« Pour nous, ce petit monument n’a pas simplement et uniquement pour objet d’indiquer l’heure diurne, mais encore la marche du soleil des sages dans l’ouvrage philosophal. Et cette marche est réglée par l’icosaèdre, qui est ce cristal inconnu, le Sel de Sapience, esprit ou feu incarné, le gnome familier et serviable, ami des bons artistes, lequel assure à l’homme l’accession aux suprêmes connaissances de la Gnose antique. » Fulcanelli
Derrière cette humble demeure philosophale nous avons là une illustration magnifique du scel hermaphrodite ou pierre de multiplication et il n’est pas étonnant que l’Adepte s’y soit attardé aussi longuement.
Holyrood se traduit par sainte croix et désigne donc un endroit sacré, mais son autre signification se rapporte à une unité de mesure de surface équivalente à un quart d’arpent (10 acres). Quand on connait les raisons qui amènent l’Adepte à Édimbourg ceci ne manque pas de piment !
Alors que je n’avais que 16 ans plus soucieux d’une jeunesse turbulente il me fut donné la joie et l’honneur de recevoir mon legs par l’intermédiaire du Frère Cyril, prince polonais de son état mais retiré du monde en ce monastère de Maria Laach près de Koblenz, charge à moi de le transmettre le moment voulu. Ce frère était lui même un chainon d’une longue chaine de Maitres supérieurs ayant ses racines à Pétrograd et au Tibet. Il avait le don des langues. Cette transmission s’est effectuée selon les règles imprescriptibles de la voie adeptale. Pendant longtemps je n’ai su que faire de ce précieux legs mais en 1999 il me paru normal d’organiser un hommage à la figure du disciple fidèle et humble serviteur de l’Art : Eugène Canseliet, ce qui fut fait en 1999 me donnant l’occasion de préparer l’opinion curieuse à la vérité d’un homme dont la mémoire avait été un temps occulté pour d’évidentes raisons devenues à ce jour obsolètes. Il en fut fait ainsi.
Mais devant la recrudescence des billevesées, absurdité et autres fadaises colportées ici et là sur le Maître je suis amené à intervenir de nouveau sur ce sujet, interrompant un temps mon travail sur le troisième opus en préparation.
Cadran solaire en anglais se dit sundial en anglais et en grec gnomon : la science qui s’y attache, à savoir la détermination des heures et marées selon la longitude et latitude du lieu s’appelle aussi horlogiographie. Il s’agissait d’une haute science à la croisée de l’astronomie, des mathématiques et des arcanes. L’icosaèdre en question est souvent associé à la Pyrite, sulfure de fer utilisé dans les opérations alchimiques. Le chapitre traitant de ce cadran faisait partie du Finis Gloriae Mundi à n’en pas douter mais revenons à notre sujet et apprenons simplement à lire :
« Dans la décoration spéciale de l’icosaèdre emblématique, le visiteur assez influent pour pouvoir l’approcher, — car sans motif pertinent il n’en obtiendra jamais l’autorisation, — remarquera, outre les chardons hiéroglyphiques de l’Ordre, les monogrammes respectifs de Charles Ie, décapité en 1649, et de sa femme, Marie-Henriette de France. »
On l’aura compris au vue de l’insistance qu’approcher ce monument ne fut pas chose aisée, il est installé dans le parc d’une demeure royale, celle des Windsor. La Reine Victoria est sur le trône depuis déjà fort longtemps et elle a à l’époque un peu plus de 70 ans, le Palais d’Holyrood est le palais privé de la couronne et on n’y rentre pas comme çà ! L’Adepte est assez fier de l’avoir ainsi approché de visu grâce à ses royales relations; on imagine assez mal la présence d’un énergumène comme Julien Champagne en ces lieux et ce que j’ai pu lire à ce sujet tient des habituelles divagations où l’on peut se permettre d’écrire n’importe quoi, la question est donc : que faisait l’Adepte à Édimbourg ?
