange personnage sur lequel nous possédons quelques archives inédites qui le rapprochent encore un peu plus de l’Adepte, bien que ce dernier n’ait pas eu accès à ces pièces inédites de son temps (Voir le tombeau de Raoul De Lannoy, une demeure philosophale inédite en Picardie par votre serviteur Johan Dreue). Nous ne donnerons ici que quelques indications déjà évoquées ici et là, le reste étant réservé pour les lecteurs de nos cahiers.
L’énigme des quatre a : AAAA
C’est à Dax, dans les Landes, que Vincent Depaul passa une partie de son enfance et entreprit ses études grâce à son protecteur et ami M. De Cormet. Grâce à la générosité de cet homme de Loi, il put s’inscrire à l’université de Toulouse. Il faut souligner l’instruction exceptionnelle que reçut Vincent afin qu’il puisse changer la mentalité de son siècle, d’où son ordination à la sortie de l’adolescence. Ses connaissances théologiques et ses dons d’orateur (il les montrera en diverses occasions surtout lors de ses conférences du mardi où il formera le haut clergé) étaient celle d’un prince de l’Église.
Dax est tout au sud des Landes, jouxtant la frontière avec le département des Basses-Pyrénées qui devint Pyrénées-Atlantiques en 1969. Quand naquit Vincent les départements n’existaient pas, nous étions au sud de l’Aquitaine, dans la Gascogne, à deux pas du pays Basque. Ainsi Bayonne est à 53 Km et Hendaye à 70 km. C’est à Hendaye que se trouve le mystère de AAAA.
Au cœur de la vieille ville, l’église Saint-Vincent domine la baie de Chingoudi faisant suite à l’estuaire de la Bidassoa, fleuve frontière au débit capricieux. Cet édifice basque fut construit pour la première fois en 1598 et détruit à plusieurs reprises lors des guerres contre l’Espagne entre 1793 et 1813. En définitive ce sanctuaire fut bâti et rebâti et donc profondément remaniée sans perdre pour cela son caractère régional.
À côté de cette église paroissiale se dresse une croix gravée dont l’alchimiste Fulcanelli décrypte le sens en son livre Le mystère des cathédrales paru en 1926 et dont son ami Jules Boucher,– l’auteur du célèbre ouvrage la symbolique maçonnique, qui devint la « bible » des Francs Maçons,– écrivit un article 10 ans plus tard dans la revue « Consolation » pour commémorer l’événement.
Le large public n’aura connaissance de cet ouvrage de Fulcanelli qu’à la parution du livre à grand succès Le Matin des Magiciens de Louis Pauwel et Jacques Bergier publié chez Gallimard en 1960 et réédité dans les collections de poche.
« Près du transept méridional, écrit Fulcanelli, une humble croix de pierre, aussi simple que curieuse, se dissimule sous les masses vertes du parvis. Elle ornait autrefois le cimetière communal, et c’est seulement en 1842 qu’on la transporta près de l’église, à la place qu’elle occupe aujourd’hui. Quant à l’origine de cette croix, elle est inconnue et il nous fut impossible d’obtenir le moindre renseignement sur l’époque de son érection. Toutefois en prenant pour base de supputation la forme du soubassement et celle de la colonne, nous pensons qu’elle ne saurait être antérieure à la fin du XVIIe siècle ou au commencement du XVIIIe. » (p.217 édition 1970)
Cette croix était donc, à l’origine indépendante de l’édifice religieux. Elle fut donc réalisée spécifiquement pour le cimetière qui jouxtait l’église puis déplacée, de quelques dizaines de mètres en 1842, pour rejoindre le parvis de l’église.
Elle fut probablement érigée en même temps, ou peu après, que la première construction de l’édifice religieux, ce qui accrédite les suppositions de Fulcanelli quant à son age.
Il faut remarquer que sa présence dans le cimetière l’a, certes, protégé lors de la destruction de l’église mais surtout lui donne un sens global particulier. En effet, le fait qu’elle ait été placée initialement dans le domaine des morts revêt son message d’une dimension eschatologique. De ce fait elle est associée à toutes fins : fin d’un cycle, fin d’un temps. Il n’y a donc pas lieu d’être étonner du sens particulier de son message. L’originalité réside en la manière dont le message fut transmis à travers des erreurs voulues et des images parfois naïves qui ne manquent pas d’être déroutantes pour un chrétien.
Actuellement elle s’élève sur son socle de trois marches. Son piédestal a la forme d’un parallélépipède rectangle reposant sur l’une de ses deux bases carrées. Les 4 faces rectangulaires sont ornées de symboles. Sur la surface carrée supérieure s’élève une colonne cannelée au sommet de laquelle est une petite dalle horizontale de faible épaisseur. Ce carreau rectangulaire aux bords inférieurs chanfreinés sert de support à la croix qui se dresse au sommet et dont la branche horizontale est gravée, sur deux lignes, d’une inscription entourée d’un cartouche. Au sommet de la branche verticale est inscrit un X ou croix de saint André.
Les supputations de Fulcanelli sur la date d’érection de cette croix correspondent à cette période ou vécu Vincent Depaul (1581-1660), à Dax situé à 70 kilomètres de là, et dont la puissante mystique prenait son assise sur des concepts ésotériques non condamnés par l’Église. Le secret de Vincent ne peut être uniquement celui de l’alchimie puisque la connaissance de cet Art en génère d’autres en ouvrant les yeux sur les lois universelles. De ce fait il n’était pas toujours très catholique. Cela explique sa sympathie pour le socinianisme naissant proche par certains points de l’arianisme et du jansénisme dont son ami l’évêque d’Alet Nicolas Pavillon manifestera, par son ascétisme et sa charité, l’appartenance de cœur.