dossier spécial Xavier Guichard à propos de son ouvrage Eleusis Alésia. Étude sur les différents centres de l’Europe qui furent aussi les centres actifs de la Lotharingie, Alaise (Alésia), Strasbourg, Genève, Bruxelles. Introduction à la « Géographie sacrée » …
Brève introduction à la Géographie sacrée :
Dans son énigmatique livre : Le Roi du Monde, René Guénon a fait une brève allusion à la géographie sacrée des Anciens:
« Il y avait en effet, dans l’antiquité, ce qu’on pourrait appeler une géographie sacrée, ou sacerdotale, et la position des cités et des temples n’était pas arbitraire, mais déterminée d’après des lois très précises; on peut pressentir par là les liens qui unissaient l’« art sacerdotal » et l’« art royal » à l’art des constructeurs, ainsi que les raisons pour lesquelles les anciennes corporations étaient en possession d’une véritable tradition initiatique… Naturellement, on devait recourir à des précautions toutes spéciales lorsqu’il s’agissait de fixer l’emplacement d’une cité qui était destinée à devenir, sous un rapport ou sous un autre, la métropole de toute une partie du monde; et les noms des villes aussi bien que ce qu’on rapporte des circonstances de leur fondation, mériteraient d’être examinés soigneusement à ce point de vue. »
Ailleurs (dans le même livre), René Guénon avait écrit ceci qui éclaire le passage ci-dessus:
« Le centre du Lamaïsme ne peut être qu’une image du véritable « Centre du Monde »; mais tous les centres de ce genre présentent, quant aux lieux où ils sont établis, certaines particularités topographiques communes, car ces particularités, bien loin d’être indifférentes, ont une valeur symbolique incontestable et, de plus, doivent être en relation avec les lois suivant lesquelles agissent les influences spirituelles. »
Une étude de la « Géographie sacrée du monde grec », par M. Jean Richer, nous rappelle ainsi que Delphes, centre religieux du monde grec, représentait pour les Hellènes le «Centre du Monde » et, de plus, toute fondation d’une cité nouvelle était précédée d’une consultation de l’oracle de Delphes qui précisait l’emplacement de la future ville, laquelle se trouvait ainsi rattachée symboliquement à Delphes. D’autre part, M. Jean Richer a pu déceler l’existence, dans le monde grec, d’un système complexe d’axes méridiens et parallèles analogue à celui que Xavier Guichard avait découvert autour d’Alaise-Alésia.
Une autre étude, non moins intéressante, avait été publiée en 1936 et 1937 dans la revue Etudes Traditionnelles sous le titre «La Dacie hyperboréenne ». Il s’agissait en fait, d’une enquête sur la géographie du monde roumain. On y retrouve notamment un mont Om, ou «Pôle gétique », substitut du Mont Mérou originel. Voici d’ailleurs, le début du premier chapitre, où l’origine et le sens de la géographie sacrée se trouvent clairement exposés:
« Un des plus intéressants aspects de la manifestation cyclique est constitué par la grande migration hyperboréenne. Elle est une « descente » de l’indistinction polaire primordiale dans les multiples manifestations secondaires du cycle. Pourtant, ce n’est pas du point de vue historique profane que cette manifestation nous intéresse, mais de celui du symbolisme historique, « signature » de réalités incomparablement plus profondes. Le symbolisme de cette migration se rattache en somme à la manifestation de Prakriti: indistinction polaire originelle, rupture de l’équilibre des trois gunas, imposée par la manifestation des possibilités totales du cycle; descente « tamasique » interrompue parfois par des étapes et des projections « rajasiques » à droite et à gauche sur divers plans de la possibilité universelle; symbolisme crucial évident et, disons-le, fatal.
On peut concevoir d’après cela que la migration hyperboréenne n’a rien d’une émigration; qu’on n’y trouve rien d’improvisé, de hasardé, de gratuit, de précipité. Il faut nous arracher à tous les préjugés modernes pour nous bien représenter cette migration sacrée, avec ses sacerdotes-rois, transportant d’étape en étape, sans aucune improvisation et selon une science géographique précise, ses « pénates », ses tabernacles, ses supports spirituels. Nous devons insister sur un point capital, sur lequel se base toute notre étude: ces étapes (qui duraient des millénaires) devaient avoir des « vertus » spéciales, des vertus « analogues » à celles des étapes précédentes et de la Contrée primordiale. C’est là une vérité fondamentale qu’il ne faut jamais perdre de vue. En d’autres termes, les montagnes, les eaux, les lieux géographiques, leurs noms, les centres, les supports spirituels d’une étape avaient des vertus analogues à celles des étapes précédentes. Si, par exemple, il y avait de nouvelles Tula, de nouvelles Iles Blanches, ce n’est pas du tout, faut-il le dire, à la manière des Nouvelle-Orléans et des New York! Mais la géographie sacrée est de toutes les sciences traditionnelles la plus oubliée en Occident. »
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