Pour notre part nous le savons depuis longtemps et pouvons déjà préciser la date puisqu’il y était en 1892 dans le cadre d’une ambassade de scientifiques qu’il conduisait en vue de mettre en place le système des étalons de physique appelé C.G.S.. (unités électro-magnétiques : Ohm, Volt, Weber). Il fut reçu à cette occasion par Lord Kelvin qu’il connaissait déjà pour l’avoir rencontré à Paris en tant que Président de la commission des poids et mesures. (voir le premier tome, En Héliopolis, Portrait d’un alchimiste). Fulcanelli défendait le système français qu’il avait en charge et les enjeux étaient d’importance. Nul doute que ce Sundial a du l’émerveiller et c’est peut être à sa demande expresse que le parc royal lui fut ouvert. Nous avons ainsi pu retrouver dans les archives du Maître cette photo rare prise à Dijon, les cadrans solaires étaient en effet un sujet de prédilection de ses sorties dominicales.
et je laisse à tous ces fats niaiseux en mal de succès à bas prix la responsabilité de leurs élucubrations, le reste sera développé dans le troisième opus à paraitre.
Horlogiographie
« Traité d’horlogiographie contenant plusieurs manières de construire toutes sortes de lignes horaires et autres cercles de la sphère » de Dom Pierre de Sainte-Marie-Magdeleine édité en 1641. Cet ouvrage connaît un grand succès au cours de la seconde moitié du XVIIème siècle. Il est réédité à maintes reprises. Les vues présentées sont extraites de la réédition 1674.
Monument somptueux par ses décors le Sundial d’Holyrood Palace fut érigé en 1633, Fulcanelli lui donne comme sens ultime et intime celui du VITROLVM des Sages à mettre en rapport avec Séthon l’écossais surnommé aussi le Cosmopolite …
Chalybs ou l’Acier et l’Aimant des sages, formant un seul et même arcane, celui du Feu :
SECTION V – extrait du Cosmopolite
« Est-ce la raison pour laquelle vous ai-je parle, déjà sans trop d’obscurité, en mon traité ou chapitre neuvième, d’une eau et mère métalliques, dans laquelle tous les métaux s’évanouissent (consume), sinon l’humide radical du Soleil et de la Lune; et elle est la semence légitime, puisqu’il l’améliore, ainsi que je l’ai dit, et que j’ai nommé Acier ; donc, mon fils, s’il est celui par qui les prodiges se font et se défont, après qu’il ait été ensemencé ou honoré par son semblable, ou la semence, ou le sperme de l’or, il ne saurait pas être autre chose que notre Humide radical, u Hermaphrodite, ou notre Mercure philosophique, ou Eau et Feu ; lequel ainsi conçoit et met au monde un fils ou Phénix splendide, plus puissant que ne l’est son propre père ; suivant la fermentation et la purgation, en son eau mère, de sa propre semence, et la multiplication en qualité comme en quantité mille fois mieux, en moins l’une heure, le moindre fruit solaire; que ne saurait jamais le faire la nature, en ses mines caverneuses, en un temps aussi accourci. Or, je n’ai pas hésité à vous le signaler aussi, sous le voile des deux mines d’Or et d’Acier, en ma Parabole, ou énigme philosophique, en la suite de mes Douze traités; d personne avant moi n’avait voulu le faire comme je rai fait, par crainte que L’Art s’avilisse, mais ce qui ne se peut pas advenir, d’autant plus que je parle avec pur esprit de charité, et sans une seule intention occulte, et si naïvement, que je doute que je fusse compris; or, dis-je, il est un autre Acier (crude steel), ou Aimant, inconnu de tous les alchimistes, qui est le fondement vrai de notre Art ou sa clef majeure,et y ai-je insisté en la section première de ce dernier écrit testamentaire, et je vous y renvoie; précisant que celui-ci est tout à fait naturel, qu’il a déjà en soi l’extrait, ou le suc, ou la décoction, ou la quintessence des rayons du soleil, ou toutes les vertus indispensables pour parvenir au but désiré : sachant qu’il possède en ses entrailles le seul et véridique Aimant ou Sel alcali, ou Salpêtre des philosophes, qui soit en mesure d’attirer directement des Cieux, l’Acier céleste d’où il procède, ou l’Eau qui est au ventre d’Ariès, et de le convertir, pour s’en nourrir (to convert into steel) avec avidité, en sa propre substance, magnétique ou aimante; et qu’il peut être trouvé et pris, ou arraché vif, avec sa robe ou son soufre, pour peu qu’il fût connu de rares philosophes, en la simple nature ; puisqu’elle l’a déjà produit. Et par ainsi, je vous révèle naïvement la nature vitriolique de la roche qui est cachée en mon île, ainsi que celle de mes deux secrètes mines.
