La Flagellation de l’ALLELUIA
En complément à nos articles précédents :
Fulcanelli décrit ce caisson : »Voici, – quel singulier motif pour une chapelle – un jeune enfant urinant à plein jet dans son sabot. »
Cet ange est une fillette qui, ouvrant sa chemise de nuit jusqu’à la taille, urine debout vers un sabot placé devant elle, se mouillant la jambe droite. Les manches sont retroussées. Un bonnet de nuit couvre la tête. Le sabot a une taille pour adulte, plus grand que les pieds de la fillette. Il est la chaussure paysanne par excellence, en bois évidé. Ce nom désigne aussi un jouet d’enfant, une toupie conique que l’on fouette pour la faire tourner sur sa pointe, ce que montre la planche sept du « Typus Mundi » où deux anges fouettent un globe crucifère retourné sur sa croix, celle-ci faisant office de pointe.
Certainement cette figuration devait-elle évoquer un jeu de mots ou un proverbe. Fulcanelli, dans son oeuvre, évoque le sabot sept fois. Cinq fois le terme revêt un sens alchimique précis, celui de la fève ou du baigneur. La racine grecque du mot évoque le bruit de la toupie, précise-t-il. Lors de la chandeleur, le gateau ou la galette contenait une figurine en faience, baigneur, lune ou sabot. Voici quelques extraits.
Fulcanelli : « … ces coutumes bizarres où transparaît un sens hermétique souvent très pur, qui se renouvelaient chaque année et avaient pour théâtre l’église gothique, comme la Flagellation de l’Alleluia, dans laquelle les enfants de chœur chassaient, à grands coups de fouet, leurs sabots ronflants hors des nefs de la cathédrale de Langres... »
« …Notre galette est signée comme la matière elle-même et contient dans sa pâte le petit enfant populairement dénommé baigneur. C’est l’Enfant-Jésus porté par Offerus, le serviteur ou le voyageur ; c’est l’or dans son bain, le baigneur ; c’est la fève, le sabot, le berceau ou la croix d’honneur... »
« … C’est lui le prototype secret du baigneur populaire de la galette des rois, la fève (cuamoV, paronyme de cuanoV , noir bleuâtre), le sabot (Bembhx ); c’est aussi le cocon (Bombucion) et son ver, dont le nom grec, Bombhx , qui ressemble tant à celui de sabot, a pour racine BomboV , exprimant, précisément, le bruit d’une toupie en rotation.. »
Explication : sachant que Fulcanelli fut l’élève du grand Pasteur et que c’est lui qui l’a initié aux travaux de laboratoire, l’évocation du Bombyx (Bemb-X) est évidemment déchiffrable immédiatement ! le vers à Soie (Bombyx mori) cher à Pasteur qui bâtit sa renommé sur la protection des élevages de sériculture est aussi porteur du message de lumière tant commenté par l’Adepte. Le jet d’urine est évidemment une référence à l’urée synthétisée. La synthèse de l’urée réalisée par Friedrich Wohler en 1828 marqua une étape importante de la chimie moderne et marqua une rupture avec le vitalisme ambiant. L’étude de l’urée fut la base des études sur la fermentation de Louis Pasteur (fermentation de l’urée dite ammoniacale) et fut le point de départ de la chimie organique en démontrant qu’un composé organique est produit à partir d’un composé inorganique. À l’époque, on considèrait comme infranchissable la barrière entre matière vivante et matière inerte, or cette expérience contredit la théorie du vitalisme qui attribue à la matière vivante une « force vitale » nécessaire à la formation des substances organiques.. A l’inverse l’Adepte réintroduisit l’idée d’une force vitale propre au règne minéral !… Comme l’avait dit Lavoisier » Rien ne se perd, tout se transforme ! »
note : Le mot sabot provient, selon les linguistes, de l'ancien français sabot ou Çabot, terme du XIIe siècle. Au delà, il provient de la combinaison de savate et de l'ancien français bot, masculin de botte, c'est-à-dire une chaussure montante. Savate proviendrait de l'arabe sabbat, qui désigne une danse bruyante, tournoyante ou en toupie.