Et est-ce la raison pour laquelle l’ai-je nommé Acier, afin que vous réfléchissiez un peu, et pour vous induire en la seule vérité, par la voie de la similitude; c’est-à-dire en usant, ici, des vertus reconnues du Mars ou fer terrestre, pour discourir amplement du sujet occulté ou de notre Eau; puisque, ainsi que je vous l’ai déjà dit, il existe, entre les choses du Ciel et de la Terre, lorsqu’elles sont de même nature ou sang, une attraction magnétique, forte et puissante en portée; se répondent-elles mutuellement, donc du Ciel en la Terre et de la Terre en le Ciel, et sans que l’on ne connaisse jamais le début ni la fin de leurs amours. Et c’est d’une quintessence, dont vous avez vraiment besoin, qui n’est plus sujette aux déments, puisqu’étant générée d’eux; mais qui les surpasse tous et les met à ses ordres, ainsi que s’exécute la nature obéissante selon la volonté du sperme; n’étant plus à leur merci, elle est cet air, ou vapeur, ou semence, ou mine d’Or, qui ne saurait jamais être dissous, pur qu’il est, mais simplement congelé ou traduit (transformed to) en eau ou sperme spécifique ou métallique; afin qu’il puisse transmettre la puissance végétative qui demeure en ses reins, en une matrice convenable, et produire de leur union, un enfant semblable, mais de plus grande perfection. Mais comme la nature ne saurait jamais rien opérer d’efficace, sur ce qui demeurerait fixe, à moins qu’on l’aidât à libérer les esprits qui y seraient enclos; ainsi, faut-il nécessairement, mon fils, que le corps mâle ou de l’or périsse, que tous ses pores soient complètement ouverts et en accès libre, à toute action régénératrice de la nature; afin qu’elle poussât à l’extérieur sa propre semence et sperme, ou mine. d’Acier, ou l’âme rendue libre et volatile, ou le soufre, ou le Feu, et aussi parfaitement perméable, cuite et digeste que l’est celle de la femelle; Et qu’elle fût introduite habilement, comme il a été dit, dans l’eau ou la Lune convenable qui, seule, a le pouvoir de l’embrasser et fermenter, la faire sienne ; laquelle ai-je dit s’appeler l’eau qui ne mouille pas les mains, et non vulgaire, afin de mieux faire entendre son origine toute céleste. Et sache que l’un ne saurait être moins cuit et moins digeste, que ne le serait parfaitement l’autre, sans qu’il ne menât ton Œuvre à la ruine. Et passant outre, tu accouplerais bien inutilement à la femelle, le mâle, Et attendrais-tu en vain de leur impossible commixion, trop contrariée par quelque impureté, un quelconque fruit. Sache, également, que le coït métallique ne saurait vraiment se voir, autrement qu’avec les yeux de la philosophie; et que le signe d’une obscurité totale en ton vaisseau, qui voile et éclipse tout, naturellement et rapidement, pourrait utilement te renseigner; et considère que cinquante jours de ténèbres, parfois appelées philosophiques, ou la tête de corbeau, ou le crapaud, dont nous entretint par forte analogie, mon lointain compatriote Scot, lui sont, en général, nécessaires; et non plus ces ébats, dis-je, ne pourrait-il s’expliquer, outre ce que nous pouvons en imaginer doctement, et qui a été amplement discouru par beaucoup d’auteurs; quittons donc cette sphère où gît, en son centre, le mystère de la génération métallique, qui ne saurait jamais être révélé au grand jour. »
Structure cristalline de la pierre des sages non fermentée
La Pierre philosophale non fermentée est un cristal
Que les réseaux soient à l’origine de la matière nul n’en doute, ainsi :
– les Champs vibratoires cristallins et leurs Résonances quantiques (énergies spontanées, ubiquistes, etc.), microcosmiques (structure des ARN et ADN, gènes et chromosomes, etc.) et macroscopiques (échelles de l’homme, de la planète, du système solaire, etc.) ;
– les Champs notionnels (conception/ codification, etc.) ou les Mathématiques des schémas énergétiques, précurseurs d’un « Temps Zéro ;
– les Champs informationnels ou les Mathématiques «du Continuum et de l’énergie » quantifiés au Temps dit Zéro, les Coefficients prédictifs de l’impulsion initiale (Big-Bang) ou de la Création seconde, de l’émergence de la « Matière universelle », etc.
L’icosaèdre du Sundial figure au nombre des 5 « Corps platoniciens », à savoir :
- – tétraèdre régulier ou pyramide à base trigonale (4 faces),
- – pentaèdre ou pyramide à base carrée (5 faces),
- – hexaèdre régulier ou bipyramide à base trigonale (6 faces),
- – heptaèdre (7 faces),
- – octaèdre régulier ou bipyramide à base carrée (8 faces),
- – octaèdre coiffé ou bipyramide pentagonale, dodécaèdre, etc.
Concernant ces Corps, un petit rappel ne sera pas inutile. Hormis la sphère (1 surface) et le cône à pointe (2 surfaces), le tétraèdre (3 surfaces) est le premier des cinq Corps dits platoniciens. Trois sont des Corps réguliers isométriques considérés comme primaires. Ils diffèrent entre eux par le plan de leurs faces qui n’ont d’autre origine qu’elles-mêmes :
- Tétraèdre ou pyramide (triangle), symbole du FEU ;
- Hexaèdre ou cube (carré), symbole de la TERRE – il est pour nous aussi bien le point de départ de l’OEUVRE PHYSIQUE que celui de son TERME ;
- Dodécaèdre (12 faces pentagonales) : symbole de la QUINTESSENCE ;
Les deux autres Corps comme secondaires et possédant le même plan triangulaire (celui du tétraèdre) sont engendrés par lui :
- Octaèdre, symbole de l’AIR, polyèdre que d’aucuns considérèrent comme la structure cristalline de la PIERRE de Sages ;
- Icosaèdre (20 faces trigonales) : symbole de l’EAU, polyèdre qui eut jadis un usage fonctionnel en tant que cadran solaire ou sundial et dans lequel les mêmes géométres y virent la structure minérale, soit cristalline, du VITRIOL Philosophique ou les étapes hermétiques de sa préparation.
Sous un angle plus moderne, un cristal pur, quel qu’il soit, est bien entendu constitué d’un réseau d’atomes, parfaitement identiques les uns les autres, associés avec régularité, composés de nucléides (protons et neutrons) soudés par la force nucléaire forte, tous formés d’un noyau, émetteur de corpuscules et d’ondes photoniques, électroniques ou radiatives tous reliés entre eux par une semblable structure électronique ou configuration d’électrons activée par l’interaction électromagnétique ou la force nucléaire faible, laquelle conditionne leur pouvoir de coordinence ou d’interrelation, en l’occurrence les énergies de valence, de charge, d’interférence, etc. Et cet ensemble atomique ou nucléaire induit fatalement un ensemble de faisceaux d’énergies plus complexes les unes que les autres, en perpétuelle activité ou « transmutation » aux échelles quantique et relativiste, et qui prend le nom de « champ » cristallin. Avec ces quelques explications, il sera ainsi pris en compte que la structure en question à l’échelle minérale et qui est le centre de la préoccupation des alchimistes est bien la PIERRE Universelle non fermentée.
Fulcanelli avait produit son premier travail sur l’équivalent mécanique de la chaleur (voir mon premier ouvrage) où il discutait de la loi de Joule et du second principe de Carnot (deuxième loi de la Thermodynamique). Nul doute que cette loi amenait à conclure au « Finis Gloriae Mundi » rendu inéluctable car derrière cette loi des échanges thermiques se cache aussi l’irréversibilité des phénomènes physiques sauf à admettre que cette loi d’airain puisse être remise en question par les opérations du Grand Œuvre, c’était en grande partie le ressort de sa quête en tant que l’un des plus grands physiciens de son temps. Nul doute que les échanges avec Lord Kelvin ont du être mouvementés et nous en délivrerons les principaux aspects dans notre troisième opus. Et pour conclure provisoirement sur l’affaire qui n’en est pas une (sic !) du Sundial, précisons encore que sur le faire part du décès (en notre possession) figure outre ses titres en France (Institut, Légion d’honneur etc..) la distinction « Membre de la Royal Institution » autrement dit le Royal Collège ! On peut également supposer et seules de nouvelles recherches le permettront qu’à l’occasion de son passage en Écosse et des ses liens étroits avec les membres illustres de la Royale Académie il fut vraisemblablement introduit au seine de l’Ordre du Chardon également. Introduit ou reçu et non initié car en ce qui le concerne le terme parait superfétatoire…
Au soir de sa vie, le Maître rédigeant son œuvre qu’il n’aura même pas le loisir de voir publier de son vivant !